Le Spectateur françois ou le Nouveau Socrate moderne: Discours XV.
Permalink: https://gams.uni-graz.at/o:mws.6912
Nivel 1
No. 15.
Discours XV.
Discours XV.
Nivel 2
Suite des divisions de la Chambre
nationale. Les prêtres étoient toujours séparés du tiers-état,
et les nobles ne vouloient pas s’y réunir ; ce qui produisit de
part et d’autre des haines et des inimitiés qui devoient avoir
un terrible effet. On a remarqué de tout tems que le
ressentiment des hommes en communauté est plus vif que celui des
particuliers, soit qu’ils se regardent comme les vengeurs de la
nation, dont ils sont les représentans, ou qu’ils aient plus de
vanité lorsqu’ils sont ensemble. Quoiqu’il en soit, malheur à
tout ordre qui survit à un parti qui devient le
dominant ; il reste écrasé sous le poids de sa vengeance. Si le
premier ordre avoit quitté sa morgue et sa suffisance ; si le
second s’étoit défait de sa hauteur et de sa fierté ; si l’un et
l’autre avoient vu la fortune de la France avant leurs dignités,
leurs rangs et leurs grandeurs : en un mot, s’ils avoient été
citoyens, dès la premiere séance, ils se fussent dit
réciproquement, nous sommes tous François, nous sommes tous
freres : unissons nos cœurs et nos voix pour le bonheur de la
patrie. Il n’est pas question de ce que nous avons été, il
s’agit de ce que nous sommes et de ce que notre devoir nous
oblige d’être. Souvenons-nous que le sort de l’empire est dans
nos mains, et que nous devons en rendre compte à la postérité.
Au lieu de cela, il ne fut question que de formalités, de
commissaires, de négociations, pour savoir si l’on devoit faire
ce que l’honneur et la liberté exigeoit qu’on fit : ainsi, si
les vicissitudes attachées aux grands changemens causent une
révolution dans tous les ordres de l’état ; si la crise présente
dégénere, avec le tems, en une anarchie générale ; si les
meurtres et les assassinats augmentent dans la proportion de la
fureur qui se trouve maintenant dans les esprits ; si dans ces
tems d’anarchie où la France se trouve, la main-d’œuvre
dégénere, l’industrie s’éteint, les manufactures périssent ;
s’il arrive que la guerre civile désole les campagnes, fasse
périr ses habitans ; si les puissances étrangeres choisissent
ces tems de troubles et de confusion, en faisant
une invasion en France, prennent des villes, égorgent les
citoyens, c’est au clergé et à la noblesse qu’on reprochera
éternellement d’avoir causé la ruine de la plus belle monarchie
du monde. La fierté et la hauteur des deux premiers ordres
irrita l’audace et l’arrogance du troisieme. L’esprit humain est
la contradiction même : ce qui devroit engager les hommes au
bien, est souvent ce qui les porte au mal. Il est certain que
dès lors, le tiers-état se saisit des rênes de l’empire, et
qu’il employa à cet effet ces traits brillans de l’esprit qui en
ont de tout tems imposé aux hommes. A peine les Députés du
tiers-état furent assis sur les bancs du nouveau Wesminster
<sic> François, qu’ils y étalerent de ces discours
harmonieux, plus propres à séduire l’imagination qu’à convaincre
l’esprit. C’est une remarque perpétuelle des anciens, que plus
on emploie l’art oratoire dans une assemblée nationale, plus
elle est corrompue, ou est prête à se corrompre. La vérité n’a
pas besoin d’ornement, lorsqu’on la pare des grands mots, et
qu’on se sert de belles phrases ; elle dégénere toujours en
mensonge. L’aréopage n’entendoit les orateurs que de nuit, afin
d’empêcher que leurs gestes et leurs expressions ne pussent
séduire ceux qui la composoient. L’éloquence, dit le prince des
orateurs, consiste bien moins dans les régles certaines, que
dans l’opinion. En général, les hommes sont plus frappés des
sons que des maximes. Platon est le premier qui
ait observé qu’un auditoire s’affecte davantage des mots que des
choses. Démosthene ayant été consulté sur le premier talent de
l’art oratoire, répondit que c’étoit la prononciation. Or, quel
avantage peut-on tirer d’une science qui ne tient qu’au bout des
levres.
