Le Spectateur françois ou le Nouveau Socrate moderne: Discours V.
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N 5.
Discours V.
Discours V.
Nível 2
Sur l’économie politique. On a réformé la maison du
roi ; on s’est emparé des domaines de la couronne ; on a mis
dans la circulation publique les quatre cinquièmes du bien de
l’Etat ; on a saisi les biens du clergé ; on a réduit toutes les
pensions ; mais on a oublié une grande réforme, celle du corps
diplomatique, qui cause un grand vuide dans le trésor public.
Louis XIV fut le premier roi qui imagina d’avoir autour de son
trône toutes les puissances de l’Europe, en la personne de leurs
représentans. Je ne connois point de trait de vanité de cette
force dans l’histoire des monarchies anciennes. On peut le
regarder comme un des plus grands rafinemens de l’amour-propre.
Etre roi au milieu de quarante ou cinquante souverains, est un
orgueil inconnu dans nos annales politiques. Avant ce monarque
de fastueuse mémoire, il n’y avoit pas eu d’ambassadeur à
demeure dans aucune cour de la république générale des rois.
Lorsqu’il survenoit quelqu’affaire un peu compliquée où la
correspondance ordinaire ne pouvoit pas suffire, on envoyoit un
ministre qu’on appeloit extraordinaire, & qui
l’étoit si fort, qu’après avoir fini sa négociation, il rentroit
dans l’ordre citoyen d’où cette même affaire l’avoit fait
sortir. Cet usage s’est conservé à la Porte Ottomane, & il
seroit à souhaiter qu’il se fût perpétué dans tous les états du
monde chrétien, peut-être qu’ils seroient dans une position plus
heureuse qu’ils ne le sont. Nous avons pris des Turcs une
infinité de choses mauvaises, & nous avons négligé la
meilleure : inadvertence qui a causé des maux infinis à la
France, ainsi qu’à tous les autres états. Il y a des momens dans
la politique générale, d’où dépend le sort de la république
universelle, & c’est un des grands inconvéniens de nos tems
modernes, qu’il n’y ait pas un conseil prépondérant qui veille
au sort du monde. Ce sénat suprême qui étoit du tems des
Romains, n’existe plus ; c’est qu’il n’y avoit alors qu’un
empereur, au lieu qu’il y a aujourd’hui sept rois despotes,
trois aristocraties, & plus de cent anarchies qui gouvernent
les hommes : malheur auquel la meilleure politique & les
meilleures loix ne remédieront jamais, & qui fera toûjours
de notre monde le séjour des êtres les plus malheureux qui
existent ; à moins que quelque peuple barbare, à l’exemple du
tems de Rome corrompue, ne vienne racheter l’univers de sa
tyrannie générale. Les ministres étrangers en France, au nombre
d’environ quarante, forment ce qu’on appelle de nos jours le
corps diplomatique ; & comme tous les rois & princes de
l’Europe veulent s’imiter, & qu’aucun ne veut
céder à l’autre, chaque cour a son corps diplomatique. Ce corps
ne fut pas plutôt formé, qu’on vit naître la division dans ses
membres ; du moins il n’y a point de mortels sous la voûte du
ciel qui se haïssent tant que les ministres respectifs des cours
étrangeres. Ils se fuiroient d’un bout de l’année à l’autre, si
le cérémonial attaché à leur caractere ne les rapprochoit. C’est
aux dîners & aux soupers ministériels, qu’on doit attribuer
ces amitiés simulées, qu’ils affectent les uns pour les autres.
Chaque membre du corps diplomatique porte dans son caractere des
traits qui ressemblent à celui de son maître, & au génie de
sa cour. Par exemple, l’agent du saint-siege, qui est toujours
un signore abate, est simulé, fin & rusé comme notre saint
pere le pape. Celui de Vienne, qui dirige l’empire d’occident,
est pour l’ordinaire impérieux. L’ambassadeur d’Espagne est
aussi orgueilleux que superstitieux ; celui du Portugal est un
matador qui ne s’annonce qu’en monnoies d’or. Le ministre
d’Angleterre est bisarre, singulier & toujours un peu
quinteux, pensant beaucoup, parlant peu, & ne déployant sa
profonde politique dans un repas ministériel, qu’à la troisieme
bouteille. L’agent de la couronne de Pologne étoit autrefois
superbe & audacieux, comme le sont tous les ministres des
rois électifs. Mais depuis qu’on a partagé ce royaume, il est
devenu aussi humble & aussi foible que l’état. L’ambassadeur
de Suede ressemble à un homme pauvre, qui fait
semblant d’être riche ; aussi son maître lui permet de se marier
avec quelque riche héritiere, afin de relever l’éclat de sa
couronne par le fumier des richesses ; l’épouse fût-elle née
dans la bassesse & l’humiliation, quand même elle seroit la
fille d’un ancien commis ; n’importe, pourvu qu’elle puisse
hériter de deux millions. L’ambassadeur de Sardaigne est
économe, lésineux ; c’est que son maître n’est pas dispendieux.
