La Spectatrice danoise: Amusement VIII.
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Amusement VIII.
Zitat/Motto
Que vous m’offrez d’attraits,
agréables retraites !
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Metatextualität
La Campagne commence à se
dépeupler. Il est inutile que j’en vante les plaisirs. Je
vous aurois entretenu sur un autre sujet, si l’on ne m’avoit
envoïé de Jagersbourg une piéce de Poësie, qu’on me dit être
récemment venuë de Paris, & qu’on me prie d’insérer dans
une de mes feüilles <sic> Volontiers. Je suis
d’ailleurs lasse de réfléchir ; & j’aime encore mieux
m’ennuïer à copier les ouvrages d’autrui, qu’à en écrire qui
m’appartiennent.
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La Chasse.
Ode (*1)
Charge sur ton dos un carquois :
Epris d’une nouvelle yvresse,
Je venx <sic> te suivre dans les bois,
Que je t’aime, Nymphe propice !
Déjà docile à mon caprice
A mon gré tu guides mes pas.
Sous mes doigts ma Lyre résonne,
Et de la Fille de Latone
Nous allons chanter les combats.
Du Styx as déserté les bords ;
Loin d’ici, barbare Euménide !
Tu n’as point part à mes accords.
Ce n’est ni haine ni vengeance,
C’est le plaisir, c’est l’innocence,
Que respirent nos Combattans ;
La charmante Paix qui les aime,
Préside souvent elle-même
A leurs jeux hardis & sanglans.
Du vice écartent les assauts ;
Ils nourrissent la hardiesse,
Ils ont fait les prémiers Héros.
Sous les yeux d’un Centaure habile
A sa valeur le jeune Achille.
Fit prendre le prémier essor,
Il prenoit les Cerfs à la course,
Il domptoit la Lionne & l’Ourse,
Avant qu’il combattît Hector.
Trouvoit tout docile à sa voix ;
Mais hélas ! devenu coupable,
Que de rebelles à la fois !
Suivi par le Peuple sauvage,
Le Lyon s’excite au carnage :
Il rugit, il se bat les flancs ;
En proïe à leur fureur extrême,
Le Troupeau, le Berger lui-même
Servent à leurs repas sanglans.
On courbe en Arc un bois pliant ;
On y pose la flêche aiguë,
Que le Nerf envoïe en sifflant.
Par ces sécours l’homme respire ;
Il semble reprendre l’empire
Qu’il eut dans le siécle innocent ;
Il insulte au Lion terrible,
Du Sanglier au crin horrible
Il brave l’yvoire trenchant.
Où courez-vous, jeunes Chasseurs ?
Le fidelle Echo de ces Plaines
Retentit de mille clameurs.
Par des chiens légers relancée
Tombe la Biche aux flancs percée ;
Ils la tiennent ; Non : elle fuit.
La peur la porte sur son aîle ;
Mais le trait, qui fuit avec elle,
La livre au Chasseur, que la suit.
Du jour répand les prémiers traits :
Sur l’émail odorant de Flore
Une Nymphe tend des filets.
Par le traître Apas appellée
Déjà mainte Cohorte ailée
Trouve une nouvelle prison.
La Nymphe, saisissant sa proïe,
Par des ris, enfans de la joïe,
S’applaudit de sa trahison.
Qui pour l’honneur de vos Vergers
Venez d’une ruse nouvelle
Préparer les nouveaux dangers ?
Sur vos rameaux la Glû perfide
Trahit la Colombe timide,
Ainsi que le hardi Moineau.
Sans égard pour ton chant si tendre,
Rossignol ! on va te surprendre,
Comme la Grive & l’Etourneau.
Je vois sur la main du Chasseur
Le Faucon avide de proïe,
Je vois l’Epervier ravisseur.
Un prompt essor aux cieux les guide ;
Ils tombent tel qu’un trait rapide ;
Malheur à qui vole sous eux.
Quelle est cette Amitié fidelle ?
L’adroit Chasseur qui les rappelle
Partage la proïe avec eux.
S’offre à mes regards allarmés.
D’une Canne d’Acier creusée
Cent nouveaux Chasseurs sont armés.
Du souffre bruiant qu’elle cache
Au gré du doigt le feu détache
Un Plomb, qui part avec l’éclair.
On diroit que l’art téméraire
A fait l’homme dépositaire
De la foudre de Jupiter.
Monte jusqu’à l’Astre du jour.
Atteint de ces foudres nouvelles,
Il tombe au terrestre séjour.
Qu’un fier sanglier dans sa rage
Des Chiens, des filets se dégage ;
L’Acier tonne ; il sçait le fixer,
O Vénus ! de si sûres armes
Vous auroient épargné les larmes,
Qu’un dur trépas vous fit verser.
Sous les eaux l’Astre du jour fuit :
Un repas rustique s’apprête ;
Déjà le feu chasse la nuit.
Déjà des Bêtes relancées
Les entrailles sont dispersées
Aux Chiens, Coureurs laborieux.
Des Chasseurs l’aimable Cohorte
Déjà, la coupe en main, s’exhorte
Aux exploits les plus glorieux.
Pour eux daigne s’intéresser ;
Il vient, hardi Chasseur lui-même
A table avec eux se placer :
Jeunes Chasseurs ! osez attendre
L’accüeil le plus doux, le plus tendre
Des beautés, qui charment vos yeux.
C’est de l’infatigable Alcide,
Et non de l’Echanson timide,
Qu’Hébé fait le prix dans les cieux.
Ode (*1)
I.
Prends un Arc, Nymphe du Permesse !Charge sur ton dos un carquois :
Epris d’une nouvelle yvresse,
Je venx <sic> te suivre dans les bois,
Que je t’aime, Nymphe propice !