J’ai insisté sur cet art
imposteur, parce que, de tout tems, il a causé tous les malheurs
du monde. Il est d’autant plus dangereux dans nos tems modernes,
qu’il suffit qu’un scélérat, noyé dans les crimes, ait la langue
bien pendue, les dents belles, les sons de la voix harmonieux,
pour en imposer à toute une assemblée, et bientôt à toute une
nation. De-là vient qu’un orateur aujourd’hui peut être à la
fois couvert de gloire et d’infamie. Pour en imposer davantage,
il choisit un beau texte, pour l’orner ensuite de belles
phrases.
Il faut que je
m’arrête encore ici un instant sur cette expression ; car c’est
le grand cheval de bataille sur lequel montent tous les
orateurs, qui veulent se distinguer dans une assemblée
nationale, et qui se croient de grands hommes, parce qu’ils
prononcent de grands mots. Il seroit à souhaiter que quelque
philosophe moderne fît l’analyse de cette classe d’hommes, qu’on
appelle peuple ; c’est-à-dire, remonter à son origine depuis
l’établissement des sociétés politiques ; savoir ce qu’il a été,
ce qu’il fut, et ce qu’il est. On verroit peut-être par-là,
qu’on fait souvent l’éloge d’une ombre qui n’a point de corps,
On dit le peuple grec, le peuple romain, mais on ne dit pas le
peuple françois : cette classe d’hommes chez ces nations tenoit
à la constitution fondamentale. Le peuple qu’on appelloit
populus, avoit part à la puissance suprême ; il faisoit la
guerre, il traitoit de la paix ; il abrogeoit les anciennes
loix, en créoit de nouvelles, et, de concert avec le sénat,
dirigeoit l’empire. Après la destruction des républiques, tout
changea dans le gouvernement monarchique. Le roi fut tout, et le
peuple ne fut rien. Cependant, on continua
d’appeller populus, ce qu’auparavant on appelloit plebs. Que si
par populus, nos orateurs entendent ces races d’hommes tirés des
dernieres classes, sans bien, sans fortune, sans propriété : qui
vivent au hazard, qui n’ont ni feu, ni lieu, qui ne tiennent à
la république que par une sorte de fiction, et qui n’ont rien de
François que le nom. Si par populus on veut dire parler de ces
êtres presque nuds, qu’on voit dans toutes les villes du
royaume, prêts à remplir les fonctions les plus viles de la
société civile, sans éducation, sans connoissance, sans savoir,
sans emploi, sans talent ; qui viennent au monde, et qui meurent
sans qu’on sache qu’ils aient existé. Si par populus on veut
dire ces deux ou trois millions de valets ou de laquais, qui se
vendent à leurs maitres pour un vil salaire, qui, au lieu de
chercher la liberté, se rendent eux-mêmes esclaves. Si par
populus on y comprend ce nombre innombrable de mendians, qui
vivent d’aumônes, qui, livrés à l’oisiveté et à la fainéantise,
aiment mieux tendre la main qu’allonger les bras. Si ce sont-là
les individus qu’on doit appeller la majesté du peuple : Je dis
que voilà une majesté bien roturiere ! Si on pouvoit
personnifier cette majesté, pour lui donner le nom de roi,
j’appellerois ce roi, le roi des gueux. Mais si,
par populus, on entend la nation en corps, il perd son nom, pour
prendre celui de la république générale, puisqu’il contient tous
les rangs, toutes les classes, toutes les conditions, tous les
arts, tous les métiers, toutes les professions ; alors c’est à
l’ancienne ou à la nouvelle constitution de faire de bonnes
loix, abroger les mauvaises, encourager l’agriculture, augmenter
les productions, diminuer les vices, encourager les vertus,
multiplier les arts, favoriser le commerce, diminuer les impôts,
multiplier les finances, afin de donner de l’aisance à tous les
rangs, à toutes les classes, à toutes les conditions qui
composent la république. Le même orateur, pour donner du crédit
à son hypothèse, ajouta, qu’on dit le peuple anglois. Cette
dénomination est encore abusive, relativement aux Grecs et aux
Romains. Cependant, s’il y a quelque peuple en Europe qui mérite
de porter ce nom, c’est le peuple anglois ; du moins il tient
plus à la république que celui d’aucun autre état de l’Europe. A
proprement parler, il n’y a point de populace en Angleterre.