Celui de Russie affecte des manières gracieuses & aimables ;
mais il laisse toujours entrevoir un je ne sais quoi qui tient
d’une nation barbare. L’ambassadeur de Venise est sans
conséquence dans le corps diplomatique, comme sa république
l’est en Europe. Celui de la Hollande, qui est presque toujours
un marchand, a un génie marqué au coin du bon sens ; mais tous
ses discours ont un je ne <sic> quel haut goût qui
ressemble à celui de la muscade & de la canelle.
L’ambassadeur de Naples est si petit, qu’il ne tient point de
place dans le corps diplomatique. A l’égard des ministraillons
des petites cours d’Allemagne & d’Italie, qui veulent
figurer parmi les grands plénipotentiaires des cours
prépondérantes, on peut les regarder comme la vermine
ministérielle des états de l’Europe, ou s’il m’est permis de
m’exprimer ainsi, comme les poux du corps diplomatique. Avant
les ministres à demeure, les délibérations de chaque monarchie
étoient cachées derriere son trône : après
l’établissement du corps diplomatique, la politique n’eut plus
de secrets, c’est-à-dire, qu’il n’y eut plus de politique. Les
affaires d’état les plus cachées furent à découvert, &
presque toujours éventées avant d’être mises en exécution. On
vit alors s’établir les couriers de cabinet, qui se dépêchèrent
de mettre le feu aux quatre coins de l’Europe. Toutes les
affaires d’état furent menées en poste, ou par le moyen des
lettres en chiffres on apprit aux cours étrangères ce que
souvent on auroit dû leur faire ignorer. Ce fut une nouvelle
clef pour ouvrir la porte des malheurs du monde. Les
ambassadeurs devinreut <sic> des espions honoraires : ils
firent une sorte de vertu de la profession la plus infame qui
soit chez les hommes. Ceux qui, sans avoir le caractère de
ministre, se livrerent à ce métier, passerent pour des scélèrats
& furent punis de même, au lieu qu’eux en acquirent la
réputation de grands politiques, & furent récompensés dans
la proportion des travaux attachés à leur espionnage ; tant il
est vrai qu’il n’y a de crimes que ceux à qui la prévention
donne ce nom. On sut, par leurs dépêches, quelle étoit la
grandeur, la puissance, les richesses, la force ou la foiblesse
d’un état, & on ne manqua jamais, en tems de guerre, de
l’attaquer par celle-ci, ce qui mit en défaut les moyens qu’on
pouvoit mettre en usage pour se défendre. De cet établissement
naquit un grand inconvénient, je veux dire la préséance ; car,
lorsqu’on fit un corps diplomatique, il fallut
régler l’ordre de la hiérarchie ministérielle, savoir quel agent
des couronnes auroit le pas sur l’autre. Si la politique avoit
été une science fondée sur le droit des gens, & qu’elle eût
tiré ses principes de la nature des choses, on eût établi une
parfaite égalité entre les ministres des rois. En effet, d’une
tête couronnée, à une tête qui porte une couronne, il ne peut y
avoir aucune différence, parce que la grandeur ou la petitesse
d’une monarchie, ne change rien à la majesté du trône ; mais
l’amour-propre des souverains y eût trop perdu ; & on sait
que les princes qui, dans leurs négociations, se restreignent
sur beaucoup de choses, ne se relâchent jamais sur celle-ci ;
car leur vanité est au-dessus de leur puissance. La préséance
ministérielle causa plus de guerres entre les rois, que jamais
les intérêts politiques des nations n’en susciterent entre les
peuples. Les autres souverains de l’Europe, voulant à leur tour
avoir un corps diplomatique, Louis XIV fut obligé d’envoyer chez
chacun un de ses réprésentans, ce qui diminua sa puissance dans
la proportion de cette nouvelle dépense ministérielle. Par une
fatalité attachée à la politique moderne, l’établissemen du
corps diplomatique n’a pas suivi les changemens qui sont
survenus dans la république générale. Par exemple, un ministre
qui étoit nécessaire, il y a cent ans, dans un certain état de
l’Europe, ne l’est plus aujourd’hui. Comme la révolution qui
s’est faite dans la politique, le commerce & les arts, a
changé les positions, on auroit dû suivre celle-ci : c’est ce
qu’on n’a pas fait. La nomination des ministres a toujours été
la même, quoique les besoins relatifs ne le fussent plus. Il
