Le Philosophe nouvelliste: Article XI.
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Article XI.
Du Caffé de Guillaume, le 3. Mai.
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Metatestualità
Citazione/Motto
Seul de tous les mortels libre, fier, intrepide,
Caton ne cede point à ce torrent rapide.
Au dessus de sa tête il ne voit que les Dieux ;
Et, pendant que tout suit le Char victorieux,
Abandonné de tous, il se reste à lui-même,
Sa vertu lui suffit dans ce peril extrême ;
De ses foibles amis refusant la pitié,
D’un superbe Tyran dédaignant l’amitié,
Seul ayant à César disputé la Victoire,
Seul, dans sa chute même, il remporte la gloire.
1Tel on voit dans les airs des Astres le plus beau,
Lorsque quelque Planete en cache le flambeau,
Son absence soudaine allarme la Nature,
Tout tremble, tout fremit dans cette nuit obscure.
Les mortels effrayez pour le Pére du jour
S’empressent à l’aider dans le peril qu’il court.
Ici l’on fait entendre & Tambour & Timbale
Pour chasser par le bruit le Dragon qu’il avale.
Là le Dévot timide, humblement à genoux,
De ce Dieu, qu’il adore & qu’il croit en courroux,
Travaille par ses vœux à flêchir la colere.
Cet Astre néanmoins, dont l’aimable lumiere
Pendant quelques momens se dérobe à nos yeux,
Conserve son éclat, le porte jusqu’aux Cieux,
De tout le Firmament éclaire l’étendue,
Dans les Globes de feu qui roulent sur la nue
Se peint toujours lui même en la même grandeur,
Et revenant à nous n’en paroit que plus pur.
De mon Cabinet, le 4. Mai.
De toutes les Vanités qu’il y a sous le Soleil, celle de se glorifier de ses Ancêtres est, à mon avis, la plus grande. Cependant, puisque la coutume & le préjugé veulent que le sang nous communique l’honneur des belles Actions que d’autres ont faites, & que d’ailleurs certaines gens me prennent pour un Zero en chiffre, quoique j’aie toujours pris le titre d’Ecuïer, on ne doit pas trouver mauvais que j’apprenne au monde ce que je suis, & que je donne ma Genéalogie. Je la publie ici telle que je l’ai reçuë de l’un de mes Parens qui a quelque Emploi dans le Bureau des Herauts d’Armes. On me dira peut-être que je ne dois pas trop compter là-dessus ; que les Arbres Généalogiques sont fort sujets à caution ; que ceux qui les dressent n’ont pas été confidens de nos Meres ; & qu’il faudroit être plus fins, qu’ils ne le sont, pour suivre, à la piste, la descente du sang sans le perdre de vuê en quelque endroit. J’en conviens, & cela même doit imposer silence aux railleurs. Qu’ils nous donnent, s’ils l’osent, une relation de leurs Familles aussi fidelle que l’est celle que je donne à présent de la nôtre, & je n’en veux pas davantage pour les punir de leurs mauvaises plaisanteries. Au reste, les affaires du Blason sont d’une nature si délicate, que, pour éviter toute erreur, je copierai la Lettre de5mon Parent, mot pour mot, sans y changer une seule syllabe.Livello 3
Lettera/Lettera al direttore
1Les Vers suivans sont de Mr. Saber Hughes connu par la Traduction de l’Enlevement de Proserpine, de Claudien
2On verra bien par la suite que tout ceci est fort satirique contre l’Auteur, & contre l’Ouvrage.
3Il y avoit alors à Londres quelques Fanatiques Anglois & François qui faisoient beaucoup de bruit par leurs prétendus dons prophetiques.
4Boileau dans son Ode, parlant de Louïs XIV, dit que La Plume sur sa tête Attire tous les ragards. Et Mr. Brossette remarque là-dessus, que le Roi portoit toûjours à l’Armée une plume blanche autour de son Chapeau.
5On a vu dans la Préface que cette Pièce a été écrite par un Officier, Bel Esprit, nommé Mr. Twisden.
6Pour entendre ceci, & la suite ; il faut savoir que la derniere syllabe du nom de Bickerstaff, c'est-à dire Staff, veut dire un Bâton. Cela fournit à l'Auteur de cette Lettre le sujet d'une peinture satirique qu'il fait de plusieurs Professions differentes, qu'il suppose être les diverses branches d'une même Famille, à laquelle il donne le nom commun de Bâton pour les raisons que l'on verra ci-après.
7Les gens du Païs de Galles prétendent être tous nobles, & se piquent particulierement de l’antiquité de leurs Familles qu’il comptent toûjours par siecles.
8L’Histoire rapportée Genese XXX. 37. a fait naître l’impertinente opinion que Jacob étoit Astrologue ; & l’on a souvent ouï parler de la Baguette, ou du Bâton de Jacob, comme d’un Instrument de Magie. On appelle encore ainsi les baguettes qui servent à découvrir les choses cachées, & un Instrument qui sert à prendre les hauteurs des Astres du Mer.
9C’est à peu-près ce que signifieroit en Anglois le nom de Bickerstaff, si en changeant une ou deux lettres on prononçoit Bigger-staff.
10On appelloit autrefois Bâtons toutes sortes d’armes offensives. Voy. Rabelais Liv. I. Chap. XXIV. & la Note du savant Commentateur à la page 171. Edit. 1711.
11La Province de Kent est fameuse par la quantité de houblon que l’on y cultive. Il faut pour cela de grandes perches, fortes & hautes & de là vient le sobriquet de longues queuës que l’on donne aux gens de cette Province.
12Thomas Becket, Archevêque de Cantorbery, fut tué dans sa Cathedrale en 1170, par les Chevaliers Morvill, Tracy, Britton & Fritz-Urse pour vanger Henri II. insulté à toute outrance par ce Prélat, qui étoit soutenu par les Papes.
13« II y a voit autrefois des gens qui chantoient l'Iliade une branche de laurier à la main, & qu'on appelloit à cause de cela les Chantres de la branche, ??? ». Boileau, Reflex. II. C’est à cette branche ou baguette des Chantres d’Homere que notre Auteur fait allusion.
14Une Loi faite de nos jours en Angleterre y a presque fait disparoitre tous les Voleurs de grand chemin. On donne 40. livres sterlin de recompense à quiconque en fait attraper & pendre un. Cette recompense est accordée à un Voleur qui fait pendre son camarade, & par ce moïen on a détruit la confiance qui est nécessaire entre eux pour exercer leur Brigandage.
15La Baguette blanche est la marque des premiers Officiers de la Couronne d'Angleterre. Ceux qui ont ces Baguettes sont quelquefois si puissans auprès des Rois, qu'il y en a eu qui se sont moqués de la Chambre des Communes, composée de plus de 500. personnes.
16Le nom que l'Auteur leur donne marque le peu de confiance que l’on peut prendre en des personnes de ce Caractere.
17Sir John Falstaff. C’etoit un scelerat à qui l’on fit le procès, & qui fut executé pour ses crimes. On en a fait imprimer la Rélation dans un Recueil que l’on a donné depuis peu, sous le titre de, Procès des Voleurs de grand chemin.
18Il veut parler des gens de Loi & de Justice, les Sergens, les Connétables &c. ont de grands Bâtons à pomme d'yvoire, ou d'argent, qui sont les marques de leur Office.
19C’est une erreur populaire, qui attribue ici cette vertu au septieme Fils, & l'Auteur l'adopte pour ajouter en badinant ce qui suit.