J’ai reçu depuis quinze jours une si grande quantité de lettres, qu’à peine aurois-je, désormais, le tems de lire, si cette abondance devoit continuer. Ceux qui ont pris la peine de les écrire me pardonneront de ne leur avoir pas fait de réponse ; ils doivent regarder comme une très-bonne excuse le court espace de tems que six pages de composition, par jour, peuvent me laisser. Je vais pourtant tâcher de m’acquitter en rendant leurs lettres publiques ; car c’est apparemment ce qu’ils ont souhaité. Je sacrifie aux uns mon amour propre, aux autres, ma modestie ; & si tous sont justes & sçavent sentir, ils
Mon cher Monsieur,
Je crois que voici la premiere fois qu’on vous écrit de la moyenne région de l’air ! pour ne pas vous tenir en suspens (défaut que j’avois il y a deux mois, & dont votre exemple m’a cor-
Les habitans ne sont pas une des moindres curiosités du pays. Dans leur jeunesse ils se louent à leurs voisins ; & ceux qui ont eu le bonheur de se voir à l’épreuve du mousquet jusqu’à soixante ans, reviennent avec l’argent qu’ils ont gagné, & les membres qu’ils conservent, achever leurs jours parmi
Voilà, mon cher Monsieur, pour ce qui est du lieu d’où je vous écris ; voici pour ce qui est du dessein que j’ai en vous écrivant ; c’est pour vous dire que je vous trouve trop retenu dans vos Feuilles. Je suis ici dans un pays de liberté, où toutes productions sans hardiesse, paroissent des hommes sans vigueur ; & les Suisses, vigoureux & francs, comme vous sçavez, n’estiment que leurs semblables : je serois d’ailleurs un peu bien-aise que vous vous fissiez mettre pour deux ou trois mois à la similis similem amat, &c. &c.
Si l’Auteur du Importante observation. : il doit le sçavoir ; mais cela lui est échappé dans une énumération rapide des moyens artificiels qu’employent les femmes, pour plaire & rajeunir à nos yeux.
Il n’a pas fait attention non plus qu’après sa protestation sur la vérité des histoires qu’il rapporte, celle du mari aux dentelles, désigné comme Fermier Général, va devenir publique, si elle est vraie, & sera sûrement mise sur le compte de quelqu’un quand le fait ne seroit pas vrai ou seroit fort ancien. Peut-être est-ce un moyen de faire
Monsieur.
Je lis vos Feuilles avec beaucoup d’exactitude toutes les fois qu’elles paroissent : la variété qui se trouve dans cet Ouvrage me plaît assez, c’est même ce qui m’a engagée à exciter la petite société dont je suis le membre, à les lire.
Il faut que je vous décrive cette petite société, & les objets dont elle s’occupe : elle est composée de douze personnes de l’un & de l’autre sexe : les assemblées se tiennent l’hyver chez celui des membres qui a l’appartement le plus commode & le plus échauffé. L’été elles se tiennent dans le jardin de
Vous imaginez peut-être que dans nos assemblées nous y parlons de cho-commeil <sic> est, c’est-à-dire, de modes, de bijoux, d’habillemens, de carrosses, de cheveux, de maisons de campagne, de plaisirs de chasse, de promenades, de repas somptueux, &c. point du tout : nous n’y parlons pas même d’affaires de Religion ni d’Etat : nous n’avons aucuns entretiens de ce qu’on appelle guerre, marine, &c. nos occupations & nos entretiens se tournent du côté des Sciences : la Physique & l’Agriculture sont celles qui nous affectent ordinairement ; l’économie sur-tout est la partie à laquelle nous nous attachons le plus intimément, nous convenons tous qu’elle doit être au-dessus des autres sciences dans le Monde comme il est.
Quoique tous ces objets paroissent assez étendus, & qu’ils méritent tout notre travail, nous ne laissons pas encore d’analyser toutes les productions
Le vôtre intitulé : le rapport de ces trois Académiciens que je vous envoye.
Nous soussignés, Commissaires nommés pour l’examen des quatre premieres semaines d’un Ouvrage périodique, intitulé : comme ils sont, c’est-à-dire, d’un format qui n’est point au profit des Lecteurs : les caracteres trop gros forment des lignes plus écartées qu’elles ne devroient être, les marges ont deux doigts de largeur, c’est trop pour une brochure, & le prix en conséquence nous paroît trop cher, puisqu’un volume de trois cens quatre-vingt pages, qui ne fait que la grosseur des in-12 ordinaires, se payera trois livres quatre sols en feuilles Feu M. le Président du * *, riche de quatre-vingt mille livres de rente, m’écrivit il y a quelques années, une très-longue lettre sur une pareille matiere. Dans une dissertation de six grandes pages, il me prouva qu’un Ouvrage que je venois de faire paroître, étoit trop cher de dix-huit deniers. Je le crus, lui en fis mes excuses dans une réponse de trois cens cinquante pages écrites sur le plus beau papier du monde, pour lui prouver que je n’étois ni avare, ni paresseux ; & ne diminuai point le prix de mon Livre..
comme il est, se sentent aisément gênés d’une dépense très-médiocre. Avec ces changemens nous croyons que le débit en sera plus grand, l’acquisition plus aisée, & que la société en pourra continuer la lecture.
Fait au Manoir Rural, ce 23 Avril 1760. Signés,
Vu le rapport de du Au Manoir Rural, ce 24 Avril 1760. Secrétaire de l’Académie Champêtre.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur,
Votre très-humble & très-obéissante servante,
Au Manoir Rural en , ce 25 Avril 1760.