Citation: Anonym [Eliza Haywood] (Ed.): "Avertissement du traducteur", in: La Spectatrice. Ouvrage traduit de l'anglois, Vol.1\000 (1750 [1749-1751]), pp. 2-3, edited in: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Ed.): The "Spectators" in the international context. Digital Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.2472 [last accessed: ].


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Avertissement du traducteur.

Le livre dont on donne aujourd’hui la traduction a été reçû si favorablement en Angleterre, qu’on a été obligé d’en faire une seconde édition peu de tems après la publication de la première ; on a crû reconnoître dans ce pays là, les originaux dont l’Auteur a fait le portrait, ou dont il a publié les avantures <sic>; mais des decouvertes de cette nature sont toûjours <sic> fort incertaines, & peu interessantes pour des étrangers. D’ailleurs l’Autheur <sic> lui-même s’est fortement déclaré contre de semblables interprétations ; son Livre peut aisément se passer de ce secours, il est en lui-même très estimable, tant par les excellentes refléxions morales qu’il renferme, que par les petites histoires qui leur servent d’appuy & d’ornement, & qui y sont narrées de la façon la plus simple & la plus naturelle. L’auteur a laissé le merveilleux aux fai-[3]seurs de Romans, & il s’est contenté de peindre les mœurs & les coûtumes de sa nation.

A l’égard de cette traduction, l’on n’entreprendra pas d’en faire l’apologie, assez de Traducteurs ont exaggeré les difficultés d’un tel ouvrage, afin qu’on leur pardonnât l’imperfection & la dureté de leur style.

On se recriera peut-être dès l’abord contre le titre de cette Traduction ; & il faut en convenir, quoique le terme de Spectatrice ne soit pas nouveau, l’usage qui s’est déclaré contre celui d’Authrice, semble par là avoir proscrit le premier dans un sens à peu près semblable ; mais il faloit exprimer le sèxe vrai ou prétendu de l’Auteur, le but qu’il se propose, & l’affinité qu’il s’attribue avec le Spectateur Anglois. On auroit pû lui donner simplement le titre de Spectateur Femelle, en traduisant litteralement celui de l’original ; mais cette expression paroissoit basse, peu correcte, & on n’osoit pas s’en servir. En voilà peut-être déjà trop sur ce sujet ; ne nous occupons point à écrire ce que personne ne lira, dont on ne nous tiendra aucun compte. ◀Level 1