n’est pas aisé de dire ce que fait de nos jours un ambassabeur
<sic> de France à Venise. Cette république concentrée en
elle-même, n’a aucun ou presqu’aucun intérêt avec la cour de
Versailles. Il suffiroit d’avoir un petit agent,
qui reçût tous les mois une lettre du bureau des affaires
étrangères, pour la remettre à ce qu’on appelle dans cette
république il savio di setimana. Les dépêches ministérielles qui
passent par la voie d’un ambassadeur qu’on paye à grands frais,
sont d’une espéce rare. Si cela s’appelle dépêches d’ambassabeur <sic>, je
ne sais quel nom il faut donner aux articles de la gazette
d’Hollande, ou à ceux du Courier d’Avignon. Il est vrai que, si
l’on réformoit l’ambassade de Venise, il faudroit réformer la
célébre accolade. Cette accolade est une chose
rare. L’ambassadeur de Venise, dans sa premiere entrevue à la
cour de Versailles, embrasse le roi de France. Encore passe si
ce n’étoit qu’un cérémonial, mais ce baiser politique cause une
dépense à l’état, de trente ou quarante mille livres, par le
portrait du roi enrichi de diamans, qu’il donne à chaque
ambassadeur à la fin de son ambassade ; de maniere que j’ai
calculé que les quatre derniers ambassadeurs de Venise,
Moncenigo, Morosino, Zeno, Delfino, ont formé dans le tresor
royal, un vuide de deux cens mille francs. Je doute que les
quatre premieres accolades que Louis XV fit à Madame de
Pompadour aient tant coûté à l'état. Je ne sais si, en bonne
politique, nous devons entretenir à grands frais un ambassadeur
à Londres. Un homme de beaucoup d’esprit me disoit derniérement
qu’un ministre de France à la cour d’Angleterre, ne devroit
jamais passer la mer, qu’il faudroit qu’il fixât sa demeure à
Calais, pour expédier le passeport aux voyageurs François qui
vont voir l’Angleterre par curiosité. En effet, disoit-il, un
ministre à Londres aux prises avec des hommes d’état adroits,
qui ne négligent aucun moyen pour tirer avantage des
négociations avec la France ; un ambassadeur qui traite avec des
hommes actifs, vigilans, qui connoissent mieux les avantages du
commerce que lui, doit être détrompé ; aussi l’est-il toujours.
On peut bien croire qu’un secrétaire d’ambassade est nécessaire
à la cour de Turin, mais qu’un ambassadeur y est inutile. Il
n’est pas plus aisé de dire pourquoi la cour de Versailles tient
un ambassadeur à demeure à celle de Naples,
d’autant plus que ce petit royaume est dans l’impossibilité
physique & morale de donner aucun secours à la France ;
n’ayant que quelques régimens Valons qui promenent ses
garnisons, & deux ou trois vaisseaux de ligne qui
pourrissent dans ses ports. Il faut un ambassadeur à
Constantinople, à cause de notre commerce avec le Levant, qui
est un des plus avantageux que nous ayons aujourd’hui. Il ne
faut point d’ambassadeur en Suede ; ce royaume est trop pauvre
pour y négocier avantageusement. Dans un royaume où il n’y a
point d’argent, il ne faut point de ministre. Peut-être y
étoit-elle nécessaire autrefois, lorsqu’entre le parti des
chapeaux & des bonnets, on manquoit d’une tête pour faire
pencher la balance du côté de la cour de Versailles. Mais la
révolution ayant eu son effet, & le despotisme royal établi,
un ministre de France n’y est plus nécessaire. Un ambassadeur à
Lisbonne n’est pas à sa place. Le Portugal ne fait aucun ou
presqu’aucun commerce avec la France. Cromwel, ce tyran à qui il
ne manqua que d’être né à côté du trône pour être un grand roi,
procura tout le commerce du nouveau-monde à la couronne qu’il
venoit d’usurper, & par-là contribua plus à la puissance de
l’Angleterre qu’aucun de ses rois. Il y a actuellement trente
maisons angloises à Lisbonne pour une françoise. Il semble que
la cour de Versailles n’envoie un ministre en Portugal que pour
voir s’écouler toutes les richesses du Brésil à Londres. Il ne
faut pas d’ambassadeur à Madrid ; toutes les
affaires que la France fait avec l’Espagne, se traitent à Cadix,
ville maritime qu’on peut regarder comme la premiere porte des
Indes. L’ambassadeur de France qui fait sa résidence à Madrid,
ignore ce qui se passe dans cette ville marchande. Il n’est
point non plus nécessaire d’un ambassadeur à Pétesbourg.
