Zitiervorschlag: Laurent Angliviel de la Beaumelle (Hrsg.): "Amusement LV.", in: La Spectatrice danoise, Vol.1\055 (1749), S. 462-464, ediert in: Ertler, Klaus-Dieter / Hobisch, Elisabeth (Hrsg.): Die "Spectators" im internationalen Kontext. Digitale Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.4236 [aufgerufen am: ].


Ebene 1►

Amusement. LV.

Zitat/Motto► Le mal est dans l’erreur, & non pas dans l’excuse.

Des Touches. ◀Zitat/Motto

Ebene 2► Metatextualität► Dans ma XLI. Feüille, j’éxaltai extrémement la bravoure des Anciens Danois. Un Ami m’avoit fourni des mémoires, tirés des Antiquités Danoises de Thomas Bartholin. J’en fis usage, & je n’y ajoutai que quelques réfléxions sur le service Allemand. Prévoїant bien que je ne pourrois dire librement ma pensée, sans choquer quelques personnes, je pris toutes les précautions possibles pour ne pas les offenser : je déclarai deux fois expressément, que je n’entendois parler que du Service d’Allemagne.

Cependant quelques Officiers ont murmuré, & ont cru, que le Service Danois étant sur le mème pié que dans l’Empire, l’un étoit réellement autant attaqué que l’autre ; & il faut avouer, que, si cela est, ils ont pensé juste ; mais toujours est-il certain, que c’est me faire une querelle d’Allemand, que de m’attribuer ce que je n’ai pas dit.

Quoiqu’il en soit, voici une Lettre, qui pourra servir à rectifier ce que j’ai avancé : elle est d’un Officier aux Gardes : c’est la pure vérité. Je ne balance pas à reconnaitre, que je me suis trompée ; mais je dois avertir, que l’Auteur de cette Piéce m’impute trop légérement d’avoir parlé du Service Danois ; qu’il relise ma XLI. Feüille : il verra, que j’ai gardé sur cet article un respectueux silence. ◀Metatextualität

[463] Ebene 3► Brief/Leserbrief► Madame la Spectatrice,

« Allgemeine Erzählung► J’étois, il y a quelque tems, dans une Compagnie, où on lisoit celle de Vos Feüilles, ou vous dites par occasion, que les Troupes ne sont point sur le pié qu’elles devroient ètre, ni les Soldats assés bien traités. Cette Compagnie étoit justement composée de personnes qui n’entendoient rien au métier, prètes conséquemment à souscrire à toutes vos idées. Aussi ne se lassoit-on point de crier contre l’inhumanité & la Barbarie de ceux qui maltraitent les pauvres Soldats.

J’eus beau représenter, qu’une Femme n’étoit point au fait du Militaire, que Vous tabliés sur un faux exposé, & que cela n’étoit pas surprenant, vü qu’il n’est pas rare d’oüir des personnes de distinction parler à peu près du mème ton, faute d’avoir bien examiné les choses ; tout cela fut inutile ; le prejugé prévalut sur toutes mes raisons. ◀Allgemeine Erzählung

La dessus, je dis que j’écrirois à Me. la Spectatrice, laquelle étant de mes Amies, ne trouveroit pas mauvais que je lui démontrasse son erreur. C’est-ce que je propose de faire en deux mots.

I. Vous vous récriés contre les mauvais traitemens des Soldats : mais permettés moi de vous dire, que, de l’aveu de tous ceux qui ont vû des Soldats de près en différens paїs, les Danois sont aussi bien traités qu’en aucun autre endroit du Monde. Peut ètre la Discipline y est elle moins relâchée qu’ailleurs ; mais est-ce un mal que la subordination soit rigoureusement observée & qu’on demande une attention continuelle de la part du Soldat comme de celle de l’Officier, qui doit mème toûjours répondre de la négligence & de l’inexactitude de ceux qui sont sous ses ordres ?

Ajoutés à cela, que grand nombre de Soldats sont étrangers, pour la plupart déserteurs de différens Services. Croїes-vous à ces gens-là le cœur asses bien fait pour se laissent <sic> gouverner par la douceur ? Dans quel service, le Soldat fait il son devoir uniquement par honneur ? Dans quel Service est-il éxempt des peines corporelles ? Ces peines ne doivent-elles pas ètre emploiées, quand la raison & la douceur ne suffisent pas ? S’il en est qui se distinguent par leur bonne conduite, ne sont-ils pas chéris de leur Capitaine ? ils n’en ont à craindre ni coups, ni reproches, ni menaces. [464] Dailleurs, nos Troupes sont habillées & paiées avec une éxactitude admirable.

2. Vous dites, *1 que ceux qui font régulierement le Service sont reduits au desepoir <sic>, parcequ’ils sont obligés de monter la Garde pour ceux qui se font Valèts pour faire vivre les Officiers. Pour vous éclaircir là dessus, il faut, Madame, que je vous dise, que c’est par ordonnance que les Soldats doivent ètre de Garde à la 3e. nuit, apparemment pour les tenir en haleine & pour les tirer de l’oisiveté, qu’on a jugé leur moins convenir qu’à qui que ce soit : mais il n’est permis à aucun Officier de les forcer à quelque chose de plus : aussi en sont-ils bien instruits. Cela posé, quel tort leur fait-on ? Quelle injustice ? On éxécute simplement les ordres du Prince.

On ne sauroit disconvenir, que ceux qui servent dans les Maisons des Particuliers ne fassent, de quelque façon, vivre les Capitaines ; mais on ne convient pas, que ce soit là un abus : c’est un usage, qui est puisé dans les principes d’une sage économie. Ceux qui doivent veiller à l’intérèt du Prince, l’ont établi comme un fonds pour l’éntretien des Compagnies. Par là les recruёs, qu’on est obligé de faire dans les Paїs Etrangers, ne sont point à charge à la Caisse du Roi.

De plus, pendant la paix, on a ici plus de Soldats qu’ils <sic> n’en faut pour le Service militaire, rélgé comme il est. Or, la Politique ne permettant pas de réformer le superflu, on est bien aise de faire en sorte que le superflu serve à l’entretien & du superflu & du nécessaire.

En outre, l’intérèt du Public se rencontre ici avec l’intérèt du Prince. Ceux qui ont quelque connoissance de l’état du Paїs pourront vous dire, que ce sont des Frimans pour la plupart qui travaillent dans les Fabriques, les Manufactures & les Boutiques. Ne seroit ce pas rendre un mauvais service au Public, que de le priver des avantages qu’il tire de tant d’ouvriers ? Quand mème on pourroit s’en passer, (ce qui est impossible, vü les circonstances) n’y auroit il pas une sorte de dureté d’obliger les Soldats à oublier un métier qu’ils n’ont appris qu’avec peine, & dans lequel ils ils <sic> ont une ressource après avoir obtenu leur congé ?

Excusés, Madame, la confusion de cette Lettre ; Si j’avois l’ennemi à charger, j’y saurois aller en bon ordre ; mais je ne me pique point de la mème régularité, quand il s’agit d’écrire. Quoique j’aїe pris la liberté de vous contredire, je n’en suis ni plus ni moins avec beaucoup d’estime,

Votre tres &c. ◀Brief/Leserbrief ◀Ebene 3 ◀Ebene 2 ◀Ebene 1

1* NB. Je ne dis pas cela. Voiés la Feüille en question.