Laomedontiades, vel Nestoris hernia posset.
Des beautez capables de ranimer le vieux Fils de , & de rallumer l’amour dans le cœur de affoibli par l’âge.
J’ai reçu, il y a quelque tems, une Lettre d’un fameux Astrologue, & je l’ai luë avec un très sensible plaisir. Il observe que mon Lion a été érigé dans le Caffé de M.
Enfin il veut me persuader qu’il a prévu par les régles de son art, il y a déja cinq ans, que précisément dans ce tems ici le Pape & moi nous unirions nos efforts, & que nous réussirons à produire des révolutions surprenantes dans l’ajustement du Beau-Sexe.
Il m’est venu encore une autre Lettre d’une personne qui a le génie plus vif, & l’imagination plus seconde. Persuadé, que les femmes ont un penchant presque invincible à se dépouiller, & qu’il n’est presque pas faisable de leur arracher cette fantaisie, il prétend qu’il faudroit capituler avec elles, & trouver un milieu entre l’habillement & la nudité. Conformement à cette idée, il leur propose de rappeler la mode de leurs Ayeules les Bretonnes, ou les Pictes, & de peindre les parties découvertes de leur corps, de telles figures, qu’il leur plaira de choisir. La gorge d’une Coquette peut briller, selon lui, d’un Cupidon, avec un arc à la main tout Egide. En un mot, il pense que par cette méthode, les Dames trouveroient les moyens de faire de très-ingenieuses découvertes de leur humeur, de leur caractere, & de leurs desseins. Mais avec la permission de mon Correspondant, il m’est impossible d’être de son avis, & de souscrire jamais à un projet qui va tout droit à gâter la peau de mes charmantes Compatriotes ; je leur défie de trouver jamais des couleurs, qui leur aillent la moitié si bien, que celles, qu’elles doivent à la Nature. Quand même elles remplaceroient leur vive blancheur par la figure du Soleil, que leurs Ancêtres les Pictes faisoient peindre sur leur corps, elles perdroient au change, & elles cacheroient quelque chose de plus beau, que ce qu’elles exposeroient aux yeux.
tour de gorge. Qu’ils sachent donc, que je ne compte pas de traiter cette matiere sur nouveau frais, qu’à la fin de l’Automne, lorsque la rigueur du temps pourra me procurer de nouvelles raisons pour pousser mon projet.
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Tout le monde est également charmé de la voix de vôtre Lion, & les connoisseurs trouvent dans ses rugissemens contre le tour de Gorge de la mélodie, & même du Chromatique. Il faut esperer que nos Dames les écouteront avec docilité, & qu’elles seront trop sensées, pour l’agacer davantage. C’est un terrible sire, & vous avez parfaitement bien remarqué, qu’il n’est composé que de Mâchoires & de Griffes ; je vous assure, Monsieur, que j’ai un très-grand respect pour lui, & que depuis long-temps je songe à trouver les moyens de donner quelques marques de ma gratitude à ce genereux Animal, qui prend si fort à cœur les interêts de la Patrie. Après maintes déliberations sur ce sujet, je me suis résolu à la fin, à compiler à son honneur & gloire une Histoire de toute son espece, en recueillant de tous les Auteurs les particularitez qui peuvent lui être avantageuses. En executant ce dessein je n’aurai pas le moindre égard pour tout ce qu’Gent Lionne. Je le soupçonne fort ce malin bossu d’avoir été un Whig outré, & un franc Républiquain : le moyen d’en juger autrement, quand on Fabuliste nous a débité sur le chapitre de ce noble Animal est faux & controuvé, & peut-être qu’un jour je procureray cette satisfaction aux justes Estimateurs du mérite.
Les Auteurs de Romans sont encore des Messieurs, pour l’autorité desquels j’aurai fort peu de respect. Ils paroissent tous nez avec une antipathie invincible contre les Lions, & par tant où ils les rencontrent, ils ne leur donnent pas plus de quartier, qu’aux Géants. Il n’y a pas un seul Chevalier de la Table ronde, qui n’ayant autre chose à faire ne rencontre aussi-tôt, point nommé, quelque terrible Lion, & qui ne le terrasse dans un tour de main, simplement pour amuser sa valeur. Il semble à entendre parler ces Auteurs, que tout Chevalier errant soit en vertu de sa profession, en état de guerre avec ces bêtes estimables, & qu’il les haïsse plus que chose au monde, excepté seulement les Dragons. Pour moi, j’avouë franchement, que je ne crois point du tout toutes ces Histoires-là veritables ; si elles l’étoient, il y auroit long-temps, que toute l’espece des Lions seroit entierement détruite. N’ayez