Citation: Laurent Angliviel de la Beaumelle (Ed.): "Avis de l’éditeur.", in: La Spectatrice danoise, Vol.2\012 (1750), pp. 82-84, edited in: Ertler, Klaus-Dieter / Hobisch, Elisabeth (Ed.): The "Spectators" in the international context. Digital Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.4438 [last accessed: ].


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Avis de l’editeur

Level 2► Metatextuality► Il m’est revenu, que, dans les Gazettes Françoise & Hollandoise d’Amsterdam, on a inséré un article, au sujet de ces Essais, portant en substance, « que Mr. l’Envoié de Russie aiant fait des plaintes contre une de mes Feuïlles, la Cour en avoit ordonné la suppression. »

On me l’a dit ; & je n’ai pas daigné m’en éclaircir : à peine puis je me résoudre à dire simplement, que cette nouvelle (qui, dans le fonds, feroit à cet ouvrage moins de deshonneur, que le gazetier ne voudroit qu’elle lui en fit,) est absolument fausse dans toutes ses parties. La Cour & la Ville le sçavent trop bien, pour qu’il soit nécessaire de l’éxaminer à la Chandelle de la vérité. Il est des tems, où il faut avoir pitié des gens.

Animée & découragée tour à tour par les fausses interprétations des malins, peu s’en est fallu que notre Société ne se soit rompuë. Mais un homme, qui nous est tout le Public, nous [83] a si fort exhortés à continuer, que nous nous sommes déterminés à mépriser ceux qui nous prètent leur malice.

Le zéle patriotique nous a dit, qu’il étoit beau de continuer un ouvrage, où il n’y avoit que des désagrémens à gagner ; ce zéle a parlé ; & ces géans si redoutables n’ont été pour nous que des moucherons, que nous n’avons plus apperçu.

Nous ne prétendons pas nous donner pour des gens utiles à l’État : mais nous n’imaginions pas, qu’on osât nous savoir mauvais gré de sacrifier notre repos, notre tems, notre sommeil au soin désintéressé de nous rendre utiles. Nous ne parviendrons jamais au point où nous visons ; & le moien ! nul encouragement ; mais du moins nous aurons tenté ; les succès dépendent des circonstances, les efforts ne dépendent que de nous mèmes.

En mon particulier, je suis trop attaché au Dannemarc, pour n’avoir pas vu avec regret, que l’Etranger eut pu dire : Voiés, on y est si ombrageux, qu’un ouvrage François aussi innocent que celui là n’a pu s’y soutenir.

On nous a assuré, que quelqu’un s’étoit donné la peine de composer, en Danois ou en Allemand, un livre très épais contre nos Feüilles. Il est bien disgracieux pour cet auteur, que sa critique n’ait pu etre approuvée ; nous voudrions de tout notre coeur pouvoir lui sauver ce désagrément ; & nous prions Mr. le Censeur de lui en permettre l’impression. Peut etre ce combat littéraire intéresseroit il les Spectateurs. Nous serions d’autant plus aises que ce livre vit le jour, que nous sentons qu’on ne sçauroit guére nous critiquer sans nous instruire. Nous souhaiterions passionément, que ceux de nos Lecteurs, qui nous trouvent en défaut, daignassent nous redresser, afin que si nous n’avons pas le plaisir d’être flattés des eloges du Public, nous aions le bonheur d’ètre éclairés de ses conseils. ◀Metatextuality ◀Level 2

[84] Ces Feuilles paroitront désormais réguliérement deux & peut ètre trois fois par semaine. Cela dépend de l’Imprimeur.

Ceux, qui voudront completter le premier Tome, retrouveront les Feüilles égarées chés l’un de nous, dans la Osterstras, au coin de la Ingerstras, vis à vis Mr. Jacobi. C’est là qu’on pourra adresser tous les paquets qu’on souhaitera nous envoïer. ◀Level 1