Le Philosophe nouvelliste: Article XXXI.
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Article XXXI.
Du Jeudi 8. au Samedi, 10. Sept. 1709
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Du Caffé de Guillaume. 9.Sept.
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Dialog
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Fremdportrait
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Fremdportrait
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Fremdportrait
De mon Cabinet 9. Septembre.
Un jeune inconnu m’a consulté, par lettre, sur l’Embarras assez singulier dans lequel il se trouve. Elevé a vendre des Soyeries & se croyant destiné à ce Négoce, il a eu le malheur d’avoir une succession de mille Livres Sterlin de rente, qui par la mort d’un Oncle, vient de lui écheoir, precisément à la fin de son Apprentissage. Sa peine est de n’avoir pas eu la moindre teinture de l’éducation qui conviendrait à sa nouvelle Fortune. Il avoit si bien attrapé toutes les manieres de la Boutique, qu’il apprehende, avec assez de raison, de n’attrapper jamais celles d’un Homme de quelque façon, & là-dessus il me prie de lui dire ce qu’il doit faire pour prendre les airs d’un honnête Homme, & pour le devenir. Cette partie de sa Lettre merite d’être luë.Ebene 3
Brief/Leserbrief
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Brief/Leserbrief
1Quelques Articles précedens animerent fort les Toris Episcopaux contre l’Auteur, & les porterent à l’accuser d’être Ennemi de l’Eglise Anglicane, & ami des Non-Conformistes. Il se justifie ici en exposant ce qu’il pense & de cette Eglise, & des Separatistes. La verité est que Mr. Steel à toujours été Membre de la Communion Anglicane, & même Membre zélé, mais sans emportement, & avec connoissance.
2Ce Doyen c’est le Dr. Atterbury, qui jouissoit alors du Doyenné de Rochester, & que la Reine Anne, éleva dans la suite au Siége de ce Diocése. Il fut banni sous George I. & mourut à Paris en 1733. Ce Theologie étant des plus zélés pour ce qu’on appelle la Haute Eglise, Mr. Steel affecta de faire ici son Eloge pour servir de preuve à l’impartialité de ses jugemens, & c’est ce qu’il fit remarquer lui-même dans la Préface de son quatriéme Volume. On a de ce Predicateur des Sermons imprimés dont on fait estime.
3Il veut parler d’un Ministre Presbyterien qui faisoit ses Assemblées dans une petite Allée qui n’est pas loin du Commun jardin, & qui y avoit d’ordinaire beaucoup de monde. Ce Ministre s’appelloit Daniel Burgess & étoit fils d’un autre Daniel Burgess, aussi Ministre Prèsbyterien qui l’an 1662. perdit un Benefice de 350. Livres Sterlin de rente pour n’avoir pas voulu se ranger à l’Eglise Episcopale, & à la Liturgie. Mr. Calamy, dans la Continuation de sa Relation &c. Tom. II. reconnoit que le Fils, dont il s’agit ici, étoit un bon Homme qui eut beaucoup d’Ennemis, & qui avoit quelques manières qui lui étoient tout à fait particulieres. Je me souviens d’avoir ouï faire plusieurs contes fort plaisans de ce qui lui échappoit quelquefois dans les Sermons.
4La plupart des Ministres Presbyteriens étant proprietaires des Batimens où se sont leurs Exercices, ils n’ont de gages que le produit des Places que les particuliers y occupent à tant par an ; de sorte qu’ils ne peuvent compter que sur la bonne volonté des Contribuans.
5Les Revenus des Ecclesiastiques Anglicans se forment des Dimes, grandes ou petites, de même que de certains droits pour les Offrandes de Pâques, pour les Mariages, les Batemes, les Enterremens, & autres choses que les Loix de l’Etat ont conservées, ou reglées ; mais sur lesquelles il ne laisse pas d’y avoir mille moyens de Chicane. Un Curé Anglican qui n’est pas aimé de ses Paroissiens est exposé, par cet endroit, a bien des chagrins. Aussi quand il y est aimé on ne compte pas avec lui à la rigueur des Loix & la bien veuillance va beaucoup plus loin que les pretentions juridiques.
6Il s’appelloit Trapp si je ne me trompe, & n’étoit pas un des Anglicans, les moins emportés
7En quelques Villes, & en quelques Bourgs, il n’y a pas assez d’Eglises Nationales, ou celles qu’il y a ne sont pas assez spacieuses pour contenter tous les Paroissiens. Il y en a même qui sont trop éloignées d’une partie du Troupeau. Ces raisons ne contribuent pas médiocrement à entretenir le Parti Presbyterien dont le Ministere devient en quelque façon necessaire a un Peuple qui n’en a point d’autre.
8C’est un Parc, a peu près comme celui de St. James, entre ce dernier & Kinsington.
9C’est un grand Carrefour, non loin du Palais de Whitehall. Il y avoit autrefois une Croix, à la place de laquelle est á present la Sainte Equestre de Jaques II.
10C’est-à-dire, Solliciteurs d’Heritages. L’Auteur veut parler ici des Usuriers qui prêtent aux Mineurs à un intêret si exorbitant, & à des Conditions si onereuses, que presque tout le bien de ces jeunes gens devenus Majeurs s’y en va. Cet Ordre des Chevaliers d’Industrie n’est ni le moins dangereux, ni le moins criminel. Voy. l’Avare de Moliere. Act. II. Sc. I.