Le Spectateur ou le Socrate moderne: LXX. Discours
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Nivel 1
LXX. Discours
Cita/Lema
Interea sacra hæc,
quando huc venistis amici,
Annua, quæ disterre nefas, celebrare faventes
Nobiscum, & jam nuc sociorum assuescite mensis.
Annua, quæ disterre nefas, celebrare faventes
Nobiscum, & jam nuc sociorum assuescite mensis.
Virg. Æneid. VIII. 172.
Puis donc que vous êtes venus ici comme nos Amis, célebrez avec nous cette Fête annuelle, qu’on ne doit jamais négliger, & contentez-vous de la chere que vous font vos Associez.Metatextualidad
Sur les Fetes qu’on
célèbre en Angleterre.
Metatextualidad
Sur les Fetes qu’on
célèbre en Angleterre.
Nivel 2
Relato general
Autorretrato
Mon amour pour la retraite,
joint au desir de rendre visite à un de mes anciens Amis
& de voir la Campagne, qui est à present dans toute
sa beauté,
Diálogo
O
trois & quatre fois heureux sont les Mortels, qui
ont la Vertu pour Guide, qui ne sont enviez de personne
& qui méritent d’être admirez de tous les
Philosophes !
Metatextualidad
Je me
flate que les Dames qui lisent mes Speculations me
pardonneront pour cette fois, si j’insere ici la Lettre
suivante, où un vieux Gentilhomme se plaint de
l’impertinence de leur Sexe. Il me semble qu’il n’a pas
tout-à-fait tort, & que ses plaintes méritent quelques
égards. Le Public en jugera.
Nivel 3
Carta/Carta al director
Mr. le Spectateur.
Relato general
« J’eus le bonheur, ou le
malheur (je ne sai lequel des deux je dois dire, )
d’aller, un jour de Fête, à la Maison de Campagne
d’un de mes Amis : Du moins ; certaines choses à
part, je ne fus jamais mieux régalé en ma vie ; mais
après le diné, on voulut se promener dans le Bourg,
pour y badauder avec les autres, & j’y fus
assailli par de jeunes Impertinentes d’une telle
manière, que j’ai résolu de ne me trouver plus à de
pareilles Fêtes. L’une me donnoit du coude & me
disoit, Je vous prie, Monsieur, regardez un peu
cette jeune Fille au teint vif avec son Galant ;
voïez la belle mode ; l’Homme marche sur le pavé sec
contre la muraille, pendant que la pauvre Demoiselle
se crote dans la bouë pour se tenir à
son côté. Il faloit ensuite que j’observasse toutes
les Dames & la situation de leurs Eventails qui
couvroient le côté gauche de leurs Visages, pour les
garantir du Soleil, qui leur donnoit à plomb sur le
côté droit. Une autre me tiroit par la manche, afin
que je prisse garde à une Coifure, qui penchoit trop
d’un côté, ou qui paroissoit trop reculée. Aussitôt
après, on venoit à critiquer les queuës des Habits,
& j’étois obligé d’en dire mon sentiment. De
sorte, mon cher Monsieur, que je fus tourmenté comme
un miserable tout le reste de la journée, afin que
vous puissiez mieux juger de la nature de mon
suplice, il est bon de vous avertir, en peu de mots,
que je suis presque septuagenaire, d’une humeur fort
reservée & pensive, & que je ne manque pas
de severité pour être un digne Spectateur, si mes
autres talens repondoient à ceux-là. Je suis,
&c. Silvestre Roustan.
Metatextualidad
Il faut aussi que je demande
excuse à l’un & à l’autre Sexe pour les Vers suivans. Je
ne les admets que pour encourager un jeune Poëte de la
Camapagne qui commence à versifier.
Cita/Lema
Sur une Fête à la
Campagne. Les premiers raïons de l’Aurore,
A peine venoient-ils d’éclore,
Que les Nymphes & les Bergers
Se rendirent dans nos Vergers
Pour y célebrer, par leurs Danses,
Notre Fête, avec nos Vacances,
Les Flutes & les Chalumeaux,
Imitant le chant des Oiseaux,
Eveillent toutes nos Bergeres,
Les rendent promtes & legeres,
Et leur impriment de l’ardeur,
Sans faire brêche à leur pudeur.
Deux choses ornent ces Pucelles ;
Point de Bijoux, point de Dentelles ;
Un Habit simple, propre & net,
Tout frais sorti du Cabinet,
Au surplus, une mine aisée,
Des plus nobles Dames prisée.
Elles font leur préparatif,
D’un air riant, mais attentif,
Et couvrent leurs petites Tables
De mets simples & délectables :
Un bon Gigot & un Poudin
Sont les grands Plats de leur Festin.
Ou si leur basse-Cour leur donne
Un Cochon de lait & foisonne ;
Alors les Convives en train,
Chacun son Gobelet en main,
Chantent, célebrent sa naissance,
Et de sa chair font grand’bonbance.
Allons, qu’on perce nos Barris
De Biere & d’Aile, & que les Rits
Accompagnent notre Musique :
Faisons à nos Guerriers la nique.
Que la Paix regne dans ces Lieux,
Et buvons tous a qui mieux mieux.
A peine venoient-ils d’éclore,
Que les Nymphes & les Bergers
Se rendirent dans nos Vergers
Pour y célebrer, par leurs Danses,
Notre Fête, avec nos Vacances,
Les Flutes & les Chalumeaux,
Imitant le chant des Oiseaux,
Eveillent toutes nos Bergeres,
Les rendent promtes & legeres,
Et leur impriment de l’ardeur,
Sans faire brêche à leur pudeur.
Deux choses ornent ces Pucelles ;
Point de Bijoux, point de Dentelles ;
Un Habit simple, propre & net,
Tout frais sorti du Cabinet,
Au surplus, une mine aisée,
Des plus nobles Dames prisée.
Elles font leur préparatif,
D’un air riant, mais attentif,
Et couvrent leurs petites Tables
De mets simples & délectables :
Un bon Gigot & un Poudin
Sont les grands Plats de leur Festin.
Ou si leur basse-Cour leur donne
Un Cochon de lait & foisonne ;
Alors les Convives en train,
Chacun son Gobelet en main,
Chantent, célebrent sa naissance,
Et de sa chair font grand’bonbance.
Allons, qu’on perce nos Barris
De Biere & d’Aile, & que les Rits
Accompagnent notre Musique :
Faisons à nos Guerriers la nique.
Que la Paix regne dans ces Lieux,
Et buvons tous a qui mieux mieux.