Le Spectateur inconnu: Troisième Feüille.
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Troisième Feüille.
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Exemplum
Si l’on sçait bon gré aux
Voyageurs du détail qu’ils font des mœurs & des coûtumes
répanduës dans les pays qui ont été l’objet de leur
curiosité, on ne doit pas être moins obligé à un esprit
philosophe qui s’applique à nous peindre les caracteres des
personnes que le hazard lui fait rencontrer. Les premiers
tableaux surprennent nôtre admiration, mais les seconds
servent infiniment à nous corriger, en nous representant
vivement des qualitez dont les unes excitent le desir de
l’imitation, & les autres une serieuse attention sur
nous-mêmes, pour éviter le ridicule que nous condamnons dans
autrui.
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Les Caffez sont des endroits trés-propres à faire
des découvertes utiles & agréables ; c’est-là où le
ridicule d’une certaine espece de gens se montre sans
nuage ; aussi je ne manque pas de m’y trouver quelquefois ;
mais au lieu de me mêler dans la conversation, je me tiens
isolé dans un petit coin où j’écoute tout, au hazard de
passer pour misantrope. J’y restai hier une heure entiere,
je n’entendis d’abord que des censures ou des loüanges
outrées d’une piece de Théâtre sur laquelle le jugement du
public n’est plus douteux. Je m’ennuyois furieusement de
mille fades raisonnemens sur la poëtique, quand ma bonne
fortune inspira enfin à un jeune petit
Maître de venir me dérider le front.
Aletophile est un homme trop rare pour être négligé,
aussi j’aurai soin de l’agacer de tems en tems.
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Dialog
Vous voilà bien serieux, me
dit-il, à vôtre air reveur je gagerois, Monsieur,
que vous êtes le Spectateur inconnu, qu’on est si
avide de démasquer, ne gardez pas l’incognito pour
moi, vous trouverez un homme qui peut vous être plus
utile que vous ne pensez. Sans être déconcerté par
un compliment si brusque, je lui répondis qu’il ne
devoit pas se donner tant de peine pour déceler un
homme dont la manie étoit peut être d’être
mysterieux, & qu’il falloit le laisser dans
l’impenetrable obscurité où il lui plaisoit de se
renfermer. Sa curiosité ainsi trompée, il ne se
rebuta pas. Quoique vous me disiez, continua-t-il,
je soupçonne que si vous n’êtes pas le Spectateur
inconnu, vous êtes sans doute un de ses amis ; il y
a je ne sçai quel air de philosophie répandu sur
vôtre visage, qui fait augurer quelque liaison avec
lui. Ainsi je vous dirai tout ce que j’aurois dit au
Spectateur, persuadé que vous lui rendrez compte de
nôtre conversation. Charmé du début de mon
avanturier, je l’animai à me rendre le confident des
belles choses qu’il avoit tant d’envie de me faire
sçavoir. Je suis, ajoûta-t-il, de trés-mauvaise
humeur contre vôtre ami, outre qu’il
donne un air trop erudit à ses feüilles, il n’a pas
fait encore l’honneur aux petits Maîtres de les
citer. Si vous me demandez quel interêt je prends à
la gloire de ces Messieurs, je vous répondrai que je
suis du nombre, un pareil aveu ne doit pas vous
surprendre ; les petits Maîtres reçoivent tous les
jours tant d’éclat, que ce nom autrefois
deshonorant, est devenu un titre glorieux. Cependant
le Spectateur ne perdroit pas son tems, s’il se
donnoit la peine de tous considerer de près. Où en
seroient ses Confreres, s’ils n’étoient attentifs à
les moindres traits de nôtre agréable ridicule ;
tantôt ils attaquent nôtre frisure, tantôt le vent
qui dérangeant cette galante économie, nous rend
moins beaux aux yeux de nos Philis & de nos
Sylvies. Nous sommes pour eux une source inépuisable
d’avantures ; dans le détail des moindres intrigues,
ils nous y font briller ; & la peintûre de nôtre
joli manege, sert plus que toute autre chose à
