Le Spectateur ou le Socrate moderne: I. Discours

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I. Discours

Zitat/Motto

Vera Gloria radices agit, atque etiam propa
gatur : Ficta omnia celeriter, tanquam
flosculi, decidunt, nec simulatum potest
quidquam esse diuturnum.

Cic. de Offic. L. II. c. I 2.

La véritable Gloire jette de profondes racines & s’augmente de jour en jour ; mais tout qui est déguisé ne sauroit être de longue dur & passe aussi vite que les fleurs.

Metatextualität

Paralelle de Louis xiv. & d’Alexowitz, Czar de Moscovie, sur le chapitre de la Gloire.

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Les deux plus grands Hommes qu’il y ait aujourd’hui en Europe, sont Louis xiv. & Pierre Alexowits, Czar de Moscovie. Nous ne commencerons leur Histoire qu’au tems qu’ils ont été en état de régner par eux-mêmes.

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Allgemeine Erzählung

Louis xiv. fut Sacré en 1654. Le 7. de Juin en 1657. il fit assiéger Montmedy sur les Espagnols. Cette Ville située dans le Duché de Luxembourg passoit pour imprenable : le Général qui l’attaquoit couroit risque de subir le même sort qu’il avoit éprouvé l’année précédente à Valenciennes. Le Roi y alla en personne ; emporta la Place. Et ce coup d’essai fit avouer à ses Ennemis qu’il savoit executer ce qu’il avoit résolu dans son Conseil. La rapidité de ses Conquêtes en 1658. fit que ses Ennemis lui demanderent la Paix. Il leur accorda ; & cette Paix fut affermie en 1660. par le Mariage du Roi avec Marie Therese, qui étoit le plus précieux Trésor que possedât l’Espagne. Il remedia les années suivantes à la disette, qui auroit desolé le Royaume, si celui à qui Dieu l’avoit confié n’eût été le Père de son peuple comme il en est le Souverain. Après avoir soulagé ses peuples pendant la Famine, il secourut ses Alliez & ses Voisins, & tourna ses Armes contre les Infidéles ; les secours qu’il envoya en 1664. à l’Empire défirent les Turcs au passage du Raab en Hongrie. La France en eut l’honneur , & l’Allemagne le profit. La Guerre que la Hollande soutenoit foiblement en 1665. contre l’Angleterre desoloit cette République naissante ; mais la Couronne à qui elle devoit son élévation ne lui manqua pas dans le besoin. Les Edits du Roi rendus contre les Blasphémateurs en 1666. parurent d’autant plus équitables, que dans un Etat où les Juifs sont en horreur, il étoit à propos de châtier les Blasphémateurs, puisque les uns & les autres outragent également la Divinité. L’ Espagne en 1667. refusoit au Roi les Apanages qu’Elle avoit promis à la Reine ; ce refus ralluma la Guerre entre les deux Couronnes : les Espagnols perdirent l´Isle & dix autres Places. L’année suivante, la France leur enleva la Franche-Comté, que le Roi rendit la même année : plusieurs qui avoient porté envie à sa Gloire, ne purent s’empêcher de louer sa modération. Les secours qu’il envoya aux Venitiens en 1668. & 1669. auroient sauve Candie de la tyrannie des Turcs, si la Providence par ce fléau n’avoit résolu de châtier les Chrétiens. Les Hollandois cependant faisoient de secrettes pratiques contre les intérêts de leur Bienfaicteur, & conclurent cette malheureuse Ligue, à laquelle ils donnèrent le nom specieux de Triple-Alliance, qui en 1669. s’engagea à la conservation des Pays-bas. Elle fut renouvellée en 1670. & l’Empereur & l’Espagne y entrerent. Le Roi en 1671. fortifia ses Places Frontieres & Maritimes, & se prépara à punir un Peuple qui lui étoit redevable de son élevation. Louis XIV. commença sa premiere Campagne en 1672. & la continua avec tant de rapidité , qu’après la Prise de plus de trente Villes fortes, & de quelques Provinces , cette République vit Amsterdam sa Capitale, Frontiere de leur Etat. L’an 1673. ne fut pas moins glorieux à Sa Majesté, qui prit en personne la Ville de Mastrich, & laissa à ses Généraux le soin de faire les autres Conquêtes. En 1674. le Roi prit une séconde fois la Franche-Comté, & les Allemands furent défaits dans quatre Batailles. Les Hollandois chercherent la fortune dans le Nouveau Monde ; ils furent repoussés à la Martinique. La Guerre fut continuée en 1675. & en 1676. avec le même bonheur : Le Roi réduisit Valenciennes & Cambray  ; les Ennemis qui n’osoient secourir ces deux Places, attaquerent Monsieur : il les défit à Cassel. Louis xiv. assiégea & prit Gand en personne. Les Alliez n’eurent plus de ressource que dans sa Clémence : ils