Celle qu’on voit grossiere, idiote, stupide dans les rues, qui
regarde, sans voir, qui parle souvent sans rien dire, est moins
populace que celle de France. Du fond de sa misere, elle se
réjouit de la prospérité de la république, et s’afflige de ses
vicissitudes ; ce qui prouve qu’elle est citoyenne. D’ailleurs,
quoiqu’il y ait des particuliers en Angleterre qui possédent des
richesses immenses, les fortunes y sont
égales, et cette égalité descend jusques dans le peuple. Comme
tous les arts y sont en activité, chacun trouve dans l’industrie
une aisance relative qui ne se trouve pas en France. Comme de
trois ordres qui formoient d’abord les états-généraux, il y en
eut deux dont l’autorité fut entiérement annéantie, et qui ne
serviront dans la suite qu’à faire nombre, sans avoir part aux
grandes délibérations, que par une foible voix qui ne servoit
qu’à confirmer leur annéantissement ; Rien de si connu que l’origine du clergé
et de la noblesse, et rien qui soit plus ignoré que celui du
tiers-état. Il faut fouiller dans la poussiere de la monarchie,
pour en découvrir les premieres traces. Ses ancêtres étoient
serfs asservis à la globe. Cette servitude, qui se perd dans la
nuit de la roture, dura jusqu’à ce qu’un pape l’affranchit ;
disant, pour raison, que, puisque le christianisme rendoit tous
les hommes égaux, il ne devoit point y avoir d’esclaves. Mais le
Vatican, en rompant les chaînes des serfs, ne contribua point à
améliorer leur fortune ; des affranchis, sans moyens, sont
toujours esclaves. La liberté ne fut que dans le
nom. Ces nouveaux citoyens n’eurent part ni au gouvernement
public, ni au civil. Ils ne firent point de loix, ils ne se
mêlerent point des taxes. On conserva pour eux ce dédain et ce
mépris qu’on a toujours eu pour la pauvreté et la misere. Cela
se découvre, à l’étonnement de la France, lorsque Philippe le
Bel en fit un troisieme ordre, et qu’il lui donna l’entrée aux
états-généraux. Le tiers-état devint pour lors une partie de la
république, au lieu qu’il n’étoit auparavant qu’une partie de la
population. Cette nouvelle prérogative n’augmenta pas son
influence. Il falloit une grande révolution dans la fortune
générale, pour que la sienne changeât de face. Cette révolution
arriva, elle forme un des plus grands événemens de notre
histoire moderne. Le monde économique en jetta les premiers
fondemens. Les arts se formerent ; le commerce acquit de
nouvelles branches ; un luxe nouveau jetta les fondemens d’une
grande industrie ; la main d’œuvre donna de nouvelles formes à
la matiere. Colomb, en ajoutant une quatrieme partie au globe de
la terre, multiplia considérablement la masse des richesses
numéraires. La révolution porta sur l’esprit humain. On apprit à
lire et à écrire ; des écoles s’établirent ; les arts se
formerent ; il y eut plus de connoissances, plus de savoir, plus
d’énergie ; les tribunaux, les académies développerent
l’entendement ; elles firent naître des métiers et des
professions, qu’on ne connoissoit pas auparavant.
Les tribunaux donnerent des juges ; les plaidoyers, des
avocats ; le commerce, des négocians ou marchands ; les
spéculations en argent formerent des banquiers, les arts, firent
naître des artistes ; la philosophie, des philosophes, les
sciences, des savans ; l’art militaire, des soldats ; le
gouvernement, des hommes d’état ; les négociations, des
politiques ; la guerre, des généraux ; etc. C’est à cette
nouvelle source que le tiers-état puisa ses lumieres, ses moyens
et ses richesses. C’est ce qui fit dire à un membre de
l’assemblée, que c’est ce troisieme ordre qui fournit à la
France des législateurs, des publicistes, des canonistes, des
légistes, des négocians, des financiers, des agriculteurs, des
colons, des économes, des ménagers, des mathématiciens, des
orateurs, des logiciens, etc. race d’hommes, dit-il, qui peuvent
donner des lumieres à une assemblée, et apprendre à une nation
la science du gouvernement. Cet orateur avoit raison : mais
citer le tiers-état en corps pour régénérer la France par la
personne de ses représentans, c’étoit prendre la partie pour le
tout. Si la masse de ce grand corps, composé de vingt-deux
millions d’individus, avoit pu communiquer ses connoissances et
