Arque inter sylvas Academi quærere verum.
Hor. L. ii. Ep. ii 44.
Afin que je puße distinguer le Juste d’avec l’Injuste, & chercher, en Academicien, la Verité au milieu des Forêts.
i. Nous en avons qui se tirent de la nature même de l’Ame, & surtout de son Immatérialité, qui, sans être absolument nécessaire pour la rendre immortelle, a été poussée, si je ne me trompe, jusques à la Demonstration, ou peut s’en faut.
ii. Il y en a d’autres qui se prennent de ses Passions & Sentimens intérieurs, par exemple, de l’amour qu’elle a pour son existence, de l’horreur qu’elle témoigne pour son aneantissement, de l’esperance de l’immortalité, dont elle se nourrit, de la satisfaction secrete qu’elle trouve dans la pratique de la Vertu, & de l’inquietude qui l’accompagne d’abord qu’elle est tombée dans le Crime.
iii. La troisiéme Classe est fondée sur la nature de l’Etre suprême, dont la justice, la Bonté, la Sagesse & la Veracité conspirent toutes à l’établissement de ce point capital.
Mais, entre toutes ces Preuves pour l’Immortalité de l’Ame, il y en a une qu’on peut tirer de son progrès continuel
Un Homme, consideré dans son état dit
Lib. Sic, quia pperpetuus nulli datur usus, & hæres Hæredem alterius, velut unda supervenit undam.
On ne diroit pas qu’il fût né pour jouïr de la Vie, mais pour la communiquer à d’autres. Ceci n’est pas surprenant à l’égard des Animaux, qui sont créez pour nôtre usage, & qui peuvent fournir leur carriere en peu de tems. Le Ver à soie, après avoir filé sa tâche & son tombeau, devient Papillon, pose ses œufs & meurt. Mais un Homme n’a jamais acquis le degré de Connoissance où il pouvoit aspirer, ni eu le tems de vaincre ses Passions, d’afermir son Ame dans la Vertu, & d’atteindre à la perfection de sa Nature, lorsqu’il disparoît de la Scène. Un Etre infiniment sage voudroit-il former de si excellentes Créatures pour un dessein si bas ? Se plairoit-il à produire des Intelligences d’une si courte durée ? Nous donneroit-il des Talens pour les enfouïr, & de vastes Desirs qu’il est impossible de satisfaire ? Cette admirable Sagesse, qui éclate dans tous ses Ouvra-
Je ne croi pas que la Religion nous fournisse une idée plus agréable ni plus propre à triompher de tout, que celle du progrès continuel de l’Ame qui cherche à perfectionner sa Nature, sans qu’elle arrive jamais à un certain période fixe. N’y a-t’il pas quelque chose qui s’accorde merveilleusement bien avec cette ambition qui est naturelle à l’Esprit de l’Homme, de s’imaginer qu’il obtiendra tous les jours de nouveaux degrez de Force, de Vertu, de Connoissance & de Gloire dans toute l’Eternité ? Que dis-je ? Ce spectable ne sauroit que plaire aux yeux de Dieu, satisfait de voir que ses Créatures s’embellissent de jour en jour, & approchent de plus en plus de sa ressemblance.
La seule consideration du progrès, dont un Esprit fini est capable, sufit pour éteindre toute sorte d’Envie dans les Natures d’un Ordre inferieur, & toute sorte de mépris dans celles d’un rang plus élevé. Ce Cherubin, qui paroît aujourd’hui comme
Avec quel étonnement & quelle vénération ne devons-nous pas regarder nos Ames, où il y a de si riches trésors de Vertu & de Connoissance, des sources si fécondes & inépuisables de Perfection ? Nous ne savons pas encore ce que nous serons, & l’Esprit de Homme ne concevra jamais la Gloire qui sera toujours en réserve pour lui. L’Ame considerée avec son Créateur, est comme une de ces Lignes, en Mathématique, qui peut s’aprocher d’une autre à l’infini, sans qu’elle puisse jamais y atteindre. Peut on se former une idée plus ravissante, que celle de nous représenter à nous-mêmes dans ces aproches continuelles vers cet auguste Souverain, qui est non seulement le Modèle de la Perfection, mais aussi le Centre du Bonheur.
L.