Componit furtim, subsequiturque Decor.
Tibul. Lib. iv. Carm. ii. 7.
Quelque chose qu’elle faße, de quelque côté qu’elle se tourne, l’agrément la suit par tout.
onne Grace & des Manieres Obligeantes qu’on doit avoir dans tout ce que l’on fait.
Lib. C
Il n’y a point d’Action, où la qualité, dont je parle, se fasse mieux sentir, que lors qu’il s’agit d’accorder une faveur, ou de rendre quelque service. Un Bienfait perd son nom, de la maniere dont Gonguste l’accorde, au lieu qu’il oblige doublement par celle de Chariste. A la fin, on arrache du premier le service qu’on lui demande ; mais il témoigne une si grande répugnance, qu’on a presque autant de raison de se choquer de la maniere, que d’être sensible à la faveur. Chariste invite, d’un air gracieux, à lui fournir les occasions de faire un acte d’humanité, il prévient même là-dessus, & l’on voit, à sa mine contente, qu’il sent un
Il semble donc que la bienséance d’un acte de liberalité consiste à être fait d’un air joyeux, qui marque le plaisir divin qu’on goûte à obliger les autres ; qui naisse d’un bon naturel & d’une bienveillance universelle ; où il n’y ait aucune brusquerie, ni aucun sédiment d’un humeur ténace & peu communicative, que l’on découvre dans quelques Hommes.
Puis qu’on doit observer un certain decorum dans tous les bons offices qu’on rend aux autres, je vais donner un Exemple d’une action généreuse, que rien ne peut égaler que la bonté du cœur & l’humanité dont elle est accompagnée. La C’est une Lettre de
uintilien.
« Quoique vous soyez très-modeste, & que vous ayez élevé votre Fils dans toute <sic> les Vertus convenables à la Fille de Quintilien, & à la petite Fille de Tutilius : cependant, aujourd’hui qu’elle épouse Nonius Celer, homme de distinction, & à qui ses emplois & ses Charges imposent une certaine nécessité de vivre dans l’éclat, il faut qu’elle régle Environ 5000 Liv. monnoie de cinquante mille Sesterces. Je ne me bornerois pas là, si je n’étois persuadé, que la médiocrité du petit present pourra seule obtenir de vous, que vous le receviez. Adieu. »
C’est ainsi qu’une Générosité doit être faite de bonne grace, & briller dans tout son éclat ; elle ne devroit pas seulement répondre aux besoins & à l’esperance de celui qui la reçoit, mais aller même au delà de ses desirs : C’est ce qui l’assaisonne de nouveaux charmes, & qui embellit ces Dons de l’Art & de la Nature, qui, à moins de cela, dégoûteroient plûtôt qu’ils ne seroient agréables. Sans cette bienséance la Valeur se tourneroit en Brutalité, le Savoir en Pédanterie, & la Civilité la plus honnête en Affectation. La Religion même, si elle n’est soutenue de la bienséance, est capable de rendre les Hommes chagrins & de mauvaise humeur : Mais celle-ci fait paroître la Vertu dans sa beauté naturelle, donne un nouveau lustre à la Religion, & polit la
Si vous examinez chaque trait en particulier d’Aglaure & de Calliclée, vous les trouverez également jolies ; mais regardez-les en gros, & vous ne pourrez souffrir la Comparaison : L’une est pleine d’une infinité de graces, qu’on ne sauroit nommer, & l’autre n’a pas moins de défauts.
La beauté de la Personne & son air gracieux ajoûtent un poids infini à ses paroles. C’est le manque du dernier qui rend souvent inutiles & sans les réprimandes ou les avis des Vieillards trop rigides, & qui cause un véritable chagrin à ceux qui les reçoivent : Mais la Jeunesse, & la Beauté, accompagnées d’un air gracieux & sévére, peuvent donner de la honte au Pécheur le plus endurci. Dans le Poëme de
Les plus excellens Génies ont toûjours pris garde à ne rien faire de malséant jusques à leur dernier soupir : Ils ont même évité une posture indécente à l’article César se couvrit la tête avec sa robe, pour ne pas mourir d’une maniere peu convenable à sa grandeur, & que Lucrece, après s’être poignardée, ne songea qu’à tomber dans une attitude modeste, & digne de l’Esprit qui l’animoit, suivant l’expression d’Ovide.
Tunc quoque jam moriens, ne non procumbat honestè,
Z.