Zitiervorschlag: Anonym (Hrsg.): "Préface", in: Le Spectateur ou le Socrate moderne, Vol.6\000 (1726), ediert in: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Hrsg.): Die "Spectators" im internationalen Kontext. Digitale Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1473 [aufgerufen am: ].


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Préface du Traducteur

Metatextualität► Voici enfin le sixiéme & dernier Tome de cette Traduction. Il auroit dû paroitre depuis longtems ; mais il a été interrompu par divers obstacles, dont il seroit inutile d’entretenir & mal à propos d’ennuïer le Public. Il vaut mieux l’avertir que, des lxxii. Discours qui forment ce Volume, les lxii. premiers parurent en Anglois depuis le 30. Juin jusques au 20. Decembre 1714. & les x autres depuis le 4. Mars jusques au 11. de Juillet 1715. vieux Stile. Les premiers ont été tirez du viii. Tome de l’An-[II]glois, qui est le dernier que les Auteurs des Volumes précedens ont donné au Public, comme leur Libraire Mr. Jacob Tonson le marque dans le Titre, & à la fin d’un petit avertissement au Lecteur qu’il joignit à la seconde Edition de ce Volume qui parut en 1717. Les derniers Discours sont pris d’un ix. Tome, dont Mr. Guillaume Bond se reconnoit l’Auteur dans l’Epître Dedicatoire adressée à Madame la Vicomtesse de Falconberg. Il y avouë que huit ou neuf de ces Piéces viennent de trois ou quatre diférentes mains, & qu’il n’y a point eu de part lui-même. Je ne sai si celles que j’ai traduites sont de ce nombre-là ; mais j’ai choisi celles qui m’ont paru quadrer le mieux avec le reste de l’Ouvrage, & c’est tout ce que j’en ai pû tirer pour rendre ce Volume de la même grosseur que les autres. Quoi qu’il en soit, je me suis donné un peu plus de liberté [III] dans la Traduction de ces dernieres Piéces, que je n’en avois pris à l’égard de toutes les précedentes, & je laisse aux Connoisseurs, qui entendent l’Original le soin d’en penétrer la raison.

D’ailleurs, les uns jugeront peut-être que que j’ai trop retranché des Discours de l’Anglois, & les autres, que j’en ai trop retenu dans ma Traduction Françoise. Mais il est impossible de plaire à tout le monde, & je n’ai pû suivre en ceci que mon goût ; heureux, s’il s’accorde avec celui des véritables Connoisseurs, qui sont en fort petit nombre ! II est certain que, dans les viii. & ix. Tomes, il y a quelques Piéces mêlées de Vers, que je n’aurois pas traduites, si j’avois eu plus de materiaux pour finir ce Volume. Aussi demandai-je grace pour ma Versification ; j’en connois tout le foible & les mauvaises rimes ; & ce n’est pas la peine qu’aucun Censeur rigide, ou [IV] peu endurant, s’engage à me les reprocher. Mais il me semble qu’il y a certaines petites Pieces de Poësie, qui tiennent de la nature des Balades, des Chansons, ou des Odes, qu’il vaut mieux traduire en Vers, quoi qu’un peu mal tournez, qu’en Prose ; & je croi que la plupart de celles que j’ai versifiées sont de cet ordre-là. Elles tirent presque tout le relief de la rime & de la cadence, dont la Prose ne manqueroit pas de les dépouiller ; je n’ai pas autre chose à dire pour me justifier sur cet article.

Ce n’est pas tout ; il y a quelques Mois que Mrs. les Freres Wetstein, qui font imprimer cette Traduction, reçurent une Lettre, de quelque endroit de ces Provinces, sans Date, sans nom de Lieu, & sans aucun Seing, où on les avertit d’une maniere fort civile, que je me suis trompé lors que j’ai dit, dans l’Avertißement, qui est à la tête du iv. Volume, « que le Nom d’un Auteur Fran-[V]çois, appellé Errard, & qu’on voit cité à la page 275. de ce Tome-là, est changé dans l’Anglois en celui de Freart ». Ce galant-Homme avance là-dessus, « que l’Auteur Anglois a raison d’avoir cité le dernier ; qu’en effet, le Parallele de l’Architecture Antique avec la moderne est de Roland Freart Sr. de Chambray, qui étoit un Gentilhomme savant & curieux en Architecture ; que les paroles citées par le Spectateur se trouvent dans le i. Chapitre page 9. de l’Edition de 1650 ; que Mr. Errard étoit Peintre & Architecte, & Directeur de l’Academie Françoise d’Architecture & de Peinture à Rome, pour le Roi de France Louïs xiv ; qu’il a donné les desseins de divers Bâtimens, entre autres, celui de l’Eglise des Religieuses de l’Assomption à Paris Ruë St. Honoré] ; que d’ailleurs il ne sait pas si ce Mr. Errard auroit donné en [VI] 1702. une seconde Edition du Parallele de l’Architecture &c. mais qu’il est certain que Mr. Freart en est l’Auteur. »

Pour moi, j’avouë ingenûment que l’un & l’autre de ces deux Auteurs me sont presque également inconnus ; mais comme il s’agissoit d’une assez longue Citation, tirée d’un Auteur François, & qui se trouve dans le Spectateur Anglois, Tome vi. N° 415., je crus qu’il étoit de mon devoir, de la donner dans les propres termes de l’Original, & non pas traduite sur la traduction Angloise ; ce qui ne pouvoit que défigurer beaucoup le passage de sorte que je cherchai le Livre attribué en cet endroit-là à Mr. Freart ; mais, au lieu de le trouver sous son Nom, je ne le trouvai que sous celui de Mr. Errard, tel que je l’ai cité à la page 275. du iv. Tome ; ce qui me fit conjecturer, avec assez de vraisemblance, que l’Auteur Anglois [VII] avoit fait équivoque à l’occasion de la proximité de ces deux Noms. Cependant, si je lui ai fait tort à cet égard je lui en demande pardon de bon cœur, & je laisse, à nos habiles Critiques en cette sorte de Literature, le soin de nous débrouiller l’Enigme.

Quoi qu’il en soit, l’honête Anonyme ajoute à la fin de sa Lettre que, dans la même page 275. du iv. Tome, il y a une méprise, & que la proposition qui est attribuée à Phidias, célebre Sculpteur d’Athenes, ne vint pas de lui ; mais de Dinocrate, fameux Architecte Macedonien. II a raison ; mais, pour le coup, toute la faute en retombe sur l’Auteur Anglois, & je n’y ai aucune part, à moins qu’on ne me blâme de ne l’avoir pas relevé dans une Note, & de n’avoir pas été mieux instruit de l’histoire de ces deux Anciens. Le seul remede que j’y trouve à present est d’en avertir ici le Pu-[VIII]blic, & de m’engager, si Dieu me donne vie, de le marquer dans l’endroit même, dès la premiere nouvelle Edition qui se fera de ce iv. Volume, qui a été déja réimprimé deux ou trois fois.

à Amsterdam le 5. Fevrier 1726.

Approbation.

J’ai lû, par ordre de Monseigneur le Chancelier, le sixiéme volume du Spectateur, ou le Socrate Moderne, où je n’ai rien vû qui me paroisse devoir en empêcher l’Impression. A Paris le 8. Juin 1726.

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