Le Spectateur ou le Socrate moderne: LX. Discours
Permalink: https://gams.uni-graz.at/o:mws-121-1324
Livello 1
LX. Discours
Citazione/Motto
Nec veneris pharetris macer est, aut lampade servet :
Inde faces ardent, veniunt à dote sagittæ.
Inde faces ardent, veniunt à dote sagittæ.
Juv. Sat. vi. 138.
Ce n’est ni Venus, ni Cupidon, qui allument la passion qu’il a pour elle ; il en a reçû une grosse dot ; ce sont là les beaux feux qui le consument ; voilà les fléches qui le blessent.
Metatestualità
Lettre sur les Questeurs & les Ravisseurs de nos riches Héritiers.
Metatestualità
Lettre sur les Questeurs & les Ravisseurs de nos riches Héritiers.
Livello 2
Livello 3
Lettera/Lettera al direttore
Mr. le Spectateur,
« Il faut que vous sachiez, Monsieur, que je suis du nombre de ceux qui vivent dans une crainte continuelle, à cause de cette sorte de Gens, qui sont jour & nuit aux aguêts, pour surprendre nos jeunes Filles, & qu’on peut regarder comme une espece de ces Voleurs, qui enlevent les Enfans pour les envoyer aux Indes, & que nos Loix condamnent. J’ai une Fille unique, qui doit hériter de tout mon Bien : elle me paroît déja nubile, & il y en a plus de six ans qu’elle se trouve en état de penser à un Mari, quoi qu’elle ne soit que dans la dix-huitiéme année de son âge. Nos Quêteurs de bons Partis ont si bien jetté les yeux sur elle, qu’ils cherchent à se camper vis-à-vis de sa place, dans toutes les Assemblées publiques où elle se trouve. J’y ai surpris moi-même un jeune Fat, qui se donne des airs avec des Gands à frange d’argent. Aussi l’ai je tenue enfermée comme une Prisonniere d’Etat depuis l’âge de treize ans. Les fenêtres de sa Chambre sont garnies de grosses barres de fer ; elle ne peut sortir de la Maison qu’avec sa Garde, qui est une de mes Parentes d’un sens fort rassis ; il y a d’ailleurs une année entiere que je lui ai défendu tout usage d’Encre ou de Plume, & qu’on ne doit porter dans sa Chambre aucune Boëte de Carton, qu’après qu’on l’a bien visitée. Malgré toutes ces précautions, je ne sai plus que devenir, de peur qu’on ne me joue tout d’un coup quelque mauvais tour. Il y a deux ou trois nuits qu’on entendit dans la Rue quelques Violons, qui semblent ne me présager rien de bon ; pour ne rien dire d’un grand Irlandois, qui s’est promené plus d’une fois cet Hyver dernier, devant mon Logis. D’un autre côté, ma Parente m’avertit que ma Fille lui a parlé deux ou trois fois d’un Gentilhomme à Perruque blonde, & qu’elle est plus en train que jamais d’aller à l’Eglise. Il y a une semaine ou environ qu’elle nous échapa ; ce qui nous mit tous en allarme. Je la fis d’abord poursuivre à cors & à cri ; j’envoyai à la 1Bourse, chez sa Tailleuse, & chez les jeunes Demoiselles qui la visitent ; mais on l’avoit cherchée inutilement plus d’une heure, lors qu’elle revint d’elle-même, après avoir fait une promenade le long du Rivier de Rosamond, à ce qu’elle me dit. J’ai congédié là-dessus sa Femme de Chambre, doublé ses Gardes, & donné de nouvelles instructions à ma Parente, qui, pour lui rendre justice, observe de près tous ses mouvemens. Cela me cause une inquiétude qui ne m’abandonne jamais, & qui me tient souvent éveillé lorsque ma Fille dort ; quoique je craigne qu’à son tour elle ne soit à deux de jeu avec moi. Enfin, Monsieur, je souhaiterois qu’il vous plût de representer à ces jeunes Quêteurs, qui cherchent ainsi à faire fortune par des voies indirectes, que l’enlevement d’une Fille, à cause de son Bien, n’est qu’une espece de Vol toleré ; & que c’est assez mal dédommager le Pere, que de s’aller mettre au Lit avec elle. Ne tardez pas, s’il vous plaît, à me donner vos avis là-dessus, afin qu’ils paroissent, s’il est possible, avant qu’on congédie les Troupes. Je suis, &c. »
Tim. Bellegards.
Metatestualità
Je m’étonne qu’entre tous les differens Caracteres, dont vous avez embelli vos Discours, , <sic> vous ne nous ayez pas donné jusques ici le Portrait de ces jeunes Audacieux qui fourmillent dans cette Ville, & qu’on nomme d’ordinaire Voleurs de bons Partis.
Citazione/Motto
Thémistocle, ce fameux Général Athenien, interrogé lequel des deux il aimeroit mieux, ou de donner sa Fille à un Homme de mérite qui n’auroit pas de Bien, ou de la donner à un Homme riche qui n’auroit point de mérite, répondit, Qu’il préféreroit un Homme sans Bien à un Bien sans Homme.
Citazione/Motto
Planta le piquet sur la Terre
Qu’une Veuve avoit pour Douaire,
Qu’une Veuve avoit pour Douaire,
1Il y a plusieurs Boutiques, où l’on vend des Galanteries, comme au Palais Royal à Paris.
2Voyez la Note qui est au bas de la page 10. Tome i.
3C’est le nom d’un méchant Poëte, grand Parleur, qui vivoit du tems de Catulle.
4Voyez Tome i. p. 186. &c.
5Voyez ce qui est dit de ce Poëme dans le Journal Litéraire de la Haye, Tom. ix. Part. i. p. 165.