demanderent la Paix, & l’obtinrent  : ils en souscrivirent à Nimmegue les conditions telles qu’il lui plut. Ce Prince eut l’avantage de les avoir vaincus, & la Gloire de leur avoir pardonné. L’Electeur de Brandebourg fut le seul qui refusa de se soumettre à ce Traité. Le Roi le dépouilla du Duché de Cleves ; battit deux fois ses Troupes près de Minden ; & par la force de ses Armes, les réduisit à la raison. Louis Le Grand n’avoit plus d’Ennemis que ceux de l’Eglise : les Calvinistes de Geneve s’étoient distinguez des autres par leurs insolences, Deux cens Bourgeois ou Artisans, dont le Conseil de cette Ville est composé, avoient chassé les Prêtres en 1535. & les Habitans se vantoient d’avoir banni à perpetuité l’Idolatrie de l’enceinte de leurs Murailles, Le Roi en 1679. voulut que l’on célébrât la Messe dans le Palais de son Résident : & le Corps de Ville fut obligé de consentir à ce qu’il ne pouvoit plus empêcher. Le Roi en 1681. prit la Ville de Strasbourg, sans que cette expédition l’empêchât de châtier les Corsaires de Tripoli, dont la Flotte fut coulée à fond sous le Canon de Scio, où il la croyoient en sûreté. Les Corsaires d’Alger ne profiterent pas de cette leçon : en 1683. la désolation causée par les Bombes dans leur Ville, fit que ces Barbares relâcherent sans Rançon six cens Esclaves François, qui furent autant de Trompettes pour publier la Gloire de leur Libérateur, jusques dans les Provinces les plus éloignées de son Empire. Les hostilités qu’exerça le Gouverneur des Pays-Bas, furent cause que la France reprit les Armes : la Ville de Luxembourg après trois semaines de Siège, fut obligée de se rendre en 1684. Les Alliez avoient fait la Paix sans y comprendre la République de Génes : Le Doge vint au nom de ses Superieurs, & obtint une Paix en 1658. que ses Alliez n’avoient pu lui procurer. Les Corsaires de Tripoli obtinrent une pareille Grâce, & avouerent qu’auprès d’un Grand Prince, les soumissions sont plus utiles que la force des Armes. Il s’agissoit dans le même tems de réduire de plus dangereux Ennemis. Les Héretiques depuis cent cinquante ans avoient troublé l’Eglise & le Royaume : le Roi dès les commence-mens de son Régne les avoit affoiblis ; & le Corps qu’ils composoient étoit devenu si considérable en 1685. que ni la Religion ni la Politique ne permettoient plus de souffrir, ce que par nécessité on avoit toleré. Ces considérations obligerent le Roi de révoquer l’Edit de Nantes : les Temples furent ainsi démolis, & l’impieté détruite. Les Fugitifs qui ne respiroient que la vengeance, jetterent en 1686. les fondements de la fameuse Ligue d’Ausbourg, où en 1687. tant de Princes Catholiques & Protestans entrerent. Le Roi prévint leurs efforts ; & les Calvinistes de son Royaume qui lui susciterent cette nouvelle Guerre, le couronnerent sans y penser de nouveaux Lauriers. La Ligue d’Ausbourg ne fut pas plutôt conclue, que ceux qui la composoient s’apperçurent qu’ils étoient trop foibles pour attaquer un Ennemi dont ils avoient relevé la Gloire autant de fois qu’ils avoient osé le combattre. Ils preferent le Roi d’Angleterre d’entrer dans leur Alliance : sur le refus qu’il en fit, ils prirent l’indigne résolution de le déposseder de ses Etats ; ils en vinrent à bout par les menées secrette de gens qui n’eurent point de honte de s’enrichir de ses dépouilles. Pendant que l’Usurpateur en 1689. établissoit sa Tyrannie dans Londres, le Roi d’Angleterre, la Reine & le Prince de Galles se refugierent en France. Louis le Grand. les reçut avec d’autant plus d’Humanité, que la seule Vertu étoit cause de leurs disgraces. Pour vanger la Majesté Royale si indignement outragée, il secourut l´lrlande en 1690. & obligea le Prince d’Orange de lever le Siége de Limerik : les Flottes d’Angleterre & de Hollande furent battues dans la Manche. Les Alliez perdirent les Batailles de Fleurus & de Staffarde, les Villes de Suze & de Salusses & la Savoye entiere, excepté Mont-Melian qui fut pris l’année suivante avec les Villes de Nice & de Ville-Franche. Le Roi emporta Mons à la vue du Prince d’Orange, sans qu’il osât s’y opposer : la Cavalerie des Ennemis fut défaite à Luze, & leur Infanterie à Steinkerque : ils le furent encore à Phorzeim. La Ville & le Château de Namur se rendirent au Roi qui les assiégeoit en Personne : Guillaume de Nassau à la tête de cent mille hommes en fut témoin ; ce qui fit dire à la honte de l’un, & à la gloire de l’autre :

