Ne collapsa ruant subductis tecta columnis.
Juv. Sat. VIII. 76.
C’est un grand malheur de n’être appuïé que sur le mérite d’autrui ! Ces bâtimens soutenus de colomnes tombent dès qu’en les a retirées.
Distrait aujourd’hui par d’autres occupations, il faut que j’entretienne mes Lecteurs à la maniere de ceux qui entrent dans une nouvelle Maison, qui régalent leurs Convives de ce qu’ils aportent eux-mêmes. Le premier Plat que je leur servirai est une Lettre, que je viens de recevoir tout fraichement.
Spectateur,
« C’est avec une douleur extrême que j’ai apris la Mort de Mr. de Coverly ; & je m’intéresse de tout mon cœur à l’a-Gothique. On s’atend à voir son Epitaphe écrite de votre main, & que vous remplirez sa place, dans la Coterie, d’un Membre aussi digne & aussi divertissant, s’il est possible d’en trouver un tel. Je ne doute pas que le Public ne vous recommande bien des gens qui aspireront à ce Poste d’honneur.
Puis que nous en sommes sur le chapitre de la Mort, & que j’ai parlé d’une Epitaphe, je vous dirai, Monsieur, que j’ai découvert un Cimetiere, où je croi que vous passeriez une après-midi, avec une grande satisfaction pour vous-même & pour le Public : Il apartient à l’Eglise de Stebon Heath, qu’on apelle communément
nouvelle York Thomas Sapper nâquit.
Mais vint mourit à Londre, & çi-dessous il gît.
Unique fils, des huit, que son Pere Jean eut
De sa Mere Marthe, qui tous les ans conçut.
Il possedoit déja la faveur de son Prince,
Lors qu’envié de tous, & que chacun en grince.
La petite Vérole, en secondant leurs vœux,
L’attaque en un instant & le fauche à leurs yeux.
Depuis neuf ans ce Mal avoit tué sa Mere ;
Et mis dans le tombeau son jeune & dernier Frere.
Ainsi le Pere est seul à déplorer son fort,
Sans Femme, sans Enfans, & sans aucun suport.
Paul Arnout
Ouvrier en foie, & puis c’est tout.
R. C. in exspectatione diei simpremi.Qualis erat dies iste indicabit.
C’est-à-dire, « Ici git R. C. dans l’atente du dernier Jour, qui découvrira ce qu’il étoit. »
« Après avoir relû dernierement votre Discours sur la Physionomie, je ne doute pas que, si vous veniez faire un tour dans cette ancienne Université, vous n’y pussiez recevoir de grandes lumieres là-dessus ; puis qu’il n’y a presque pas un jeune Etudiant qui ne donne des marques certaines de son Humeur & de ce qu’il tient, suivant les régles de cet Art. Dans les Cours & dans les autres Villes chacun fait violence à sa Mine, & tâche de paroître comme le reste du mondé ; mais la
Vous avez si bien épluché tous les ressorts de la Nature Humaine, que vous savez mieux que moi, sans doute, qu’il y a une liaison fort intime entre l’Homme extérieur & l’intérieur, & que la moindre pensée n’a pas plûtôt commencé à s’élever, dans l’Esprit, qu’il se fait une révolution proportionnée au dehors, qu’un Adepte en Physionomie peut découvrir aisément. De là vient que la valeur intrinseque & le mérite d’un Fils de notre bonne Mere l’Université se manifeste par les traits de son Visage, la tournure de sa Personne, le méchanisme de les Habits, la disposition de ses Membres, sa démarche, son air, & par un nombre infini d’autres circonstances aussi remarquables. Ceux qui sont experts dans cet Art profitent souvent des yeux d’un Homme, pour connoître l’état de son cerveau ; l’examen de son Nez leur sert à juger de ses Facultez intellectuelles ; une Oreille trop visible & impertinente passe chez eux pour une marque infaillible de réprobation, & que celui qui en est le maître ne craint ni Dieu ni les Hommes. Suivant ce Système, un sourcil froncé, un regard morne & pesant, une démarche lente & compassée, avec les deux mains dans les poches de la Culote, désignent un Esprit tourné du cô-
Je pourrois m’étendre beaucoup plus sur tous ces Articles ; mais je sai à qui j’écris. Si vous pouvez y gréfer quelque Discours à votre mode, ou les tourner à l’avantage des Personnes intéressées, vous ferez une action digne du Spectateur de la &c. »