Vestita nimium indulges, nimium ineptus es.
Nimium ipse est durus præter æquum, bonumque.
Il vient souvent me crier aux oreilles, vous aimez trop la bagatelle, vous donnez trop dans l’ajustement, mais il ne songe pas que sa severité s’écarte de l’équité & de la bienseance.
Quand je songe à donner d’utiles avis à mes Eleves, mes plus profondes meditations roulent sur certains sujets, que la plûpart des gens d’un solide merite méprisent trop, & qui servent d’unique merite à ceux, qui n’en ont point. Du nombre de ces sujets est sans contredit l’ajustement. Il faut conside-
Il est permis, il est même raisonnable, d’aider nos bonnes qualitez à s’attirer de l'estime, en saisissant l’occasion de prevenir les hommes en notre faveur, pour ainsi dire, du premier coup d’œuil. La qualité d’une personne, & la situation où la fortune la place, décident souvent de la maniere de s’habiller à son avantage.
panader aux yeux des hommes, manquent rarement de donner mauvaise opinion de leurs lumieres & de leurs sentimens.
Quand grossiéreté à ne se pas mettre en peine de quelle maniere l’on est bati, il y a ce me semble une espece de libertinage délicat, à tirer de sa figure, par l’ajustement, tout ce qu’on en peut tirer.
Ceux, qui se mettent dans l’esprit, que des qualitez réellement grandes suppleent à la négligence, qu’on a pour les bagatelles de la mode, sont trop severement punis tous les jours de leur peu de complaisance, pour qu’il soit naturel d’imiter leurs manieres.
Une expérience constante nous enseigne jusqu’à quel point il est difficile de ne nous pas arrêter à l’écorce de ceux
Pour ce qui regarde le beau sexe, j’ai resolu de lui communiquer mes lumieres, sur ce sujet, par le moyen d’un Commentaire étendu, que je vais faire sur un habit neuf, que ma chere
Par rapport à l’instruction des hommes sur le même sujet, je suis charmé pour l’amour d’une Université, où j’ai fait autrefois quelque figure, de ce qu’il s’y trouve à present un heureux genie pour ces minuties importantes. C’est une chose déplorable, que jusqu’à présent on revienne de ce séjour des Muses aussi incapable de s’habiller, que les Enfants qui sortent des mains de leurs Nourices. On
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Monsieur,
Quoique je prévoye que les Correspondans ne vous manqueront pas ici, je me flatte pourtant que ma Lettre obtiendra une place le joli homme de l’Université en titre d’office. Je considere quelquefois avec la plus grande mortification, l’obligation où je suis de porter un habit grave, ce qui ote à mon esprit inventif l’occasion de se faire valoir, en introduisant de nouvelles modes parmi les Nouriçons de imaginative ; ce qui n’est pas un petit sujet de triomphe pour moi.
Pour faire des progrès dans le genre d’érudition, que j’ai choisi, il faut avoir l’esprit aussi net, que le teint : c’est pour cette raison, que j’evite la compagnie des hommes, pour n’être pas obligé de boire, & que je ne fréquente gueres que les petites Coteries des Dames. Je connois en perfection toutes les parties qui composent leur ajustement, & je les sai nommer toutes par leur veritable nom. Mes amies ne font rien faire, sans m’avoir consulté ; & je crois pouvoir dire, sans me donner de trop grands airs, que je suis un grand genie pour bien tourner un nœud de ruban. Je me fais quelquefois un plaisir de manier l’éguille, & de broder de la mouseline pour la petite Mademoiselle Indienne. Sa cousine affecte de m’éviter, quand elle est dans son habit de Dimanche, que certains prétendus docteurs de notre art prennent pour sortir de la boutique, & que du premier coup d’œuil j’ai reconnu pour être lavé, & remis sous la presse.
Voilà, Monsieur, qu’elles sont mes lumieres acquises, que je serois bien aize de communiquer aux jeunes gens qui, comme moi, ont de la disposi-
Rien ne me paroit plus insupportable, qu’un homme stupide, qui est en même tems un salop. Quoi que tout homme ne puisse pas se remplir la tête d’érudition, chacun ne laisse pas d’être le maitre de porter une perruque de bon gout. Que celui, qui ne sauroit dire de jolies choses, montre du moins des dents blanches en riant des bons-mots des autres. Si quelqu’un se connoit incapable de faire des chansons, qu’il ait soin d’avoir la main belle & d’une peau douce. A qui ne sait pas parler savamment de triangles & d’arcs de cercle, il doit être permis de se séparer les sourcils par quelques coups de razoir.
J’espere que cette espece d’adoption ne me fera pas soupçonner de Papisme ; mais, à tout hazard, j’ose vous supplier de me soutenir par votre credit dans ce dessein, qui ne sauroit avoir rien de dangereux pour l’Eglise.
Au reste, je ne pretens pas que mes talens me donnent la moindre Jurisdiction, sinon sur ceux qui n’ont point de disposition à briller du côté de ce qu’on appelle mérite solide. Pour les jeunes gens qui ne songent qu’à leurs études, je les abandonne à leur mauvais gout, comme animaux indécrottables ; mais, je vous conjure de me donner une commission, pour gouverner sous vous, avec une autorité absolue, tout ce qu’il y a ici d’ignorans. Par là, j’aurai un titre, pour introduire ici de tems en tems certaines petites manieres bisarres de relever ou
J’ai composé un petit traité pour faire voir l’indecence des cravates à la cavaliere, quand elles accompagnent la Robbe ; & l’on m’a dit que ce petit ouvrage a son mérite. J’ai mis encore sur le papier à la hâte plusieurs Observations sur les bas, & sur differents coins. Mes amis m’asseurent que les plus habiles gens ne se feroient pas une honte de passer pour en être les Auteurs. Cepandant, je ne les donnerai pas au public, avant que de les avoir exposées à la critique de notre societé femelle. Je suis d’autant plus porté à faire cette démarche, que je suis sur d’avance des ses applaudissemens. Car, toutes mes amies avouent naturellement, que j’entens mieux ces sortes de matieres, qu’elles mêmes. Je serois charmé d’être encouragé par un homme comme vous à l’éxécution de mes grands desseins, puisqu’après mon ambition de mettre notre Université de bon-gout, je n’en ai pas de
Monsieur,
Votre &c.