Pendant que Petit-Maître.
Le Petit Maître est un Homme toujours digne de
compassion, & qui se corrigera certainement à la fin, s’il vit
assez long-temps pour cela, ses desordres ne venant ni de son choix
ni de son inclina-Petit-Maître est celui qui déplaît le moins,
parce qu’il n’est pas toujours dans l’égarement & que, dans ses
bons intervales, ce que l’on voit en lui de grand & d’aimable
fait une especc de compensation pour ses foiblesses.
Mais combien voyons-nous dans ces lieux, de sots Impertinens qui
s’efforcent de devenir ce que cet Homme-là souhaite de tout son cœur
de n’être point ? Ce C’est environ à cette heure-là
que les gens de qualité qui demeurent près de la Cour,
sortent de table, & prennent le chemin des Caffés,
&c. dans ce Quartier sur les six heures du
soir. Cela seul, si je ne me trompe, devroit corriger un Homme qui a
du sens. Quand oh voit des Copies si hideuses de soi-même, ne
doit-on pas avoir honte de l’Original, & prendre garde à mieux
regler des actions qui peuvent servir de modèle ? Ne pense-t’on
point que celui qui montre le chemin aux autres se rend complice du
crime de tous ceux qui le suivent, & que la contagion de
l’exemple d’un
À ce propos, observons que les Vices où l’on s’engage par imitation,
& que l’on tient, pour ainsi dire, de la seconde main sont
toujours les plus choquans. On ne peut donc comprendre que des
Hommes, qui parôissent avoir encore le sens-commun, puissent être
assez fous pour trouver, dans ces mauvais Exemples, des charmes qui
les entraînent contre leurs Petit-Maitre. Quelque quantité de vin qu’il avale,
quelques Petit-Maitre à juste titre. Pour entrer dans cet Ordre, il
faut être vicieux involontairement, & non par choix & par
études. Excluons-en aussi, pour de semblables raisons, tout ce que
1’on appelle Hommes du bel air, tous les
Amans transis, & toute cette espece d’Hermaphrodites qui ne font
que se regarder l’un l’autre pendant qu’ils sont avec les Dames.
J’exclus de la même prétention ceux dont tout le mérite se borne à
vuider la bouteille. C’est le plaisir de boire, & non celui de
la Société qui forme leur troupe Bacchique. S’il ne faut que faire
du Bruit, battre & assassiner, un Sot animé par le vin est
capable de toutes ces prouesses. Je l’ai dit & je le repéte de
nouveau, le Petit-Maitre a naturellement de
l’esprit, & ces Beuveurs furieux n’en ont ni avant ni pendant
leur yvresse.
Comme le Petit-Maitre est un Homme qui fait un
abus continuel de sa Raison, la Coquette
parmi les Femmes est celle qui fait constamment un mauvais usage de
sa beauté. Mlle. Cupidon, qui y est peint, est la seule figure qu’elle y
étudie. Vous diriez que ce petit Amour & elle se font les doux
yeux. Peut-on rencontrer l’heureux moment où cet aimable objet
n’occupe point ses regards ? Elle pourra bien alors trouver le
loisir de vous rendre un Salut. Il faut néanmoins, pour en obtenir
cette faveur, que la quinte l’en prenne, & que ce ne soit pas en
présence d’un Homme de plus grande qualité que vous. Telle est son
extrême politesse que les personnes les plus considerables sont les
seules qu’elle voit dans une Compagnie, & cette Belle, qui
éclate de rire dans l’Eglise,
Parnasse par le Poëme heroique. Vous
saurez donc que la Belle a chez elle un Perroquet, qu’elle caresse,
qu’elle baise, qu’elle écoute, qu’elle admire, en un mot qui étoit
son favori a-
A des Amans mortels faisoient fort les cruelles,
La Chronique
galante ajoute que les Dieux
Rarement sans succès leur faisoient
les doux yeux.
Sur un point toutefois cette ancienne
Chronique
D’une maniere obscure, à mon avis,
s’explique ;
Prétendant que ces Dieux, auprès de nos
Beauté,
Dûrent se travstir, pour en être écouté.
Si le Dieu n’eût du Cigne emprunté le plumage.
Que
sai-je, belle Iris, Oiseau charmant
Ne cache point chez vous
quelque pareil Amant ?
Vos yeux, des Immortels méritant tout
l’hommage,
Les pourroient, s’il le faut, abbaisser
davantage,
Que ce beau Perroquet est fier de vos
faveurs !
On diroit qu’il en sent le prix & les
douceurs.
Quels regards amoureux ! Quels transport de tend-
Bannissant pour jamais les Pigeons de sa
Cour,
Fera des Perroquets le Symbole d’Amour.
Je trouve cette Proposition allez raisonnable, de donner la
préference au Perroquet, si le Pigeon est banni. Le premier
représente l’état d’un Amant qui recherche ; & le dernier est
l’image d’un Amour qui possede. Mais pour accommoder les choses, ne
pourroit-on point faire comme les gens qui attellent un troisiéme
Cheval à un Carrosse ? A cet Exemple, le Char de
A Monsieur ,Censeur général de la
Il y a trois mois que je suis Majeur, & j’en ai
passé six à où je suit
venu de l’Université. En arrivant ici on m’addressa chez un
Certain , qui me
fournit à son gré de tout ce qu’il crut convenir à un Homme de
mon ordre. Je lui demandai Certificat qu’il ne me manquoit rien,
Il me répondit qu’il y penseroit, & sur ce que je retournai
hier à la charge, il me dit qu’il y avoit pensé, & qu’il me
falloit encore 60. ou 80. Pistoles de nipes, pour être complet.
J’ai commandé tout cela, & je vous prie de me dire en quelle
classe de gens
vous me mettrez quand je serai équippé de la
sorte. Apprenez-moi ce que je sai, & me croyez, &c.
Quelque envie que j’aie d’encourager les Novices, je ne sai bonnement
où placer celui-ci. Je ne puis deviner par sa Lettre quelle est sa
personne, ni en quoi consistent ses habits. Mais en passant chez
Anglois tourverent sur la Flote
d’Moisi.