son savoir aux députés de tous les districts, il est certain que
tant de lumieres réunies en un point eussent éclairé l’assemblée
plus que tous les livres qui avoient paru jusques alors sur la
science du gouvernement ; mais cette communication n’étoit pas
dans l’ordre des choses humaines. D’ailleurs,
comme les mœurs s’étoient corrompues dans la proportion des
nouvelles connoissances, le vice passa aux élections : la brigue
fit les électeurs, et l’intrigue donna des élus. Dans la plus
grande affaire qui eût dû fixer l’attention des municipalités,
on laissa agir ces menées et ces intrigues sourdes qui
corrompent toutes les élections. On vit sortir du scrutin le nom
des députés qui devoient devenir des membres inutiles dans la
plus auguste assemblée du monde. Enfin les brouilleries des
trois ordres, malgré la réconciliation apparente, la hauteur du
clergé, la fierté de la noblesse, la désobéissance du
tiers-état, qui s’étoit rassemblé plusieurs fois malgré les
ordres du roi, firent faire de sérieuses réflexions à la cour et
au conseil d’état. On crut qu’il étoit tems de prévenir un mal
qui augmentoit tous les jours, et que le retard du remede
pouvoit rendre incurable. Les princes, les grands, les
seigneurs, les ministres, le garde des sceaux représenterent au
roi qu’il falloit annuler tout ce que les états généraux avoient
fait jusqu’alors, suspendre leur assemblée, ainsi que leurs
délibérations ; ce qui feroit sentir à ce corps que la véritable
place de l’autorité royale étoit sur le trône et non pas dans
l’assemblée des états généraux. Louis XVI goûta ce conseil,
d’autant mieux qu’il commençoit à sentir qu’il avoit fait de
trop grands sacrifices. A la premiere assemblée qu’il avoit
indiquée, il s’exprima ainsi aux trois ordres :
« J’apprends la division qu’il y a parmi vous ; la nation est
dans l’impatience de la voir finir : voici le parti que j’ai été
obligé de prendre pour terminer ; j’attends des deux premiers
ordres et de leur zéle pour la patrie, qu’ils seront les
premiers à proposer le moyen de conciliation. » Le
garde-des-sceaux annonce ensuite une déclaration concernant, 1°.
La confirmation de la distinction des ordres. 2°. La
délibération par ordre. 3°. Le roi déclare nulles les
délibérations du tiers-état, du 17 de ce mois, comme
inconstitutionnelles. 4°. Ordonne la communication respective
des pouvoirs. 5°. Déclare anticonstitutionnelles les
restrictions des pouvoirs. 6°. Permet aux députés de se retirer
devers leurs mandataires pour en avoir de nouveaux. 7°. Ordonne
de demeurer pour délibérer aux états. 8°. Que les cahiers ne
seront pas impératifs. 9°. Que la délibération sur les pouvoirs
contestés sera prise à la pluralité des suffrages, et qu’il sera
définitivement statué par sa majesté, en cas de partage. Après
cette lecture, le roi a repris la parole pour dire, qu’aucun de
ses prédécesseurs n’en avoit fait autant que sa majesté pour la
nation. M. le garde-des sceaux étant allé reprendre les ordres du roi, il annonca, à peu-près en ces termes,
la déclaration des volontés de sa majesté.
Sa majesté ayant repris la parole, a dit : On
voit par ce discours, un roi qui veut conserver l’autorité
royale sans affoiblir celle du royaume ; Un prince citoyen, qui
veut détruire dans l’esprit de ses sujets toute idée de
despotisme ; Un pere de famille, qui veille au bonheur de ses
enfans ; Un législateur sage, qui cherche à prévenir les maux
attachés aux anciennes lois ; Un prince économe, qui veut
réformer tous les genres de prodigalités ; Un monarque
pacifique, qui veut éviter une guerre civile ; On voit par ce
plan de réforme, dicté par l’équité, la justice et la raison,
que Louis XVI, à l’exemple de Philippe-le-Bel et Henri IV, en
présidant comme eux aux états généraux, n’eût sanctionné que les
décrets qui pouvoient contribuer au bonheur du royaume, sans
rien diminuer de l’autorité royale. Il eut opposé son veto à ces
esprits inquiets et turbulens qui forment les assemblées
nationales, et dont les délibérations sont plutôt des semences
de divisions que de réunions ; et de cette
maniere, il eût rétabli l’ordre dans les finances, rempli le
déficit, et corrigé les abus sans changer l’ancien gouvernement.
Mais il arriva un événement qui renversa le trône, et fit tomber
la couronne à terre.
