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Je suis gentilhomme françois, et vous savez à quoi cette qualité engage, lorsqu’il est question de point d’honneur : c’est le non plus ultrà de la noblesse françoise. Il y a environ trois ans, qu’ayant été insulté par un officier des troupes de ligne, j’étois résolu de lui envoyer un cartel pour qu’il me rendit raison de l’insulte qu’il m’avoit faite ; mais plusieurs personnes de bon sens, de ma connoissance, me conseillerent d’abandonner cette affaire, attendu que le militaire qui m’avoit insulté, étoit si méprisé dans son corps, qu’aucun de ses camarades
Mais il y a trois mois qu’ayant eu une seconde affaire avec un fat qui m’insulta, je l’appellai en duel sans consulter personne. Il se rendit le même jour sur le lieu, et je le tuai. Cependant un de ses parens alla me dénoncer à la justice, et celle-ci mit aussi-tôt ses supôts en campagne pour m’arrêter. Je me dérobai à leurs poursuites ; je me retirai au temple, où je suis actuellement, d’où je vous écris. J’ai pris cette précaution pour ne pas être pendu, car je ne suis peut-être pas assez bon gentilhomme pour avoir la tête tranchée, et il n’y a pas une oreille à rabattre. Monsieur le
Cependant mes amis me conseillent de paroître, attendu que les honorables membres de l’assemblée nationale viennent d’autoriser
Mais comme je ne suis pas de cet honorable corps qui a le privilége exclusif de violer toutes les lois divines et humaines, je vous serai obligé de me dire ce qu’il faut que je fasse si je suis obligé de faire un second duel ; c’est-à-dire, si je dois passer pour un lâche, ou être pendu après m’être battu. Je requiers votre avis sur le champ.
En fait de préjugé établi, tout conseil est inutile Le meilleur que je puisse vous donner, c’est de n’avoir jamais d’affaire ; et vous le pourrez toujours, lorsque vous serez honnête et prudent.
Le .
Il y a long-tems qu’on cherche à éteindre le duel, d’autant plus que ce vice tend qu’à beau jeu, bon argent.
On appelle ces honnêtes gens des spadassins, mais on feroit mieux de les appeller des assassins ; car dès qu’un homme en tue un autre, on peut lui donner ce nom ; c’est du moins celui que lui donne l’Etre Suprême dans ses divines écritures : loi contre laquelle il n’y a point d’appel, à moins qu’on ne veuille s’inscrire en faux contre l’évangile. Ce malheureux penchant en
Gaules, à tous ses bons et fideles sujets : Salut. D’autant qu’il est venu à notre connoissance royale, qu’au mépris de toutes les lois divines et humaines, la coutume s’est introduite parmi la noblesse et les gentilshommes de ce Royaume, sur la moindre légere occasion, de même que pour de grieves insultes, de s’appeller en duel, afin de terminer ainsi leurs démêlés par eux-mêmes et de leur propre autorité : nous avons cru qu’il étoit de notre devoir de remédier à cet abus, et après une recherche exacte des causes qui produisent d’ordinaire ces fatales décisions, nous trouvons que malgré tous les préceptes de l’évangile, et toutes les regles de l’humanité, le pardon des injures, qu’on peut regarder comme le plus grand effort de l’esprit humain, est avili et rendu infâme par cette malheureuse coutume, que tous les devoirs de la société civile et d’une conversation honnête sont renversés par là : que les hommes fiers, les impudens et les débauchés insultent ceux qui sont modestes, discrets et d’une vie exemplaire : qu’enfin, la vertu est foulée aux pieds et le vice encouragé dans cette seule démarche qui rend un homme capable d’affronter la mort. Nous avons remarqué d’ailleurs, avec un extrême chagrin, que par une longue impunité causée par des affaires plus importantes qui nous occupoient alors, ces cruels défis sont devenus honorables, et qu’il y a de la honte à
Art. Ier. Toute personne qui enverra ou qui acceptera un cartel, ou la postérité de l’un et de l’autre, quoiqu’il ne soit pas suivi de la mort d’aucuns des combattans, deviendra incapable, après la publication de cet édit, d’avoir aucun emploi et crédit dans les terres de notre domination.
