Sugestão de citação: Anonym (Ed.): "LV. Discours", em: Le Spectateur ou le Socrate moderne, Vol.6\055 (1726), S. 342-346, etidado em: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Ed.): Os "Spectators" no contexto internacional. Edição Digital, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1625 [consultado em: ].


Nível 1►

LV. Discours

Citação/Divisa► Tantum inter densas, umbrosa cacumina, fagos
Assidue veniebat : ibi hæc incondita solus
Montibus, & sylvis studio jactabat inani.

Virg. Ecl. II. 3.

Il se promenoit souvent à l’ombre des Hêtres épais où il faisoit ses plaintes améres, quoiqu’inutiles, aux Bois & aux Montagnes, ◀Citação/Divisa

Nível 2► Metatextualidade► Il y a quelque tems que j’ai reçu la Lettre suivante, qui pourra bien n’être pas desagréable à ceux de mes Lecteurs qui ont le cœur tendre & qui n’ont rien à faire. ◀Metatextualidade

[343] Nível 3► Carta/Carta ao editor► Mr. le Spectateur,

« La semaine derniere, un de mes Amis mourut d’une Fiévre, qu’il avoit atrapée à se promener un peu trop tard au serein parmi ses Moissoneurs. Je dois vous avertir qu’il aimoit beaucoup l’Agriculture & le Jardinage, & qu’il en faisoit ses plus cheres délices. Il avoit quelques Marotes qui ne sembloient pas quadrer avec le bon-Sens qu’il avoit d’ailleurs. Quoi qu’il fût très-civil & bien élevé, il ne pouvoit s’empêcher de marquer son inquietude dans la compagnie des Femmes ; & le soin qu’il prenoit d’eviter une certaine Allée de son Jardin, qu’il avoit autrefois le plus fréquentée, donna lieu à quantité de vaines conjectures dans le Village ou ils demeuroient. Lorsqu’aprés sa mort, nous fouillames ses Papiers, nous en découvrimes la raison, qu’il n’avoit jamais insinuée à ses meilleurs Amis. Il avoit été passionément Amoureux dans sa jeunesse, comme on peut le voir par quantité de Lettres qu’il a laissées. Je vous envoïe une Copie de la derniere qu’il ait jamais écrite là-dessus, & vous verrez qu’il y cache le veritable nom de sa Maîtresse sous celui de Zelinde.

[344] Nível 4► Carta/Carta ao editor► Metatextualidade► Lettre d’un Amant passioné à sa Maîtresse, qui le paia d’ingratitude. ◀Metatextualidade

La longue absence d’un Mois me seroit insuportable, si l’affaire qui m’occupe n’étoit pour le service de ma chere Zelinde, & d’une telle nature qu’elle m’en rappelle à tout moment le souvenir. J’ai meublé mon Logis selon votre goût, ou, si vous voulez, selon le mien ; puisque j’ai appris depuis long temps à ne rien approuver que ce qui vous agrée. L’Apartement destiné à votre usage est une Copie si exacte de celui où vous demeurez, que je crois souvent être chez vous lorsqu’il m’arrive d’y entrer tout d’un coup mais je soupire lorsque je n’y trouve pas celle qui doit l’habiter. Par la Fenêtre de votre Cabinet, vous aurez la plus agréable vûe que l’Angleterre puisse jamais fournir : J’en aurois du moins cette idée, si l’étendue & la varieté du Païsage ne me rapelloient d’abord la distance qui est entre nous.

Les Jardins sont d’une grande beauté ; toutes les Haies sont garnies de Chevreféuille ; il y a des treilles & des Berceaux dans tous les coins, & j’en ai fait un petit Paradis terrestre autour de moi ; mais, ainsi que le premier Homme dans sa belle Solitude, je ne suis heureux qu’à demi sans une Compagne avec qui je puisse partager mon Bonheur. J’ai ordonné une Allée pour deux Personnes, où je me flate de goûter mille & mille plaisirs dans votre Conversation. Je m’y promene déja tous les Soirs, & j’ai formé un sentier tout auprès de la Haïe de cette petite Allée, [345] dans l’agréable pensée où j’étois que vous marchiez à mon côté. Je me suis entretenu bien des fois avec vous dans cette Retraite où las de la promenade, nous nous sommes assis au milieu d’une Allée de Jasmins. Les transports de joïe où je tombe dans ces Conversations imaginaires m’ont rendu, depuis quelque tems, le sujet du babil de toute la Paroisse ; mais un jeune Païsan, qui en conte à la Fille de mon Fermier, m’a découvert, & il en a répandu le bruit dans tout le voisinage.

A l’égard des Arbres fruitiers, je n’ai pas oublié les Pèches que vous aimez tant. J’ai fait planter une Allée d’Ormes le long de la Riviere, & j’ai ordonné qu’on y femât (sic) par tout des Primeverts, dans l’esperance qu’elles vous feront autant de plaisir que celles qu’on voit à la Maison de Campagne de Mr votre Pere, & dont je vous ai entendu parler quelquefois.

Oh ! Zelinde, quel Plan d’une vie heureuse n’ai-je pas tracé dans mon Imagination ! A quels Rêves ne m’abondonnai-je pas durant la veille ! Quand est-ce que les six sémaines, qui sont entre moi & le bonheur dont je me flate, seront écoulées ?

Comment pûtes-vous interrompre si brusquement votre derniere Lettre, & me dire que vous deviez vous ajuster pour aller à la Comédie ? Si vous aimiez autant que j’aime, vous ne trouveriez pas plus de compagnie dans une foule, que [346] j’en trouve dans ma solitude. Je suis, &c. ◀Carta/Carta ao editor ◀Nível 4

Metatextualidade► Sur le dos de cette Lettre, le défunt avoit écrit, de sa propre main, le Fait suivant : » ◀Metatextualidade

Nível 4► Mem. Après avoir attendu une semaine entiere la Réponse à cette Lettre, je courus à la Ville, où je trouvai que ma perfide Maîtresse avoit épousé mon Rival. Je supporterai cette disgrace en Homme raisonnable, & je tâcherai de me rendre heureux dans cette Solitude que j’avois ornée avec tant de soin pour une Perfide & une Ingrate. ◀Nível 4 ◀Carta/Carta ao editor ◀Nível 3 ◀Nível 2 ◀Nível 1