Ejemplo
Phocion, à l’ouïe d’un
orateur verbeux, qui berçoit une assemblée par de
magnifiques promesses remplies de vents, dit : « il me
semble que je fixe les yeux sur un cyprès qui a toute la
pompe et la beauté possible, à l’égard de ses branches et de
ses feuilles, mais qui ne portent aucun fruit ».
Ejemplo
Ciceron avoit deux comédiens qui
lui apprenoient à être éloquent.
Ejemplo
Athenes et Rome périrent par l’art
oratoire. On sait qu’Antoine, en faisant l’oraison funebre
de César, donna de nouvelles chaînes à la république. Son
éloquence irrita le peuple, au point qu’il mit le feu à la
maison des conjurés.
Nivel 3
Il vous convient, dit celui qui
fit l’ouverture de l’assemblée nationale, de prendre le
titre de défenseurs du peuple. S’il a été dégradé jusqu’ici
en France, il faut maintenant l’ennoblir, pour le faire
respecter. Il est prononcé avec mépris dans la chambre des
aristocrates. Les Anglois lui ont donné le nom qui lui
convient : la majesté du peuple.
Metatextualidad
je fixerai un moment mes regards sur ce dernier
ordre, qui vient de changer le sort de la France, dont
l’influence s’étendra nécessairement sur la république
générale : ce qui servira à faire connoitre par quels
foibles ressorts les plus grandes affaires de ce monde sont
conduites.
Nivel 3
Délibération des volontés du roi. Sa majesté
casse et annulle les délibérations du tiers-état, prises le
17 de ce mois comme inconstitutionnelles. Déclare les
pouvoirs sur lesquels il n’y a pas eu de contestation, bien
et valablement vérifiés après la communication respective ;
de ceux sur lesquels il y aura eu de contestation, renvoie à
des commissaires ; annuelle les pouvoirs impératifs comme
inconstitutionnels, sauf à se retirer vers les commettans ;
les députés néanmoins resteront aux états généraux avec voix
consultative. Constitution des états provinciaux, avec deux
dixiemes du clergé, trois dixiemes de la noblesse, et cinq
dixiemes du tiers-état librement choisis. Délibérer aux
états provinciaux, en commun ; aux états-généraux, délibérer
en commun ou par ordre : dans le dernier cas, les deux tiers
de voix pour faire un résultat ; en cas de contestation, se
retirer devant sa majesté. Aucun emprunt sans le
consentement de la nation, sauf, en cas de guerre, pour
emprunter cent millions. Le tableau des revenus et des
dépenses, publié tous les ans. Les sommes pour les différens
départemens fixés, même pour la maison du roi. Aucune
distinction pécuniaire. Abolition de la
taille, convertie en impositions sur vingtiemes ou sur
l’impôt territorial. Abolition des franc-fiefs après avoir
payé les dettes de l’état. Propriétés respectives, tant des
droits féodaux, dimes. Charges personnelles converties en
une indemnité pécuniaire. Lettres de noblesse accordées par
le roi, et retreintes à certaines charges. Abolition des
lettres de cachet avec modification. Liberté de la presse
avec modification. Administration des villes, hôpitaux,
forêts, domaines, ventes des bois, aux états provinciaux.
Tirer le meilleur parti des domaines aliénés. Discussion du
sel, et moyens d’adoucissemens. Perfection de la
jurisprudence civile et criminelle. Aucun retard ni obstacle
pour les lois faites et consenties dans les états-généraux.
Abolition absolue de la corvée. Abolition du droit de
main-morte dans tout le royaume. Restriction des
capitaineries. Milices. Moyens pour en adoucir le fardeau.
Aucune loi, ni contribution ne pourra être faite, ni
changée, ni abrogée d’une tenue des états à l’autre.
L’institution de l’armée réservée au roi seul, sans
atteinte, etc . . . . .
Nivel 3
« Si vous m’abandonnez, je ferai le
bien de mes peuples seul ; je serai leur représentant :
réfléchissez. Aucune de vos dispositions ne peut avoir force
de loi sans ma sanction : défiance seroit injustice . . . .
Je vous ordonne de vous séparer de suite, et reprendre
demain le travail dans vos chambres. J’ordonne à M. le
maître des cérémonies de les faire arranger. »
Metatextualidad
Je parlerai
dans le discours suivant de cette catastrophe terrible, dont
on ne trouve point d’exemple dans les annales du monde
depuis l’établissement des sociétés politiques.