Sugestão de citação: Anonym (Ed.): "XLVI. Discours", em: Le Spectateur ou le Socrate moderne, Vol.6\046 (1726), S. 297-301, etidado em: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Ed.): Os "Spectators" no contexto internacional. Edição Digital, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1626 [consultado em: ].


Nível 1►

XLVI. Discours

Citação/Divisa► Qui bellus homo est, Cotta, pusillus homo est.

Mart. Lib. I. Epigr. X.

Mon Ami Cotta, celui qui se pique d’être un agréable parleur est souvent un fort petit Génie. ◀Citação/Divisa

Metatextualidade► Sur la mauvaise Plaisanterie, & l’afectation du Stile enjoué. ◀Metatextualidade

Nível 2► Ciceron a observé qu’une Raillerie n’est jamais prononcée de si bonne grace, que lors qu’elle est accompagnée d’un air fort serieux. Si elle paroit sur les traits du visage avant qu’elle sorte de la bouche, les Auditeurs s’en font une si haute idée, que leur surprise en diminue beaucoup. L’Esprit & l’Enjouement ne perdent pas moins par un certain Langage afecté qui aproche de celui des Mystiques & des faux-Dévots. Le Ridicule n’est jamais si vif, que lors qu’il se montre sous un air grave. La veritable Plaisanterie con-[298]siste dans la pensée, & naît de la représentation des Images dans des circonstances grotesques & des vûes tout extraordinaires. C’est alors qu’elle nous frape par la seule force de sa beauté naturelle ; mais elle perd plus quelle <sic> ne gagne, lors qu’elle est revètue de ces tours afectez, qui sont si à la mode parmi les pretendus Plaisans de nos jours. On peut dire qu’ils ressemblent à nos Bateleurs, qui croient donner de l’esprit à leur Bouson, par la bigarrure de l’habit dont ils le couvrent.

Nos petits Auteurs Burlesques, qui sont les délices des Lecteurs du commun, abondent d’ordinaire en ces sortes de Phrases, où il y a plus de vivacité apparente que d’esprit réel.

Metatextualidade► Je vis en dernier lieu une Lettre écrite de ce stile, qui me parut si remarquable, que j’en demandai une Copie à la personne qui me la montroit. Elle venoit d’un bel Esprit de la Campagne qui l’écrivit à l’occasion de l’Anniversaire du Couronnement du Roi. La voici mot pour mot. ◀Metatextualidade

Nível 3► Carta/Carta ao editor► Satire► Mon cher ami,

À deux heures après-minuit par un tems de Geleé.

« Je viens de laisser notre venerable Maire avec ses Myrmidons autour d’une [299] Jatte de Punch, qui en peut contenir une vingtaine de bouteilles. Tous nos Magistrats étoient assez bien conditionnez lors que je me suis tiré le nerf. Notre Ami l’Alderman avoit un pié dans la Vigne du Seigneur avant que le Feu de joie fût éteint. Nous avions avec nous le Procureur, & deux ou trois autres bons Compagnons qui ne manquent pas de brillant. Pour le Ministre, il n’aime pas à se divertir à la vûe du Public.

A neuf heures du soir nous mimes le feu à la grande Prostituée de Babylone. Le Diable joua son rôle dans la perfection, & ce petit Coquin s’est presque enrichi par-là. Aussi nous en coûta-t-il une piéce de six sols chacun pour le bien équiper. Le vieux Brown, cet Anglois de la vieille roche, s’enivra de tout son cœur, & donna des preuves de sa loïauté, au bruit d’une centaine de Fusées volantes. La Populace but la santé du Roi à genoux, & trouva la Biere forte brassée chez la bonne Day si delicieuse à son goût, qu’elle en expedia une demi-douzaine de Barriques. Peu s’en falut que le pauvre Tho. Tyler ne fût demantibulé par la baguette d’une Fusée volante qui lui tomba sur le nés & lui fit perdre une bonne partie de la Rasade qu’il beuvoit [300] à la santé du Roi. La Populace parut très-loïale jusques vers le minuit ; mais alors elle devint un peu mutine, pour avoir un nouveau renfort de Boisson. Elle auroit même deconcerté l’air grave de Mr le Juge de Paix, & aplati peut-être les coutures de son Habit, si son Clerc ne fût venu à son secours, & ne les eût tous marquez de blanc & de noir.

Après que les Huzzas redoublez m’eurent privé de tous mes sens, j’allai voir les Dames, qui grenouïlloient ensemble de fort bonne amitié. La Femme de Mr le Maire commençoit à bredouiller, & à jaser comme une Pie borgne.

J’oubliois de vous dire que tous les Officiers & Soldats de la Milice avoient une Cocarde à leurs Chapeaux ornée d’un Distic, & que les Senateurs nous en avoient envoié une Batelée pour servir dans cette occasion.

Mr. le Chevalier Richard **** se mit en grands fraix pour montrer son zéle en faveur de la Religion Protestante ; il lui en coûta une Barrique godronée & un Bal. J’épiai dans sa grande Salle, où il se tenoit, & j’y vis une assez jolie volée de jeunes Pucelles. Ma chere Moitié étoit de la partie, & je puis dire, sans la trop louër qu’elle embloit une Contredanse aussi [301] bien que la plus fretillante d’entre elles.

Pour Conclusion je souhaite que tous les fidéles Sujets de Sa Majesté aiment autant le Piot, que son bon Peuple de cet ancien Bourg le cherit. Adieu. » ◀Satire ◀Carta/Carta ao editor ◀Nível 3 ◀Nível 2 ◀Nível 1