Zitat/Motto

Amat Victoria Testes.
Les Alliez redoublèrent leurs efforts en 1693. & ne furent pas plus heureux qu’aux Campagnes précédentes : ils perdirent dans celle-ci les Villes de Furnes, d’Heidelberg, de Rose, & de Charleroi : les Batailles de la Marsaillle & de Nervindes, & plus de quatre-vingt Vaisseaux de Guerre ou Marchands : une Armée défaite en 1694. sur les bords du Ter dans la Catalogne. La prise de Palamos, de Gyronne, d’Ostaltltrich, & de Castelsollit ; & la Ville de Bruxelles desolée par les Bombes en 1695. jetterent l’épouvante dans toute l’Espagne. Les Armées de France entrerent au mois de May 1696. en Italie, en Flandres, & en Catalogne, où elles subsisterent pendant la Campagne avec la tranquillité dont elles auroient joui au milieu du Royaume : la consternation étoit générale chez les Ennemis ; les Peuples allarmez de tant de disgraces, faisoient retentir l’Europe de leurs plaintes. On leur donna des esperances ; mais les effets ne répondirent pas aux paroles : le Duc de Savoye s’apperçut plutôt que les autres de la foiblesse de la Ligue, & fit la Paix avec la France. Le Roi délivré de la Guerre de Savoye, tourna ses Armes contre la Flandre & la Catalogne, & emporta les Villes d’Ath & de Barcelone. En 1697. les Alliez s’apperçurent que la Paix leur étoit nécessaire ; ils la demanderent, & l’obtinrent. Le Traité fut conclu la même année au Château de Riswic ; l’accord paroissoit sincere, & l’utilité que chacun en retiroit, faisoit esperer que la Paix seroit de longue durée, lorsque les Anglois & les Hollandois trop curieux de pénétrer l’avenir, voulurent le régler au lieu de l’abandonner au soin de la Providence. Charles ii. Roi d’Espagne étoit malade ; ils partagerent en 1698. sa Succession, & rendirent public ce partage en 1699. La maladie du Prince augmenta l’année suivante, & il fit son Testament : On le crut justement indigné contre ceux de ses Alliez, qui vouloient sans son Aveu partager sa Succesion & on le crut sensible à la Générosité du Roi Très-chrétien, qui avoit bien voulu lui rendre par le dernier Traité les Villes d’Ath & de Barcelone, sans exiger d’équivalent : La Justice jointe aux considérations politiques détermina enfin le Roi d’Espagne de déclarer par l’Acte de sa derniere volonté le Duc d’Anjou Héritier de tous ses Etats. Le Roi d’Espagne mourut le 1. Novembre 1700. & le Duc d’Anjou lui succeda sous le Nom de Philippe V. Tous les Etats qui composent cette Vaste Monarchie, & la Hollande qui en faisoit autrefois une partie, le reconnurent ; mais celni qui en qualité de Statouder gouvernoit absolument cette République n’aimoit pas assez le repos ; il le troubla par ses intrigues en 1701. & alluma une Guerre dont il ne devoit pas voir la fin. Les mouvemens qu’il se donna lui causerent la mort : en 1702. ses Alliés conserverent son animosité contre la France. Les pertes qu’ils firent la même année de plusieurs Villes, firent connoître leur foiblesse : leur Armée défaite à Spire en 1705. devoit inspirer aux Alliez de plus paisibles sentimens. Mais honteux de demander tant de fois la Paix, & trop foibles pour soutenir la Guerre, ils ont fait de nouvelles Alliances avec des Souverains, qui trompez par de fausses esperances ont partagé leurs disgraces : leur Flotte fut défaite en 1704. à la vue de Malaga ; & Philippe V. emporta Castel de Vidé, que les Portugais croyoient une Place imprenable. Le Duc de Savoye surpris par les artifices des Imperiaux, ne fut pas plutôt entré dans la Ligue qu’il se vit dépouillé des fortes Places de Suze, d’Yvrée, & de