exciter des impressions durables de plaisir. A ce
prélude je m’applaudis dans moi même du bonheur que
j’avois de m’entretenir avec un homme d’une humeur
si charmante, je ne pûs m’empêcher de lui marquer ma
joye. Ce n’est pas tout, ajoûta-t-il, n’est-ce pas à
nous que ces mêmes Spectateurs sont
redevables du talent d’enrichir nôtre langue, de je
ne sçai combien d’expressions, qui pour n’être pas
dans le Dictionnaire de l’Academie, ne laissent pas
d’avoir une harmonie & une grace qui charme
l’oreille ? Que vous dirai-je ? à force de peindre
un aimable ridicule, ils nous donnent la joye de les
compter pour nos émulateurs, on apperçoit dans leurs
ouvrages un certain ton, des certaines manieres,
qu’ils ont puisé dans nôtre commerce, lors même
qu’ils nous épioient pour nous décrier. Vôtre ami
l’inconnu a beau faire, aprés bien des courses
faites dans la Republique des Lettres, il sera
encore trop heureux d’avoir recours à nous, à moins
qu’il veüille manquer à l’engagement qu’il a pris
avec le public. Il me paroît, lui répondis-je, que
vous vous interessez vivement à la fortune du
Spectateur inconnu, ne craignez pas que la matiere
lui manque jamais. La foule innombrable d’Auteurs
que Paris voit éclorre tous les jours, le garantit
de cet écüeil. S’il en faut juger par ses premieres
feüilles, il paroît qu’il aura seulement recours à
vous, pour délasser quelquefois le Lecteur qu’il
aura serieusement amusé. Tant pis, repliqua mon
Avanturier, ce projet ne fait pas nôtre
compte ; nous avions comploté de mettre tous les
Spectateurs dans le goût de parler sans cesse des
petits Maîtres, le concert des suffrages de la
Nation, est unanime là-dessus, dans la persuasion
qu’il nous sera infiniment glorieux de mettre un
grand nombre de gens, dans la necessité de s’occuper
de nos exploits. Vous me direz que notre vanité est
bien peu flattée par ces peintures odieuses de nos
mœurs & de nos inclinations. Vous vous trompez
si vous croyez qu’elles nous offensent ; il suffit
qu’on parle de nous, pour nous mettre au comble de
nos vœux ; rien ne nous afflige plus sensiblement
qu’un silence dédaigneux,
A ce trait d’extravagance, je ne pûs
m’empêcher de rire : surpris cependant de
l’ingenuité d’Aletophile, c’est le nom du blondin :
je lui insinuai qu’un langage si naïf n’annonçoit
pas un petit Maître ; cette espece de gens,
ajoutai-je, ne passe pas pour veridique ; Philosophe
enjoüé, vous cherchez sans doute à me faire une
agréable illusion, & vous vous avoüez coupable
des défauts qui caracterisent les
petits Maîtres, pour donner plus de vivacité à la
peinture que vous en faites. Point du tout, replique
Aletophile, je ne me donne pas pour un autre, je voi
la source de cette erreur, parce que vous ne me
trouvez pas d’abord le talent de mentir à mon
honneur & gloire, vous me disputez le titre de
petit Maître, si j’avois le bonheur de vous voir
quelquefois, vos doutes seroient bientôt éclaircis ;
je puis vous assurer que je mens aussi joliment
qu’un autre, sur tout auprès d’une Belle, c’est-là
où je fais merveille. Cependant je me lasse
quelquefois du ton menteur, à peu près comme on se
dégoûte des mets les plus exquis ; vous me trouvez
justement dans le quart-d’heure où je suis friand de
la verité. Mes Confreres qui sont dans l’habitude de
mentir continuellement, appelleroient ces accès, des
mouvemens convulsifs ; un Philosophe leur donneroit
le nom d’intervales lucides, pour moi je cherche
alors un rafinement de volupté. Je vous avoûrai
qu’outre le plaisir du changement, j’y trouve un
autre avantage, mon esprit quelque fertile qu’il
soit en mensonges, s’épuise, alors il m’en coûte
moins pour attraper le vrai. Frapé de l’originalité
du personnage, je lui répondis, que
cette violente démangeaison d’être veridique, ne
