Louis Couturat an Hugo Schuchardt (58-02016)

von Louis Couturat

an Hugo Schuchardt

Paris

27. 11. 1907

language Französisch

Schlagwörter: Internationale Verständigungssprachelanguage Esperantolanguage Ido Baudouin de Courtenay, Jan Jespersen, Otto Brugmann, Karl Friedrich Christian Bréal, Michel Paris Couturat, Louis/Leau, Léopold (1903) Meillet, Antoine (1918)

Zitiervorschlag: Louis Couturat an Hugo Schuchardt (58-02016). Paris, 27. 11. 1907. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2018). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.7057, abgerufen am 29. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.7057.


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Paris, le 27 septembre 1907.

Monsieur et honoré Collègue,

Vous avez dû recevoir notre Rapport au Comité,1 qui vous mettra au courant du côté pratique de la question de la L. I., c’est à dire des opinions et des vœux, des goûts et des besoins manifestés au sujet. Bien entendu, il est confidentiel, car c’est à cette condition que nous avons pu dire tout ce que nous savons et tout ce que nous pensons. – Nous espérons toujours que votre santé vous permettra d’assister aux réunions du Comité, qui doivent commencer le 15 octobre à Paris: ce n’est pas seulement notre vœu, mais celui de tous les autres membres du Comité, notamment  de MM Baudouin de Courtenay et Jespersen, qui sont mieux que personne à même d’apprécier votre concours. Si vous ne pouviez pas venir à Paris, nous vous prierions de vous faire remplacer par quelqu’un qui pût représenter et exprimer vos opinions: ce remplaçant n’a pas besoin d’avoir des titres ou de la notoriété, il suffit qu’il soit présenté par vous et qu’il possède votre confiance, que ce soit un de vos collègues ou un |2| de vos élèves ou disciples, de n’importe quelle nationalité.

Dans tous les cas, nous serions heureux d’avoir, au moins par écrit, votre opinion sur notre Rapport, et notamment sur ses conclusions, qui représentent la moyenne des opinions émises de divers côtés par des personnes de compétences inégales, mais inférieures à la vôtre. Les Prof. Brugmann et Leskien, et plus récemment le Prof. Wiener,2 ont émis sur l’Esperanto des opinions sévères, mais dont il est difficile de tenir compte, tant à cause de leur connaissance très superficielle de la langue qu’à cause de leur mauvaise volonté visible et de leur parti-pris manifeste à l’égard de la L. I. en général. Il est évident que l’opinion d’un linguiste comme vous qui tout au contraire a toujours témoigné son approbation et sa sympathie à l’idée de la L. I., aurait une toute autre valeur, tant aux yeux des Espérantistes qu’aux yeux du public impartial.

Mon Étude sur la dérivation en Esperanto,3 que je vous ai envoyé en août, a reçu l’approbation presque unanime des Espérantistes les plus compétents et les plus influents; beaucoup d’entre eux |3| (y compris des auteurs de manuels et de dictionnaires) expriment le vœu de voir adopter mes propositions, et de les appliquer dans les futurs manuels et vocabulaires. Or cela implique que l’on renonce au Fundamento4 intangible, et cela a une grande importance pratique: car cela signifie que les Espérantistes sont disposés à accepter que l’on corrige et perfectionne leur langue (c’est ce que je voulais démontrer, et le résultat pratique que je voulais obtenir). Le moment est donc favorable pour discuter l’Esperanto et le réformer. J’ajoute qu’on va proposer à notre Comité un projet d’Esperanto réformé qui semble satisfaire aux principaux desiderata théoriques et pratiques. Vous voyez par là combien la tâche du Comité est intéressante et utile. Les circonstances sont telles, que sa décision aura toutes chances de s’imposer, non seulement au public „profane“, mais à l’immense majorité des Espérantistes, dont le zèle et l’enthousiasme sont des facteurs nullement négligeables.

Au cas où vous ne trouveriez pas parmi vos collègues ou amis un représentant de votre choix, je me permettrais de vous faire part d’une idée que |4| M. Jespersen vient de me suggérer. Il me dit qu’il serait désirable (c’est bien aussi notre avis!) d’avoir dans notre Comité un linguiste français, M. Bréal,5 ou M. Meillet.6 J’ai déjà sondé celui-ci, il a décliné parce qu’il est très occupé, mais il nous a indiqué son opinion dans la lettre que cite notre Rapport (p. 71).7 Quant à M. Bréal, vous savez qu’il s´était fâcheusement compromis envers l’idée de la duplice linguistique anglo-française,8 et dès lors nous ne pouvions guère penser à lui. Mais nous savons que, depuis le Congrès espérantiste de Cambridge, il a exprimé à un chef espérantiste une opinion très favorable au principe d’une L. I. artificielle, et par suite il y aurait peut-être lieu de nous assurer son concours, et l’appui de son autorité aux yeux du public français. Si par hasard il vous convenait de choisir pour remplaçant, soit M. Bréal, soit M. Meillet, nous nous chargerions de lui (1 Logiquement, il faut „lui“, puisqu’il ne s’agit que d’une personne [l’une ou l’autre]) demander de votre part de se charger de ce soin, et il est probable qu’il accepterait. Mais, bien entendu, cela dépend entièrement de vous, et nous n’avons rien dit ni à l’un ni à l’autre de cette idée „en l’air“, que nous vous soumettons.

– Veuillez agréer, Monsieur et honoré Collègue, avec nos vœux pour votre santé, l’expression de notre respectueux dévouement.
Louis Couturat


1 Vgl. HSA Brief 02040.

2 Leo Wiener (1862-1939), US-amerik. Linguist und Historiker, der aus Russland stammte; vgl. Universalsprachen und Esperanto: zwei vergessene Beiträge zur Interlinguistik / Leo Wiener. Hrsg., kommentiert und mit bibliogr. Angaben vers. von Reinhard Haupenthal, Bad Bellingen: Ed. Iltis, 2015 .

3 Couturat, Étude sur la dérivation en Esperanto, Coulommiers: Brodard, 1907. Vgl. auch Peter G. Forster, The Esperanto Movement, The Hague: Mouton, 1982, 114f.

4 Zamenhof, Fundamento de esperanto: gramatiko, ekzercaro, universala vortaro, versch. Ausgaben.

5 Vgl. Brief 01961. In Couturat / Leau, Histoire de la langue universelle, wird er auf S. XXX, 508, 539 u. 566 positiv erwähnt.

6 Antoine Meillet (1866-1936), bedeutender franz. Sprachwissenschaftler, vgl. HSA 06598-06915.

7 Nicht identifiziert; keiner der vorliegenden Rapports hat diesen Seitenumfang. Vgl. jedoch Meillet, Les langues dans l’Europe nouvelle, Paris: Payot, 1918, Kap. XXV „Les essais de langues artificielles“, 318f.; am Ende S. 336 Erwähnung von Couturat und Leau in der Abschlussbibliographie. Meillet hält eine internationale Sprache für möglich und sinnvoll und äußert sich positiv über Esperanto und Ido.

8 Bréal, Essai de sémantique. (Science des significations), Paris: Hachette, 1897 u.ö.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 02016)