Je suis convaincu quʼavec le tems on me louera de
l’attention, de l’inquiétude,
La Tour de
les Lions de la Tour,
Ayant ainsi disposé de ces deux Pupilles, je penserai à loisir au
troisiéme. Je lui trouve cette subtilité naturelle d’esprit qui se
découvre plutôt par son silence en certaines occasions, que lors
qu’il parle & qu’il dit sa pensée. Il réussira dans une Place où
il suffit de ne commettre point de fautes pour se pousser plus loin
que des Génies brillans ne pourroient le faire dans une situation
plus relevée. Comme il est bien fait de corps & d’esprit, &
qu’il attrapera facilement les belles manieres, je pourrai le
mettre, en qualité de Page, à la suite d’une Princesse, où apprenant
à vivre, cela seul lui fera faire plus de chemin dans le monde,
qu’il n’en feroit autrement avec les qualités les plus éclatantes.
La bonne Mine porte
Je n’ai eu rien à écrire de cet
Endroit Le beau monde sortant
de la Villa vers le mois de Mai & de Juin, on ne jouë
presque aucune pièce jusqu’au retour des gens de
qualité. depuis que le Théâtre ne va plus.
Cependant y ayant passé ce soir, j’ai trouvé que la Compagnie y
étoit occupée à examiner le stile qui doit régner dans les Lettres
de Galanterie. Les sentimens là-dessus ont été fort partagés. Les
uns y vouloient de la douceur ; les autres de la délicatesse ; un
troisiéme, je ne sai quelle tendresse qui ne se peut exprimer. Quand
ç’a été à moi à parler, j’ai dit qu’il n’y a d’autre règle au monde
pour faire de bonnes Lettres que d’écrire, autant qu’il se peut,
comme on parleroit dans un tê-
Almanza. La veille de cette fatale
journée, ils écrivirent l’un & l’autre à leur Maîtresse commune.
Un de ces Messieurs, nommé Careless, étoit un
de ces Hommes de bonne humeur, mais indolens, qui prennent le tems
comme il vient. On le jugeroit à la maniere dont sa Lettre est
pliée ; cela s’est fait si négligemment qu’on la pourrait lire
presque toute entiere sans l’ouvrir. Quoiqu’il en soit, la voici.
C’est une chose fort plaisante qu’au moment où je
devrois songer à la bonne Compagnie que nous devons rencontrer
en un jour ou deux pour nous bourrer, je vais penser à une belle
Ennemie que j’ai en . Je
croyois vous avoir laissée dans ce Pais-là ; mais vous suivez
l’Armée, quoi que j’aie eu recours à quelques-unes de nos Dames
suivantes pour vous faire quitter la Campagne. Tout ce qui me
console. C’est que vous incommodez encore plus mon Colonel que
moi. Je vous permets de me rendre, visite de loin à loin ; mais
vous êtes nuit & jour avec lui. Je m’en moque à son nez,
autant que sa gravité me
le peut permettre, & je sai bien qu’il a trop
de mérite pour réussir jamais auprès d’une Dame. Vous n’avez
donc qu’à vous tenir sur vos gardes. Vous ne résisterez pas aux
beaux habits, & à ce petit air étranger que vous me verrez
cet hiver. En attendant, je suis &c.
Je me donne l’honneur de vous écrire ce soir, parce
que je crois que demain sera un jour de bataille, & j’ai
quelque pressentiment que j’y dois perdre la vie. Si cela
m’arrive, j’espere qu’on vous apprendra que je n’ai rien fait
d’indigne d’un homme qui a pour sa Patrie un amour animé par la
belle passion qu’il ressent pour une Dame très-vertueuse. S’il y
a quelque grandeur à courir à une Mort certaine ; si l’on peut
se faire
un mérite de courir à cette mort avec plaisir,
parce qu’elle promet une place dans votre estime ; si les Eloges
que vous me donnerez quand je ne serai plus, sont préferables à
la plus glorieuse vie que je pourrois passer loin de vous ; s’il
est, dis-je, Mademoiselle, aucune de ces considerations qui soit
de quelque poids auprès de vous, je tiendrai dans votre souvenir
un rang que je ne cederois pas pour toute la gloire de
. Je verse des larmes en vous écrivant cette
Lettre ; & j’espere que vous la lire dans la même
disposition.
Vous saurez que cette Demoiselle ne manque ni d’esprit ni de
jugement. Cependant elle m’a ingénument avoué, qu’estimant plus le
Colonel, elle n’a pleuré que le Capitaine. Ces Ames si grandes &
si fermes, qui ont une force égale aux plus grands malheurs, ne
paroissent presque point à plaindre. Il semble au contraire que l’on
ne peut être insensible au fort des cœurs plus foibles qui sont
exposez aux plus tristes avantures, & quelquefois cette
compassion conduit à l’amour. Ajoutez à cela que l’espece d’Amour
qui succede à celui de la Galanterie, est ennemi du respect & de
la contrainte. Lors que je deman-J’aurois dû prendre
mais je croi que son Rival l’auroit emporté.