devoit pas du moins se tourner contre lui-même. Vous
m’impatientez, repliqua-t-il, avec toute la sagacité
dont vous vous piquez, vous n’avez pas encore saisi
nôtre vray caractere, vous ignorez que la loy
souveraine d’un petit Maître, est de parler
éternellement de lui, ainsi je dégenererois si je
suivois vôtre conseil, puisque me voilà dans
l’instant où je ne puis resister à la passion de
dire la verité, honorez-moi de vôtre attention,
quand un homme de ma trempe se met en frais de ce
côté-là, vous pouvez compter qu’il ne dit rien qui
ne soit exactemnt <sic> vrai, vous allez être
enchanté de ma sincerité. On m’avoûra qu’Heraclite,
ce grand pleureur de l’Antiquité, n’auroit pû
s’empêcher de quitter son triste personnage, s’il
avoit rencontré un homme si extraordinaire ; aussi
je me tenois des deux côtez, étouffant presque de
rire. Vous n’y êtes pas encore, continue Aletophile,
quand vous verrez les suites de l’accès qui me
prend, vous ne pourrez cesser de faire le Démocrite.
Que je me sai bon gré de déconcerter vôtre
philosophie ! je me flatte que celle du Spectateur,
ne tiendra pas davantage contre mes
saillies ; comme je sçais qu’il se mêle de peindre
la plûpart des gens qu’il loue ou qu’il blâme : Je
veux vous faire ici le portrait d’un petit Maître,
il pourra le mettre en œuvre dans quelqu’une de ses
feüilles, & vous les trouverez certainement
d’après nature : Ecoutez-moy seulement.
Dans le tems que mon avanturier rassembloit
toutes ses couleurs pour achever son tableau, il fût
tout d’un coup interrompu par un de ses amis appellé
Pseudochtus. Laisse, lui dit-il, ton Philosophe.
Voilà bien tôt cinq heures. As-tu oublié que la
Marquise de C. nous a prié de siffler une piece de
Théatre ? Il est tems de partir. Là-dessus
Aletophile m’a quitté, en me disant qu’il trouveroit
l’occasion de s’entretenir encore avec moy ; qu’il
me prioit d’avance de ne point le rebuter, supposé
que je le trouvasse dans le goût d’être menteur : Il
est aisé de deviner ma réponse. Je lui ai fait
entendre que dans quelque situation qu’il fût, que
se serois charmé de le voir.
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Exemplum
& je vous
avoûerai en confidence, que je regarde comme un
Heros, ce fameux Herostrate, qui pour consacrer sa
memoire à la posterité la plus reculée, mit le feu
au Temple d’Ephese.
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Fremdportrait
Un petit Maître est
un agréable menteur, l’arbitre souverain des
ajustements, le mignon de l’amour ; la beauté la
plus fiere ne lui coûte que des legers assauts :
tout rend hommage à ses appas ; toûjours enchanté
de sa figure ; il ne trouve que défauts dans le
reste de l’Univers. Narcisse vivement épris de son
image, il ne sçauroit imaginer de perspective plus
agréable que la sienne, aussi est-il toûjours
attaché à un miroir ; ennemi du bon sens & de
la raison, il est l’adorateur de la folie, sa
politesse est de n’en point avoir ; il fait des
impromptus composez à loisir ou déja imprimez ;
luy seul entend l’art de tourner un compliment, de
se mettre avec grace ; qu’on parle d’une femme,
eut-elle la réputation d’une Vestale, il ne manque
pas de dire que sa vertu a été un foible rempart
contre ses charmes ; il s’érige en historien
fidele de ses intrigues qui n’existent que dans
son imagination ; il fait gloire de déclamer
perpetuellement contre le beau sexe ;
il paye d’un mépris impertinent les honnêtetez
qu’on lui fait ; il triomphe lorsqu’il fait un
détail recherché des bagatelles les plus frivoles,
se vantant de sçavoir combien de vermillon doit
mettre une Dame pour animer ses graces naturelles,
combien de papillotes il faut employer pour la
coëfure à la bichonne ou à la moutonne, comment il
faut s’y prendre pour noüer un ruban avec
élegance.
