Sugestão de citação: Anonym (Ed.): "XXXI. Discours", em: Le Spectateur ou le Socrate moderne, Vol.5\031 (1723), S. 188-190, etidado em: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Ed.): Os "Spectators" no contexto internacional. Edição Digital, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1420 [consultado em: ].


Nível 1►

XXXI. Discours

Citação/Divisa► Sed gnatum unicum ;
Quem pariter uti his decuit, aut etiam amplius,
Quod illa ætas magis adhæc utenda idonea est.

Terent. Heaut. Act. i. Sc. i. 79.

Mon fils unique, qui dévroit avoir part à tout cela autant ou même plus que moi, étant d’un âge à faire plus de dépense. ◀Citação/Divisa

Metatextualidade► Défautes des certains Peres qui aiment les plaisirs, & qui ne veulent pas que leurs Fils en prennent aucun. ◀Metatextualidade

Nível 2► Nível 3► Carta/Carta ao editor► Mr. le Spectateur,

« Ceux d’entre les Anciens, qui ont été les plus exacts â remarquer le génie & le tempérament des Hommes, par l’examen des différentes inclinations qui regnent durant tout le cours de la Vie, ont permis certains desirs & certains passions à chaque Age, suivant les circonstances, la maniere de vivre & la fortune de chacun. De là vient qu’ils étoient si faciles à pardonner les excès où l’on pouvoit donner à tous ces égards : Ils avoient une rendre indulgence pour la legereté des Enfans ; ils suportoient avec bonté l’ardeur & l’enjouement de la [189] bouillante Jeunesse ; ils modéraient avec prudence l’ambition & l’impatience de l’Age viril, & ils attribuoient charitablement l’avarice des Vieillards à leur manque de goût pour toute autre chose. De pareilles Condescendances n’étoient pas moins avantageuses à la Société civile, qu’obligeantes à l’égard des Particuliers ; puis qu’en maintenant la bienséance & la régularité dans tout le cours de la Vie, ils soutenoient la dignité de la Nature Humaine, qui soufre le plus de violence quand l’ordre des choses est renversé, & qui n’est jamais si avilie, ni si ridicule, que lors que la Vieillesse tâche de s’orner de cette pompe extérieure & de cet éclat qui ne servent qu’à relever la fleur de la Jeunesse.

Je me suis engagé insensiblement dans ces réflexions à la vue de Paulin, que je viens de renoncer : Il est dans son année climacterique, & malgré tout cela, il se met de la derniere magnificence, il a un Equipage des plus lestes, & il s’abandonne à toutes sortes de plaisirs, pendant que son Fils unique est privé des récréations les plus innocentes de la Vie, & que, pour dissiper son chagrin, il se promène souvent dans le Parc de St. James, accompagné d’un vieux Domestique de son Père, qui lui sert d’Ami & de Directeur.

Il faut qu’un Homme ne réflechisse point du tout, & que ce soit un prodige [190] d’inadvertance, si, lors qu’il ne peut renoncer lui-même aux plaisirs de la Vie, pour lesquels il n’a presque aucun goût & que la foiblesse de l’âge lui rend insipides, il ne voit pas que son Fils, réduit à vaincre les passions qui l’animent, a une tâche bien plus difficile à remplir. Il me semble donc qu’il seroit de la prudence de ne refuser aucun divertissement honnête à un jeune Homme, eu égard à son patrimoine & au rang qu’il doit tenir dans le Monde. J’ai observe plus d’une fois que de jeunes Gens de qualité qui s’abandonnent à quelque excès en reviennent par un principe d’honneur attaché à leur naissance, & pour sauver leur réputation : C’est ainsi le premier pas qui les conduit à la Vertu. Il y en a plusieurs qui se sont endettez jusqu’aux oreilles, qui sont devenus des Libertins ou des Filoux, par cela seul qu’on les tenoit trop à l’étroit. Le Pere qui accorde à son Fils une depense proportionnée à son état, évite le dernier de ces maux, qui passe dans le Monde pour le plus grand des deux. Mais un tout autre usage a si bien prévalu, que j’en ai vû quelques-uns leur refuser ce qui étoit d’une absolue nécessité, pour leur donner une Education convenable à leur état.

Le Pauvre Antonin est un triste Exemple de cette mauvaise conduite. Il ne manquoit pas de talens naturels ; mais son Pere étoit un Fat, qui se piquoit de Galanterie à un si haut point, qu’il ne pouvoit souffrir la vûe de ce Fils qui avançoit en âge, & qui sembloit le chasser de la compagnie du beau monde, ni même entendre parler de lui en sa presence. J’ai souvent cru que ce Pere se faisoit un plaisir secret de s’imaginer qu’après sa mort, on se rapelleront son idée, & qu’on loueroit ses manieres nobles & généreuses, lors qu’on viendroit à les comparer à la rusticité & à l’ignorance de son Successeur. Il est certain qu’un Homme peut être si rempli d’amour propres à qu’il n’a aucun égard qu’à lui-même, & qu’il oublie jusqu’à ses Enfans. Vous pouvez donner plus d’étendue à ce vaste sujet, & me croire &c. »

T. B. ◀Carta/Carta ao editor ◀Nível 3 ◀Nível 2 ◀Nível 1