Déjà docile à mon caprice
A mon gré tu guides mes pas.
Sous mes doigts ma Lyre résonne,
Et de la Fille de Latone
Nous allons chanter les combats.
II.
Toi qui de sang humain avideDu Styx as déserté les bords ;
Loin d’ici, barbare Euménide !
Tu n’as point part à mes accords.
Ce n’est ni haine ni vengeance,
C’est le plaisir, c’est l’innocence,
Que respirent nos Combattans ;
La charmante Paix qui les aime,
Préside souvent elle-même
A leurs jeux hardis & sanglans.
III.
Ces jeux, amis de la jeunesse,Du vice écartent les assauts ;
Ils nourrissent la hardiesse,
Ils ont fait les prémiers Héros.
Sous les yeux d’un Centaure habile
A sa valeur le jeune Achille.
Fit prendre le prémier essor,
Il prenoit les Cerfs à la course,
Il domptoit la Lionne & l’Ourse,
Avant qu’il combattît Hector.
IV.
L’Homme, souverain équitable,Trouvoit tout docile à sa voix ;
Mais hélas ! devenu coupable,
Que de rebelles à la fois !
Suivi par le Peuple sauvage,
Le Lyon s’excite au carnage :
Il rugit, il se bat les flancs ;
En proïe à leur fureur extrême,
Le Troupeau, le Berger lui-même
Servent à leurs repas sanglans.
V.
On taille la lourde massuë,On courbe en Arc un bois pliant ;
On y pose la flêche aiguë,
Que le Nerf envoïe en sifflant.
Par ces sécours l’homme respire ;
Il semble reprendre l’empire
Qu’il eut dans le siécle innocent ;
Il insulte au Lion terrible,
Du Sanglier au crin horrible
Il brave l’yvoire trenchant.
VI.
Quel feu se répand dans vos veines ?Où courez-vous, jeunes Chasseurs ?
Le fidelle Echo de ces Plaines
Retentit de mille clameurs.
Par des chiens légers relancée
Tombe la Biche aux flancs percée ;
Ils la tiennent ; Non : elle fuit.
La peur la porte sur son aîle ;
Mais le trait, qui fuit avec elle,
La livre au Chasseur, que la suit.
VII.
A peine la brillante AuroreDu jour répand les prémiers traits :
Sur l’émail odorant de Flore
Une Nymphe tend des filets.
Par le traître Apas appellée
Déjà mainte Cohorte ailée
Trouve une nouvelle prison.
La Nymphe, saisissant sa proïe,
Par des ris, enfans de la joïe,
S’applaudit de sa trahison.
VIII.
Est-ce vous, Pomone immortelle !Qui pour l’honneur de vos Vergers
Venez d’une ruse nouvelle
Préparer les nouveaux dangers ?
Sur vos rameaux la Glû perfide
Trahit la Colombe timide,
Ainsi que le hardi Moineau.
Sans égard pour ton chant si tendre,
Rossignol ! on va te surprendre,
Comme la Grive & l’Etourneau.
IX.
Mais quel prodige se déploïe ?Je vois sur la main du Chasseur
Le Faucon avide de proïe,
Je vois l’Epervier ravisseur.
Un prompt essor aux cieux les guide ;
Ils tombent tel qu’un trait rapide ;
Malheur à qui vole sous eux.
Quelle est cette Amitié fidelle ?
L’adroit Chasseur qui les rappelle
Partage la proïe avec eux.
X.
Quel bruit ! La forêt embraséeS’offre à mes regards allarmés.
D’une Canne d’Acier creusée
Cent nouveaux Chasseurs sont armés.
Du souffre bruiant qu’elle cache
Au gré du doigt le feu détache
Un Plomb, qui part avec l’éclair.
On diroit que l’art téméraire
A fait l’homme dépositaire
De la foudre de Jupiter.
XI.
Que l’Oiseau Roïal sur ses aîlesMonte jusqu’à l’Astre du jour.
Atteint de ces foudres nouvelles,
Il tombe au terrestre séjour.
Qu’un fier sanglier dans sa rage
Des Chiens, des filets se dégage ;
L’Acier tonne ; il sçait le fixer,
O Vénus ! de si sûres armes
Vous auroient épargné les larmes,
Qu’un dur trépas vous fit verser.
XII.
Mais le Cor sonne la retraite ;Sous les eaux l’Astre du jour fuit :
Un repas rustique s’apprête ;
Déjà le feu chasse la nuit.
Déjà des Bêtes relancées
Les entrailles sont dispersées
Aux Chiens, Coureurs laborieux.
Des Chasseurs l’aimable Cohorte
Déjà, la coupe en main, s’exhorte
Aux exploits les plus glorieux.
XIII.
L’aimable Dieu, qui fait qu’on aime,Pour eux daigne s’intéresser ;
Il vient, hardi Chasseur lui-même
A table avec eux se placer :
Jeunes Chasseurs ! osez attendre
L’accüeil le plus doux, le plus tendre
Des beautés, qui charment vos yeux.
C’est de l’infatigable Alcide,
Et non de l’Echanson timide,
Qu’Hébé fait le prix dans les cieux.
1(*) Si j’osois hazarder mon sentiment sur cette Piéce, je dirois qu’elle caractérise assez bien les différentes sortes de chasses, qu’elle est pleine de feu, de belles images, de descriptions poëtiques ; mais que les vers n’en sont pas soutenus & nerveux, que les Strophes ne sont point assez liées, que le trop grand nombre d’idées empruntées de la Fable y jette une sorte de confusion, & que la répetition des mêmes mots en quelques endroits fait soupçonner que l’Auteur l’a composée à la hâte.