Verceil, que les Armes de France lui avoient jusques-là conservées : le malheur de ce Prince ne l’abandonna pas dans la suite ; il perdit en 1705. des Places encore plus considérables, Verüe, Chivas, Ville-franche, les Forts de Montalban, & de Santhospitio furent de ce nombre. La Bataille de Cassano gagnée sur les Imperiaux par le Duc de Vendome la même année, & le Château de Nice obligé de Capituler en 1706. auroient fait perdre aux Allemans l´esperance qui leur restoit, si par une fatale réflexion, ils ne s’étoient pas flattez que la Fortune abandonneroit la France à la fureur de ceux qui en avoient conjuré la ruine. La Providence avoit comblé Louis Le Grand de ses faveurs dès le commencement de son Régne, & elle les avoit continuées : Elle avoit répandu sur lui une Bénédiction qu’elle avoit promise aux Anciens Patriarches. Dieu avoit donné à la France en 1704. un Prince ; & le Roi dans un âge peu avancé se trouvoit Bisayeul, sans que jamais avant lui cette Grâce eût été obtenue d’aucune Tête Couronnée : Un Successeur de S. Louis devoit bien s’attendre qu’un bienfait aussi singulier pourroit être mêlé de quelques amertumes  : il le fut en effet, les Bavarois après la Bataille d’Hoehtet sentirent de la part des Allemans toutes les inhumanitez dont les Nations peu accoutumez à vaincre sont capables. Le Roi des Romains prit Landau, & la France fit l’année suivante 1705. une perte bien plus sensible en la personne du Duc de Bretagne : l’Espagne unie d’intérêts & d’inclination avec la France perdit la Ville de Barcelone. La Bataille de Ramilly en 1706. fut aussi funeste aux Flamands que celle d’Hoehtet l’avoit été au Bavarois : Enfin, la levée des Siéges de Barcelone & de Thurin fit croire aux Confederez que la fortune ne pouvoit plus leur échaper, après ce qu’elle avoit fait depuis deux ans pour eux. La Ligue ainsi trop crédule se persuada que Dieu avoit livré la France & l’Espagne à sa fureur, comme il avoit autrefois abandonné ces deux Royaumes à la Tyrannie de Maxime. Louis xiv. avoit souffert avec tant de résignation toutes ces disgraces, que Dieu pour récompenser sa Foy le combla en 1707. de nouvelles Bénédictions ; il lui rendit un autre Duc de Bretagne à la place de celui qu’il lut avoit enlevé : la Naissance de ce Prince fut suivie d’une Victoire complette, que les Couronnes Alliées remporterent dans les Plaines d’Almanza, où les Rebelles d’Espagne, les Portugais, les Allemans, les Anglois, & les Hollandais furent entierement défaits ; & ils se seroient trouvez hors d’état de reprendre les Armes, si les Vainqueurs par des sentimens d’humanité peu connus de leurs Ennemis n’avoient pas préferé la modération à la vengeance. Un avantage remporté sur Mer peu de jours après, fit connoître aux Anglois, & aux Hollandois qu’ils étoient devenus les Maîtres de l’Ocean & de la Mer Méditerranée : les Allemans en même-tems se virent forcez dans leurs Lignes de Stoloffen qu’ils avoient cru jusques-là inaccessibles. Les Alliez enfin, pour rappeler la Fortune qui sembloit s’éloigner d’eux, entrerent en Provence, & eurent la hardiesse d’assiéger Toulon par Mer & par Terre : le peu de Troupes Françoises secondées des Milices du Pays, firent avorter leurs projets : leur Armée de terre ne s’est crue en sûreté qu’après avoir repassé les Alpes ; celle de Mer a essuyé une si rude tempête, qu’à peine est-il resté quelqu’un pour porter aux Anglois & aux Hollandois les tristes nouvelles de leur défaite. Voilà comme le Ciel se déclara pour la France, à laquelle on appliqua ces paroles.