Art. II. Toutes <sic> personne qui donnera des preuves convaincantes de l’envoi ou de l’acceptation d’un cartel, obtiendra la jouissance de tous les biens meubles des deux parties intéressées ; et leur héritier immédiat sera d’abord mis en possession de leurs
Art. III. Dans tous les cas où il s’agit d’un meurtre, et où les loix que nous avons déjà données admettent un appel, si le prévenu est alors condamné, non-seulement il souffrira la mort, mais tous ses biens, meubles et immeubles, passeront aussi-tôt à l’héritier immédiat de la personne dont le sang a été répandu.
Art. IV. Qu’il ne sera plus à l’avenir au pouvoir de notre personne royale, ni de nos successeurs, de pardonner un tel crime, ou de rétablir les coupables dans leurs biens, honneurs et dignités.
Donné à notre cour de Février 420, et la seconde année de notre règne ».
Cette ordonnance est dictée par un esprit de justice, où l’on voit un bon père qui, sans chercher à répandre le sang de ses enfans, veut les ramener à leur devoir par des peines qui les corrigent de ce vice sans leur donner la mort. Mais les annales de son siécle ne disent point qu’il y ait réussi.
La nature humaine a des vices invétérés qui résistent aux meilleures loix. maladie, car on n’a pas
Il est étonnant que dans cette longue suite d’ordonnances publiées sous tant de regnes pour éteindre ce vice qui a précipité tant de François dans le tombeau, on n’ait pas encore cherché à humilier l’amour-propre qui en est toujours l’instigateur ; car ce n’est que par lui que les contrevenans désobéissent à la loi.
La confiscation des biens ne garantit pas toujours l’ordonnance du prince. Souvent celui qui la viole est aussi superbe et arrogant dans la pauvreté, qu’il avoit été vain et audacieux dans la pauvreté, qu’il avoit été vain et audacieux dans la prospérité. La privation des charges et des dignités n’influe pas mieux sur un cœur fier et altier ; il tire souvent sa gloire de celle-ci. Il morgue le prince par l’endroit même qu’il a cherché à le dépouiller.
La mort n’est pas suffisante pour retenir des hommes qui se font gloire de la mépriser : mais si tous les duellistes étoient condamnés au pilori, il y auroit beaucoup moins de ces gens d’honneur, du moins ils se verroient par-là bannis de la société civile.
Les hommes résistent à tout, excepté à l’humiliation : il suffit de blesser leur amour-
J’ai lu toutes les ordonnances qui ont été publiées sur les duels dans nos tems modernes ; j’ai trouvé qu’elles manquent toutes par l’endroit seul qui peut l’abolir, c’est-à-dire, déshonorer ceux qui s’en rendent coupables. En effet, si le dueliste est rebelle aux loix divines, s’il s’oppose à la volonté du Créateur, s’il viole les loix de la religion ; si cet acte est un de ceux qui favorisent le plus l’athéisme ; si le dueliste se rend criminel de lèze-majesté, en désobéissant formellement à son roi ; si en se faisant justice lui-même, il se met au-dessus des tribunaux établis pour la rendre ; s’il viole toutes les loix de l’humanité ; s’il est assez barbare pour arracher la vie à son semblable ; s’il tue son meilleur ami ; s’il pousse la cruauté jusqu’à enlever un fils unique à son père, un époux chéri à une tendre épouse ; s’il porte la désolation dans une honnête famille ; s’il trouble l’ordre de la société civile ; en un mot, si le duelliste viole toutes les loix divines et humaines ; pourquoi ne pourroit-on pas prononcer contre lui, d’autant plus qu’il s’est rendu coupable d’une foule de crimes ? peut-être même qu’il le mérite davantage relativement, parce que le délit d’un particulier ne porte que sur une seule personne, aulieu <sic> que l’exemple du duëliste porte sur toute la
Dans les premiers âges, lorsque la lépre devint une maladie contagieuse, on reléguoit les lépreux dans des hôpitaux séparés du reste de la société ; on les rendoit incapables des effets civils.