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Brief/Leserbrief
Monsieur, En qualité de
Spectateur, vous avez un droit acquis aux reflexions que
je vous envoye : elles roulent sur un ouvrage qui a un
rapport assez marqué avec le vôtre. Quoique l’Auteur aye
dédaigné le titre de Spectateur, il n’en fait pas moins
les fonctions, se bornant cependant à donner l’histoire
de la Republique des Lettres. En voilà assez pour vous
désigner les nouvelles Litteraires. Ce projet commencé
par une personne peu capable, est aujourd’hui continué
par des gens habiles ; le merite de celui qui en est
principalement chargé, est universellement reconnu. On
ne sçauroit trop louer les Auteurs de ce projet, dont
l’utilité se fait aisément sentir, outre les lumieres
que les historiens & les Auteurs y
puiseront ; ceux qui veulent acheter des Livres, auront
l’avantage de connoître facilement ceux qu’on imprime
tous les jours dont ils feront un choix éclairé, par le
secours du détail abregé des matieres qui y sont
traitées. Dans le tems que la Republique des Lettres
fournit des plumes pour apprendre à la posterité les
actions des Princes & des Heros, il étoit honteux
qu’il n’y eût personne parmi nous qui travaille à
l’histoire Litteraire ; la voilà confiée à des personnes
capables de la rendre veritablement interessante ; il
est à souhaiter qu’ils continuent un ouvrage si curieux.
Le premier essay qui a parû donne de belles esperances.
L’esprit de moderation & d’équité qui regne dans la
Préface, les réflexions sensées dont elle est
assaisonnée, répondent d’avance de la bonté de
l’ouvrage. Cependant comme j’en ay fait une lecture
reflechie : Voici quelques observations que j’ai faites
& qui me paroissent assez justes ; on me fera
plaisir de me faire connoître si je me suis trompé. Sans
avoir l’humeur trop critique, je n’approuve pas la
résolution de loüer plûtôt que de blâmer. Le motif sur
lequel on l’appuye paroît frivole. Si l’esprit de
moderation demande qu’on ne sevisse pas
impitoyablement contre un Auteur ; la raison s’éleve
contre des éloges injustement donnez ; la louange devant
être l’image & l’expression du jugement, ne
s’attirera t’on pas le mépris des connoisseurs, en la
prostituant aux écrivains qui la meritent le moins ? il
faut donc ne porter aucun jugement, où aprecier
équitablement le merite de chaque ouvrage. J’avoüerai
ici que j’ai été revolté en voyant des Poëtes latins
modernes, comparez à ceux du siecle d’Auguste, j’en
atteste les Auteurs de cet éloge. Sont-ils bien
persuadez d’un si étrange paradoxe ? Sans faire ici le
procés à ces Poëtes si fort vantez, on sçait communément
que les Vers latins qu’on fabrique aujourd’hui, sont des
centons & des rhapsodies, ils ne sont même trouvez
beaux qu’autant qu’on y apperçoit une imitation de ceux
de meilleurs siécles ; les bons critiques font à peine
grace à ceux de Vida, de Sannazar & de Fracastor,
& leur sentiment est appuyé sur des raisons solides.