Zitat/Motto

Tibi militat Æther & conjurati veniunt ad Classica venti.
Voilà les avantages qui ont précédé la Naissance du sécond Duc de Bretagne, & ont accompagné celle du Prince des Asturies. Le Duc d’Orleans a heureusement terminé la Campagne par la prise de l’importante Place de Lerida, & de son Château, dont les deux plus grands Capitaines de leur siécle avoient été obligez en 1646. & 1647. de lever le Siége : Ce Prince a ajouté à cette Conquête celle de Tortose qu’il a fait rentrer sous l’obéissance de son légitime Souverain. Les Espagnols commençoient à se flatter que leur Monarchie ne seroit jamais démembrée tant que Dieu leur conserveroit un tel Défenseur : la seule intrepidité de ce Héros leur faisoit apprehender que comme un Mathabée, ou un Turenne, il ne fut enseveli dans quelqu’un de ses Triomphes. Mais il est tems de revenir à l’Histoire de Louis Le Grand : Ses Envieux eurent recours à de nouveaux Artifices, pour obtenir par la Paix ce qu’ils desesperoient de se faire donner par la force des Armes. Les Plenipotentiaites s’assemblerent en 1710. à Gertrudemberg : les Alliez y firent des Propositions de Paix qui furent rejettées avec mépris & indignation ; & la Guerre se continuoit de part & d’autre, où chacun éprouva la bonne & la mauvaise fortune. Enfin, la Paix fut conclue en 1714. entre le Roi & l´Empereur le 6. de Mars à la Ville de Rastat. Louis Le Grand eut ainsi le plaisir de donner la Paix à ses Peuples avant sa mort : elle arriva à Versailles le 1. jour de Septembre 1715. à l’âge de soixante & dix-sept ans, & dans la soixante & treiziéme année de son Régne : il fut regretté de ses Sujets, & même de ses Ennemis. On célébra à Vienne en Autriche ses Obseques le 18. d’Octobre dans l’Eglise des Augustins Déchauffez près du Palais. On y dressa par Ordre de l´Empereur un superbe Mausolée, avec des Inscriptions Latines qui contenoient de magnifiques Eloges de ce Monarque : & l’Empereur y assista avec les Imperatrices, les Archiduchesses, les Ministres, les Seigneurs & Dames de toute la Cour, tous en grand Deuil.1

1La septième Journal de Paris de 1716. pag. 106. & suivantes, & le Journal huitieme pag. 122. & suivantes.