Mademoiselle Déon, qui le matin se déguisoit en homme, & le
soir négocioit en femme avec le cabinet de Russie, se rendit
plus nécessaire à la France que M. de l’Hôpital qui en étoit
ambassadeur. C’est que dans certe <sic> cour, comme dans
toutes les autres de l’Europe, tout se réduit à l’espionnage
ministériel. A l’exception de quelques ambassades nécessaires,
il faudroit réformer toutes celles qui sont inutiles, pour y
substituer des sécrétairés <sic> ou agens de cours, à qui
on donneroit le titre de chargés d’affaires, avec quatre mille
écus d’appointemens. On ne manqueroit pas de dire que cette
somme est trop modique pour représenter un roi de France ; mais
il ne seroit pas question de représentation, il s’agiroit
d’exercer un emploi de quatre mille écus. Ces places seroient
d’autant plus recherchées, que la médiocrité de leurs honoraires
dispenseroit de cette foule de dépenses onéreuses attachées au
rang de ministre. Il y auroit beaucoup de citoyens en France,
qui s’accommoderoient de la médiocrité de cette fortune.
Exemplo
On sait que Louis XIV fut
à la veille de déclarer la guerre à l’Espagne, & de
faire le siége de Rome, parce que les ministres de ces deux
puissances voulurent disputer le pas aux siens. Ce petit
démêlé avec la cour de Madrid, auroit causé une grande
révolution, si Philippe IV, qui se piquoit de mieux
connoître les droits de l’humanité que ceux de la politique,
n’eût voulu épargner le sang de ses sujets, par une
préséance qui, dans le fond, n’ôtoit rien à sa grandeur. Il
fit déclarer à la cour de Versailles, que les ministres
Espagnols ne concourroient plus à l’avenir
avec ceux de France. Ce n’étoit que des paroles qui, dans le
fond, ne décidoient pas la chose ; mais, par bonheur, les
rois se contentent toujours de mots. Le pape n’en fut pas
quitte à si bon marché ; il fut obligé d’envoyer un légat à
la cour, pour faire des excuses sur ce que le ministre de
France avoit violé les droits municipaux de la ville de
Rome ; de maniere qu’on vit, pour la premiere fois, les
trois bonnets s’humilier devant une couronne <sic>
Narração geral
Je me
trouvai, il y a quelques années, dans le cabinet du ministre
de France à Venise, nommé Sukmen, qui me communiqua sa
derniere dépêche de France, adressée à celui qu’on appelloit
alors le grand Choiseul qui avoit les affaires étrangères.
La voici mot pour mot.
Nível 3
Carta/Carta ao editor
Le sérénissime sortit ces
jours passés en grand gala pour prendre l’air. Il
traversa ce qu’on appelle ici il canal grande
accompagné de soixante gondoles tendues d’un noir
très-brillant qui donnoit beaucoup d’éclat à sa
promenade. La dogeta étoit avec lui in Zendale. Le
lendemain le peuple demanda la permission au
magistrat d’aller en masque in baouta col tabaro.
Les théâtres furent ouverts le même jour. On donna
le soir à celui de Saint-Beneto, il Demofonte du
grand Metastasio avec la musique du célébre
Paesello, où le fameux Marcheseno Soprano chanta
avec beaucoup d’applaudissemens.
Correspondance.
Metatextualidade
J’ai reçu hier par le courier de
deux sols, les deux lettres suivantes que je communique
aujourd’hui au public, sans me rendre garant de ce qu’elles
contiennent ; car en politique, il n’y a des mensonges qu’il
faut souvent cacher & des vérités qu’il ne faut pas
toujours dire. Quoiqu’il en soit, voici comme mon premier
correspondant s’exprime.
Nível 3
Carta/Carta ao editor
M. Le Spectateur, « De quoi
vous-avisez-vous, je vous prie, de faire un journal tout
exprès pour parler philosophe, morale, dans un tems où
tout engage les écrivains d’entretenir leurs lecteurs de
nouvelles ; hé ! quelles nouvelles, grands Dieux ! si
elles nous venoient du pays des Hotentots, ou de
quelques autres nations barbares de l’Amérique
septentrionale, nous aurions de la peine à nous
persuader de leur vérité. Et comment y ajouterions-nous
foi, puisque les événemens qu’elles contiennent, dont
nous sommes les témoins, nous paroissent incroyables.
Voyez le tableau de l’Europe. On diroit qu’un mauvais
génie qui gouverne le monde, se plaît à jetter le
trouble & la confusion par-tout : du moins, il n’y a
aucune figure de ce tableau politique qui soit à sa
place. Tel prince qui étoit autrefois quelque chose,
n’est rien ; & tel qui n’étoit rien, est devenu
quelque chose. Cela va jusqu’au prodige, tant le
changement est grand. La naissance d’un
homme ou la mort d’un prince, suffit pour changer le
sort de l’Europe, c’est-à-dire la face de notre monde.