Si quelque bon roi de
2°. S’il est gentilhomme, il deviendra roturier, s’il est chevalier de Saint-Louis, il sera dégradé.
3° Il sera défendu à toute société civile de recevoir un duelliste, lorsqu’il aura été convaincu de s’être rendu coupable de ce crime.
4°. Enjoignons à toutes les demoiselles de qualité de ne pas l’épouser.
5°. Lui défendons de se presenter à la cour sous peine de vingt ans et un jour de prison, non à l’Abbaye, mais à
6°. Ordonnons à tous les Suisses de nos maisons royales, de ne pas le recevoir dans les jardins publics, sous peine de punition.
7°. Faisons savoir à tous les directeurs de théâtre de ne pas le recevoir dans quelque
Mais comment pourrons-nous espérer, dans cette espèce de vacance du trône, que l’assemblée nationale, établie pour diriger l’Empire, fera une loi pour abolir les duels, tandis que plusieurs de ses membres se sont battus comme les spadassins dont nous venons de parler. On vient de voir deux duels en champs clos par quatre de ses membres, sans qu’elle ait daigné s’en formaliser ; au contraire, un des duellistes, qui avoit envoyé le cartel, et qui avoit assassiné son adversaire, peu de tems après fut nommé président à l’assemblée, comme en commémoration de l’honneur qu’il s’étoit acquis dans ce duel.
Si ceux qui sont établis pour faire de nouvelles loix sur les vices qui déshonoroient la société civile, laissent, non-seulement, subsister le duel, qui est le plus grand de tous ; quelle espérance devons-nous avoir de la réforme des autres vices qui désolent la nation ?
Pourquoi, au premier bruit de ces deux premiers duels, reconnus et avoués des quatre duellistes, pourquoi l’auguste assemblée nationale, qui a fait plus de loix dans six mois que la
20. Que s’il a fait auparavant des discours
30. Qu’il sera exilé de
<sic> Que s’il n’est pas marié, et qu’il se marie, son mariage sera regardé comme nul.
50. Qu’il ne pourra ni hériter, ni tester.
De toutes les administrations de nos tems modernes, il n’en est aucune qui mérite plus l’attention des hommes que celle de
Cet homme a un grand défaut en politique ; c’est qu’il veut toujours tromper. Mais qu’est-ce que la politique, si ce n’est l’art sublime d’en imposer ? Toute l’habileté consiste à savoir la cacher ; car là où l’on découvre la politique, il n’y a plus de politique.
Il avoit une autre ambition, celle de disposer des premieres charges militaires ; de faire des généraux, des maréchaux de
Quoique les guerres fussent alors moins dispendieuses qu’elles ne le sont aujourd’hui, et qu’on pouvoit avec une petite somme faire une grande guerre, il manquoit d’argent au trésor royal. On créa quelques impôts qui de nos jours ne suffiroient pas pour faire le siége d’une petite place.
Le parlement qui pensoit se rendre utile à la cour par les obstacles, parce qu’il croyoit qu’elle auroit recours à lui pour les lever, refusa l’enregistrement de l’édit de ces mêmes
Un conseiller est arrêté. Le peuple croyant par là avoir perdu un de ses protecteurs, entre en fureur. C’est assez son caractere de tomber en délire sans avoir fait réflexion pourquoi.
Le coadjuteur
Comme la cour étoit en danger à que les princesses du sang restoient au lit, faute d’avoir du bois pour se chauffer. Je crois bien que c’est un mensonge ; mais il prouve cette vérité, que la misere étoit
La reine pria le grand
Il falloit le grand
Ce fut dans cette occasion qu’on connut la différence d’une armée bourgeoise avec une troupe de légion.
Cependant ces huit mille hommes tinrent
Ce fut dans ces tems malheureux que
Ce fut dans ce tems-là que
A peine fut-il arrivé à
A peine