Du
Drurylane, pour le profit de la un planteur de Cornes.Horner nous représente au naturel les mœurs du
temps, Sous auquel la Pièce fut
composée. L’Amour, mais un Amour déréglé, faisoit alors la principale
occupation de la vie, &, pour être vu de bon oeil à la Cour, il
falloit posseder l’Art de corrompre les Femmes. Si ce n’étoit pour
Mes bons Amis, & mes AssociezRéformateurs des Mœurs, ont, à
mon avis, porté trop loin la severité de leur jugement contre le
Théatre, & contre les Personnes qui le fréquentent. Pour moi, je
reconnois qu’une bonne Pièce, représentée devant une Assemblée
d’honnêtes-gens, ne peut que fournir de puissans motifs à se bien
conduire, & qu’il n’y a guere de moïen plus prompt & plus
efficace pour donner, à la Jeunesse quelque teinture de bon goût &
de Politesse. Cette Reflexion me rappelle que je suis Historien. Je
soutiendrois mal ce Caractere, si je ne rapportois pas fidelement les
choses. Je ne dois donc pas perdre cette occasion d’avertir un jeune
Seigneur qui étoit pris de boisson, lorsqu’il vint hier au soir se
placer dans les Loges, de l’avertir, dis-je, que tous ses Amis eurent
honte pour lui de l’état où il parut. Les Dames Bickerstaffs. Je tiens au-dessous de
moi, de censurer les grands défauts, & de flétrir publiquement
l’abandon au Vice. Mais quand il s’agit de corriger des fautes
d’Indécence ; de ces fautes que l’on commet par un oubli de son rang,
& qui viennent de ceux dont l’exemple influe sur le Peuple ; c’est
un soin qui me regarde ; je m’en suis chargé d’office, & j’ai des
Espions dans tous les lieux d’assemblée qui me donnent avis de tout ce
qui s’y passe. Que l’on se le tienne donc pour dit : Si
Au sortir de la Comédie, mes Amis & moi nous rendons d’ordinaire à ce
Caffé dans l’esperance d’y trouver quelque nouveau Poëme, ou quelque
autre Pièce divertissante, entre les Gens d’esprit & les agréables
Débauchez, dont le nombre est fort petit aujourd’hui. Mais il est
étonnant qu’il y ait si peu d’Ecrivains, lors que l’Art de faire des
Livres est devenu purement méchanique, & que l’on peut s’y rendre
habile par des règles aussi certaines & infaillibles que vous pouvez
devenir Charpentier ou Masson. Ce qu’un Colporteur vient de crier, il
n’y a qu’un moment, nous en fournit un bon Exemple ; il débite des Instructions àSuite de l’Avis aux
Poëtes.
Poeme, sur les glorieux succès des Armes de Sa
Majesté, l’année derniére en ,
sous le Commandement du
Eh bien, que doit faire ensuite cet Ouvrier ? Afin qu’il
connoisse toute la gran-
Pour ce qui regarde l’intrépidité, le calme, la présence d’esprit, & l’application constante de cet illustre Capitaine, il n’est pas nécessaire que l’Ouvrier s’en mêle ; vous n’avez qu’à lui ordonner en gros, qu’il l’éleve aussi haut qu’il pourra, & s’il ne le fait pas, tant pis pour lui. Mais recommandez-lui sur tout,
Il ne seroit pas plus difficile de tenir tout prêt pour la Campagne
suivante, un Poëme entier de cet ordre, qu’il l’est de laisser un vuide
dans le Canevas d’une Tapisserie pour la Figure principale ; pendant
qu’on travaille au reste. Desorte qu’à dire le vrai, celui qui se mêle
de Avis au Peintre. Notre Auteur
a taillé de la besogne à d’autres Ouvriers, & donné ses Avis aux Poëtes, c’est-à-dire, aux Tourneurs de Vers, ainsi qu’il les appelle. Autre
sujet épuisé. Il s’adresse donc aujourd’hui aux Tisserands, & il
leur ordonne une nouvelle Tenture de Tapisserie à l’honneur de la
derniére Campagne de
Il faut avouer que cette Invention me plait beaucoup, & qu’on
pourrait la rendre utile à l’avancement de nos Manufactures. Supposé,
par exemple, qu’un Homme d’Esprit adressât un tel Poëme, en forme
d’Avis, à nos Imprimeurs de Toile ; croyez-vous qu’il y ait aucune Fille
en Prise de l’Isle, ou la Bataille d’
Si les Avis de notre Poëte étoient bien executez, cela donneroit de
l’émulation à quantité de Personnes industrieuses. II y a déja une
semaine que le petit Mr. Jacobite) de tricotter, dans les coins
d’une paire de bas, toutes les actions du Prétendant, & du
Je ne finirois pas, si je voulois compter toutes les Personnes, &
toutes les Professions qui pourroient être mises en œuvre, par les
Poëtes de la tournure de ce donneur d’Avis. J’y penserai à loisir, &
je consulterai même là-dessus, un Homme