Par exemple, il n’y a que peu de mois, qu’un prince en
Italie, s’étant couché le soir souverain d’un petit
état, se leva le lendemain matin, maître d’un grand
empire ; s’il y songea la nuit, on peut dire qu’il rêva
en grand. Il devint suzerain de trois royaumes, lui qui
n’avoit de suzeraineté en Italie, que celle d’un beau
jardin. Deplus il se trouva à la tête de soixante
millions de revenu, lui qui n’avoit qu’un million de
ducats de rente ; il se vit le maître de trois cent
mille hommes, lui dont l’état militaire se réduisoit à
une compagnie d’invalides. La Suède, sans argent,
soudoyée par les Turcs, a fait la guerre au plus grand
empire du Nord, l’a battu, et l’a obligé de faire une
paix onéreuse. La Hollande, avec tous les trésors de
l’Asie, n’a pu empêcher qu’on lui donnât un maître qui
l’a rendu esclave. La révolution a fait plus, elle a
porté sur le caractère des rois. Stanistas Auguste a
donné les mains à la diette, pour rendre héréditaire la
couronne de Pologne dans une maison étrangere ; ce qui
doit détruire toute sorte d’émulation chez les Polonais.
Passe, pour ces grands coups de politique qui entrent
dans le systême des premiers cabinets. Mais n’est-il pas
étonnant que des Bourgeois sans moyens, sans puissance,
des avortons de la politique générale, ayent osé paroître sur le grand théâtre militaire,
pour mesurer leurs forces avec les premieres puissances
de l’Europe. Par exemple, n’est il pas étonnant que les
habitans de la ville de Liege, en voulant contrefaire
les héros, osent résister à la force de sept électeurs,
& qu’une ville du Brabant ait voulu faire face par
ses armes à l’empire d’occident ; mais sur-tout,
n’est-il pas remarquable dans l’histoire du jour, que le
peuple d’Avignon veuille secouer le joug de la grande
thiare du Pape, pour passer sous celui d’une couronne,
qui est devenue si petite, depuis un an, qu’il faudra
bientôt un microscope pour la voir. » Mais, ce n’estl a
<sic> que le grand tableau politique de l’Europe.
Il a des endroits qui frappent par leur extraordinaire.
Y a t-il rien de plus surprenant de voir le grand
édifice de la Monarchie Françoise renversé en un jour
par des individus armés de bâtons, de fourches, de
piques, tandis que ce colosse de grandeur avoit résisté
à toutes les puissances de l’Europe, alliées pour le
détruire, mais n’est-il pas encore plus surprenant, que
les princes du sang ayent disparu, que les ministres se
soient enfuis, que tous les grands seigneurs ayent
déserté le royaume, le laissant en proie aux fureurs
d’une populace effrénée. Après cette grande tragédie qui
se passe en Europe, ou nous sommes à-la-fois spectateurs
et acteurs, comment peut-on se résoudre à publier un
journal moral ou philosophique ? Je suis, &c. Jean
L’etonné.
Metatextualidade
La lettre suivante ne signifie
pas grand’chose, mais comme elle est en mon honneur &
gloire, je vais la publier, telle qu’elle m’a été écrite.
Nível 3
Carta/Carta ao editor
M. Le Spectateur, Pour me
servir avec vous d’une expression exacte, vous êtes un
aristocrate. C’est en vain que dans votre premier
discours vous employez cette phrase : l’esprit de parti
m’est entiérement inconnu. Je regarde la grande
révolution qui vient d’arriver, comme un décret de la
providence qui veille au destin de la France, dont le
changement doit contribuer à son bonheur, ainsi qu’à
celui de ses sujets. Ce sont de ces finesses cousues de
fil blanc où tout le monde voit au travers. Car enfin,
pour venir d’abord au fait, & saper votre
aristocratie dans le fondement, connoissez-vous un plan
d’administration plus vaste, plus étendu, plus sublime
que celui de l’assemblée nationale ? & sur-tout plus
subito ; & vous savez que le subito est le
chef-d’œuvre de la législation. Les Romains employerent
huit cens ans pour établir l’Empire ; mais c’étoit de
bonnes gens qui n’y entendoient rien ; pour nous qui y
entendons beaucoup, nous avons fait dans un an, ce
qu’ils n’ont fait que dans huit siécles. Nous sommes
tous égaux, tous libres et tous riches. Il est vrai que
les assignats perdent cinq pour cent ; mais ça viendra.
Après la vente des biens du clergé, ils en gagneront
six, & alors tout le monde s’écriera, vive la
Nation, vive la Loi, vive le Roi. Monsieur
le Spectateur, ne faites pas le cagot, fermez votre
Sénèque & brûlez votre Montesquieu, c’est le
meilleur avis que vous puisse donner votre serviteur,
Démocrate.
Nível 3
Suite des grandes époques.
Innocent III conquit Rome dans les formes ; le Sénat plia
sous lui, ce fut le Sénat du Pape & non celui des
Romains. Le titre de consul fut aboli, les Papes alors
furent rois en effet & bien-tôt les maîtres des rois. Le
même Innocent III, mit l’Angleterre en interdit, &
défendit à tous les sujets du roi Jean de lui obéir. Il
transféra le royaume d’Angleterre à Philippe-Auguste,
l’assurant de la rémission de tous ses péchés. L’acte de la
démission du roi est du 15 Mai 1713, est un des grands
monumens du despotisme des chefs de l’Eglise sur les rois.