La plus grande difficulté qu’on trouve en étudiant les
langues, est de connoître la proprieté & la valeur
des expressions, si nous avons de la peine à saisir
l’énergie de nôtre langue maternelle ; comment pouvons
nous nous flater de sentir les beautez d’une langue morte, de démêler tous les rapports que
chaque mot a l’un avec l’autre. Je m’imagine que si les
Romains se fussent mêlez de faire des Vers grecs, ils
auroient étez traitez de Cotins & de Pelletiers. Si
Virgile & Horace revenoient dans le monde, ils
riroient sans doute en voyant bisarrement unis tant de
mots, qui ne sont pas faits pour se trouver ensemble. Je
ne vois pas pourquoi l’on se hâte de donner les titres
des ouvrages, qui ne doivent paroître qu’après des
années entieres ; cela ne sert qu’à remplir deux ou
trois lignes de la brochure. N’est-on pas obligé
d’annoncer encore les ouvrages lorsqu’ils paroissent ;
il faudroit se borner à une histoire du present, &
éviter surtout d’entrer dans aucun détail d’un ouvrage
qu’on n’a pas lû, parce que n’étant pas medité, il se
trouve quelquefois peu exact ; je fais cette reflexion
pour empêcher qu’on ne croye legerement ce que les
Auteurs toûjours amoureux de leurs productions,
affectent de répandre à leur avantage ; de là viennent
des éloges prematurés que le Public désavoüe, pourquoi
porter ses vûës jusques dans l’avenir, dans le tems
qu’on paroît s’occuper si peu du present ? c’est ainsi
qu’on a gardé un profond silence en annonçant les deux
traductions de Denis d’Halicarnasse , au
lieu de marquer les differens jugemens que les
connoisseurs en ont fait. Si l’on vouloit menager un des
traducteurs, il falloit se borner aux fonctions
d’historien, sans prendre le ton critique ; la simple
narration du fait l’auroit mis dans l’impuissance de se
plaindre. Des affectations si marquées décreditent ces
sortes d’ouvrages, aussi bien qu’un stile trop négligé,
& des méprises frequentes. C’est encore un
inconvenient de prophetiser la fortune d’une piéce de
Theâtre, dont le succés ne devient assûré que par les
suffrages du Public ; pourquoi s’exposer au danger de
donner de fausses esperance ? Il falloit annoncer
simplement la Marianne de M. Voltaire, lorsqu’il donna
son Artemire, personne ne lui disputoit les qualitez
poëtiques dont on fait l’énumeration : cependant le même
public qui avoit applaudi à son Œdipe, ne crût pas
devoir faire le même honneur à cette seconde Tragedie,
quoique l’Auteur en eut auguré le plus heureux succès.
Au lieu de prendre le ton prophetique, ne valoit-il pas
mieux après avoir annoncé la fortune étonnante d’Inés de
Castro, marquer le jugement que les connoisseurs en ont
fait en la lisant ? jugement qui va jusqu’à faire rougir
quelques-uns, de n’avoir pas démêlé au
travers des prestiges de la déclamation, les défauts
d’une piece si monstrueusement disposée. Voilà, Monsieur
le Spectateur, les réflexions que je vous prie d’envoyer
à un de vos confreres, qui, soit dit sans vous déplaire,
a le talent d’interesser plus que vous ; les sçavantes
nouvelles qu’il nous communique, valent bien les
portraits que vous nous donnez de certaines personnes
dont vous avez peut être la malice d’embellir le
ridicule, je suis, & c.
Zitat/Motto
D’étaler à nos yeux une amoureuse Scene,
Où les Acteurs viendront des paroles au fait.
Où les Acteurs viendront des paroles au fait.
Zitat/Motto
Un grand Seigneur du Portugal
Pressant la Motte Houdart, Poëte sans égal, De mettre Inés
en Tragedie, Je le veux, dit l’Auteur, &
même je parie Que mon ouvrage aura des endroits aussi beaux
Que ceux qu’on voit au Cid, sans avoir ses défauts. Et moi,
reprit Damon, en secoüant l’oreille, Je gagerois, Monsieur,
que trop vous promettez. Donnez-nous seulement les défauts
de Corneille, Nous vous quittons de ses beautez.
Zitat/Motto
Baron déclame avec
tant d’art Les grands Vers de la Motte Houdart, Qu’on croit
entendre des merveilles ; Mais quand Dupuis les donne au
Lecteur curieux. Ce qui fit par l’Acteur, les charmes de
l’oreille Devient par l’Imprimeur, le suplice des yeux.