Innocent IV déposa
l’empereur Frédéric II. Si les papes défaisoient les rois
ils en faisoient ; Innocent IV qui avoit ôté
la couronne à Frédéric, en donna une à Haquin, qu’il fit roi
de Norvégue. Il créa aussi un homme nommé Mandog, roi de
Lithuanie, sous la redevance de Rome.
Suplice <sic> des Templiers.
C’étoit des moines armés, qui, malgré leur constitution qui
leur ordonnoit la paix, étoient toujours en guerre. On les
accusoit de tous les vices qu’on reproche à ces deux
professions : la débauche & la cruauté. Mais ils étoient
conquérans ; & les héros ne sont responsables de leur
conduite à aucun tribunal. Ils étoient enviés, mais craints,
& cela suffisoit pour les laisser vivre dans leur
désordre. Il falloit une accusation au roi pour les faire
périr, & il s’en présenta une. Quelques altérations qui
se firent dans la monnoie, exciterent une sédition dans
Paris. Les Templiers, qui avoient en garde les trésors du
roi, furent accusés d’avoir eu part à la mutinerie. Des
témoins qui avoient intérêt de les accuser, furent écoutés
par Philippe qui ne devoit pas les entendre. Il les fit
arrêter. Clément V, créature de Philippe, se joignit à lui
pour abolir cet ordre à qui l’on donnoit le
nom, depuis long-tems, d’abominable. On les accusoit de
renier Jésus-Christ en entrant dans l’ordre, de cracher sur
la croix, d’adorer une tête montée sur quatre pieds. Voilà
ce qu’avouerent, à ce qu’on prétend, soixante-douze
Templiers au pape même ; & cent quarante-un de ces
accusés, au cordelier frere Guillaume, qui étoit inquisiteur
à Paris, le tout en présence de témoin. On ajoute que les
grands maîtres de plusieurs provinces firent le même aveu à
tous les cardinaux délégués par le pape : tout cela peut
être faux ; mais voici ce qui est vrai : c’est qu’on brûla
vifs cinquante-neuf chevaliers en un jour, & que le
grand maître Jean de Molay & Gui, frere du dauphin
d’Auvergne, deux des plus grands seigneurs de l’Europe,
furent aussi jettés vifs dans les flammes.
Nível 4
« Moi Jean, roi
d’Angleterre & d’Hibernie, pour l’expiation de mes
péchés, de ma pure volonté & de l’avis de mes
barons, je donne à l’Eglise de Rome, au pape Innocent
& à ses successeurs le royaume d’Angleterre &
d’Irlande, avec tous ses droits ; je les tiendrai comme
vassal du pape. Je serai fidel a Dieu, a <sic> à
l’Eglise romaine, au Pape Monseigneur & a ses
successeurs légitimement élus. Je m’oblige de lui payer
une redevance de mille marcs d’argent par an, savoir ;
sept cent pour le royaume d’Angleterre & trois cens
pour celui d’Hibernie ».
Croisades.
Elles forment une des plus grandes époques des annales de l’Europe. On a vu des Papes, des Empereurs, des rois, faire de grands changemens & causer de grandes révolutions ; ici un homme du commun change le sort du monde. Cet homme s’appelloit Pierre, & ce Pierre étoit hermite ; cet hermite avoit été à Jérusalem comme voyageur, où il n’avoit pas été reçu favorablement. A son retour à Rome, il parla d’une maniere si vive de ces peuples, & en fit un tableau si touchant, que le pape Urbain II, qui occupoit alors la chaire de Saint Pierre, crut cet homme propre à seconder la grande affaire des croisades, c’est-à-dire, armer la chrétieneté contre le mahométisme. Il est impossible qu’un projet si élevé, puisse tirer sa source d’un individu aussi obscur. Urbain tint un concile, où il proposa la maniere de venger les Chrétiens. Mais les Mahométans ne les avoient pas offensés ; & là où il n’y a point d’offense, il ne sauroit y avoir de vengeance. La France étoit pleine alors, de seigneurs inquiets, indépendans, plongés, pour la plûpart, dans les crimes que la débauche entraîne, & dans une ignorance aussi épaisse que l’âge ténèbreux où il vivoit. Voilà les premiers héros de la conquête de la Terre-Sainte. Les papes leur proposoient la rémission de leurs péchés. C’est ce dont ils ne s’embarrassoient guères : mais ils leur permettoient le pillage & le vol ; c’est ce dont ils s’embarrassoient beaucoup. Le rendez-vous général fut à Constantinople. L’hermite eut l’honneur de voir ranger sous ses drapeaux, plus de quatre-vingt mille vagabonds & gens sans aveu, qui couroient à la gloire par le chemin du vol & de l’infamie. Ce général marchoit à la tête de son armée, en sandales, & ceint d’une corde ; ce qui ne contribuoit pas peu à rendre enthousiaste cette nouvelle milice. Sa premiere expédition fut de voler une ville en Hongrie pour leur avoir refusé des vivres. Ceux qui formoient cette armée, composée de scélérats & de bandits, avoient pris le nom de soldats de Jesus-Christ. Il n’est pas possible de pousser plus loin le délire de l’amour de Dieu avec le crime des hommes. Après cette premiere expédition, qui avoit tout l’air d’un vol, l’hermite ne fut plus le maître de son armée. Un des lieutenans-généraux de l’hermite, nommé Gaultier sans argent, qui cherchoit à en voler ; mais qui fut exterminé avec presque toutes les troupes qu’il commandoit. L’hermite seul arriva à Constantinople avec vingt mille personnes mourant de faim. Un autre ordre de vagabonds, composé de plus de cent mille personnes, hommes & femmes, car alors le sexe se faisoit soldat pour l’amour de Dieu, imaginerent qu’il falloit tuer tous les juifs qu’ils rencontreroient, parce qu’ils avoient crucifié Jesus-Christ, dont ils pensoient aller faire la conquête du tombeau. Ils firent main basse sur tous ces malheureux qui étoient alors fort utiles dans les états où ils étoient nés, parce que tout le commerce étoit entre leurs mains. Depuis Adrien, les sectateurs du temple de Jérusalem, n’avoient éprouvé une pareille perte. Godefroi de Bouillon qui avoit une armée d’élite, se conduisit plus sagement que le général Pierre l’Hermite ; aussi réussit-il mieux. Tout dépend de la prudence à la guerre : & Godefroi sut se conduire avec sagesse dans une entreprise folle. La princesse Anne Comêne, dit, que son pere fut allarmé de ces émigrations & qu’il se défit de ses hôtes le plutôt qu’il lui fut possible. Mais ce prince fut heureux que trois cens mille croisés eussent péri avant d’arriver dans ses états. Enfin on mit le siége devant Jérusalem, & il fut emporté d’assaut ; tout ce qui n’étoit pas chrétien, fut massacré. L’hermite Pierre qui de géneral étoit devenu chapelain, se trouva au massacre. Après cette execution barbare, les Chrétiens se rendirent au tombeau de Jésus-Christ, où ils fondirent en larmes. Quelques philosophes ont soupçonné qu’il y a deux ames dans l’homme ; le siége de Jérusalem peut faire changer ce soupçon en une vérité. Des Templiers. C’étoit des réligieux militaires au service des blessés qui avoient fait vœu de se battre. On les appelloit ainsi, parce qu’ils demeuroient auprès de cette église, qui avoit été autrefois le temple de Salomon, ou que du moins on appelloit ainsi. Ils se formerent en troupes réglées, prêts à aller au combat pour la cause de Jésus-Christ ; comme si Dieu avoit besoin de défenseurs pour défendre sa cause. Les hospitaliers étoient ceux qui avoient soin des malades ; devenus, depuis, puissance politique, quoique religieuse. Il falloit bien que ces moines ne fussent pas en sûreté, puisqu’ils prenoient les armes pour se defendre. L’ordre Teutonique fut établi en faveur des pauvres Allemands abandonnés dans la Palestine. Ces trois ordres devenus riches & opulens, furent bien-tôt des puissances politiques, & se battirent comme ont fait, de tout tems, celles qui ont porté ce nom.Saint Louis.
Retrato alheio
Non seulement il fut un grand
Saint, mais même un grand prince ; & ce qui est
peut-être au-dessus d’un grand homme ; il suffit de
l’éloge qu’en fait un homme de beaucoup d’esprit (I1), pour être persuadé de
cette vérité. « Sa piété, dit-il, qui étoit celle d’un
anacorete, ne lui ôta aucune vertu de roi. Une sage
économie ne déroba rien à sa générosité. Il sut accorder
une politique profonde avec une justice exacte ; &
peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette
louange : prudent & ferme dans les conseils ;
intrépide dans les combats, sans être emporté ;
compatissant, comme s’il n’avoit jamais été que
malheureux. Il n’est point donné à l’homme de porter
plus loin la vertu ». Mais quelque parfait que soit un
roi, il tient à la nature par celle de l’homme. Qui
diroit que ce grand génie donna dans une foiblesse
ordinaire aux petites ames. Ce prince ayant été attaqué
d’une maladie violente, crut, dans une léthargie,
entendre une voix qui lui ordonnoit de
prendre les armes contre les infidèles. Il n’y a gueres
que des êtres superstitieux qui ajoutent foi aux songes.
Dieu a tant de voies pour communiquer ses volontés aux
hommes, qu’on peut croire qu’il n’emploie point le tems
de leur sommeil pour les exhorter à obéir a ses ordres.
La reine sa mere, le <sic> reine sa femme, son
conseil, les grands du royaume, l’évêque de Paris même,
lui en représenterent les dangereuses conséquences. Mais
Louis s’en rapporta plus à son songe, qu’aux meilleurs
conseils de la politique. Il partit pour la
Terre-Sainte, non seulement avec sa maison royale, mais
même, si l’on peut s’exprimer ainsi, avec tout le
royaume. Toute la chevalerie françoise l’accompagna. Il
y eut dans son armée, plus de trois mille chevaliers
baronnets. Le tout s’embarqua à Aiguemortes. Cette
flotte étoit composée de dix-huit cens vaisseaux ; chose
incroyable, puisque, dans notre siécle, où la France a
cent fois plus de moyens & cent fois plus de
numéraire, on ne pourroit former une telle marine
militaire, sans ruiner l’état. Louis choisit
l’Egypte pour être le théâtre de la guerre, & ce fut
une faute de sa part, & très grande. Le vieux
Mélecsara malade, demanda la paix ; on la refusa ; &
tout fut perdu. Louis, qui avoit une armée supérieure,
perdit la bataille. Il vit tuer son frere Robert
d’Artois, & il fut fait prisonier avec ses deux
autres freres. Après avoir payé sa rançon, & s’être
racheté, il revint en France. On croiroit bien qu’après avoir éprouvé tant de malheurs
dans ses croisades, il n’auroit plus en envie de se
croiser. Mais treize ans aprés, le délire duroit
toujours. Il changea seulement la direction de son
voyage ; il prit la route de Tunis, au lieu de celle
d’Egypte ; mais il n’en fut pas plus heureux. Tout le
monde connoit sa mort. Personne n’ignore qu’il expira
sur la cendre, comme un pénitent qui auroit eu plusieurs
crimes à expier, quoique l’histoire ne lui donne que des
vertus ; & c’est peut-être la seule vérité
historique de ce tems-là.
Metatextualidade
Mais les faiseurs d’annales donnent
toujours de l’éclat aux événemens qu’ils rapportent,
c’est ce qui gâte l’histoire.
Philippe-le-Bel.
Retrato alheio
Ce roi fait une des plus
grandes époques de l’histoire de France. On vit dans le
cours de son regne des établissemens dignes d’un grand
citoyen. 1°. Il admit le tiers-état aux assemblées
nationales. 2°. Il institua des tribunaux suprémes
nommés parlemens. 3°. Il créa une nouvelle pairie en
faveur des ducs de Bretagne. 4°. Il abolit les duels en
matiere civile. 5°. Il restreignit les apanages aux
seuls héritiers mâles. 6°. Il éteignit l’ordre des
Templiers. Ce monarque eut une grande querelle avec le
pape Grégoire VIII. L’Italie étoit alors trés-divisée
par les Guelfes & les Gibelins. L’empire n’étoit
alors qu’un vain nom, dont le parti des Gibelins se
servoit pour se fortifier, & celui des Guelfes pour
empêcher qu’il se fortifiât. Il est triste que les
empires soient ainsi divisés, & que le peuple soit
malheureux pour une querelle domestique qui ne le
regarde pas personnellement. Philippe le
Bel, qui avoit de grands plans, avoit besoin de beaucoup
d’argent pour les remplir ; il vouloit que le clergé
contribât <sic> aux besoins de la France, sans la
permission de Rome. Le pape, de son côté, vouloit celui
qui lui avoit été accordé d’une décime pour le secours
de la Terre-Sainte. Philippe demandoit cet argent pour
faire la guerre en Guyenne contre le roi Edouard. La
demande de ce prince étoit plus juste que celle du Pape.
Celui-ci vouloit secourir la Terre-Sainte qui n’étoit
plus secourable, au lieu que le roi de France vouloit
agrandir son royaume : avantage dont tous ses sujets
participoient.
Metatextualidade
Ce seroit un travail bien
pénible que celui de vouloir faire la révision de ce
grand procès. Je ne dirai qu’un mot sur celui-ci, après
un homme de beaucoup d’esprit : que c’est mal connoître
les hommes de croire qu’il y a des sociétés qui se
soutiennent par les mauvaises mœurs, & qui fassent
une loi de l’impudicité. Dans chaque ordre, il y a des
scélérats qui, entrainés par leurs passions, se livrent
aux plus grands crimes ; mais ce n’est pas là l’ordre.
Le mal est que, dans tous les procès des sociétés qu’on
a détruites, ou qu’on a voulu détruire, on a confondu la
partie avec le tout.
1(I) Voltaire.