LXIV. Discours Anonym Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Michaela Fischer Mitarbeiter Katharina Jechsmayr Mitarbeiter Katharina Tez Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 20.07.2019 o:mws-119-1247 Anonym: Le Spectateur français ou le Socrate moderne. Paris: Etienne Papillon 1716, 413-419 Le Spectateur ou le Socrate moderne 1 064 1716 Frankreich Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Politik Politica Politics Política Politique Política Gesellschaftsstruktur Struttura della Società Structure of Society Estructura de la Sociedad Structure de la société Estrutura social England Inghilterra England Inglaterra Angleterre Onglaterra France 2.0,46.0

LXIV. Discours

Qualis ubi audito venantum murmure TigrisHorruit in maculas.

Stat.

C’est-à-dire, Elles ressemblent à une Tigresse, qui, à l’ouïe du bruit que font les Chaffeurs, frémit de rage, & dont la peau se couvre de nouvelles taches.

L’Hiver dernier j’allai voir un Opera qu’on jouoit sur le Théâtre du Marché au Foin, où je ne pûs éviter de prendre garde à deux Partis de très-belles Dames, placées dans les Loges des deux côtez, à l’opposite les unes des autres, & qui sembloient rangées en bataille pour en venir aux mains. Après les avoir un peu observées, je m’aperçus qu’elles differeroient dans la situation de leurs mouches ; puisque les unes les avoient au côté droit, & les autres au côté gauche du front. Je remarquai d’ailleurs qu’elles se lançoient des regards menaçans, & que leurs mouches étoient un Signal, qui servoit à distinguer les Partis, les Amies des Ennemies. Dans les Loges du milieu, entre ces deux Corps opposez, il y avoit plusieurs Dames, dont les mouches étoient fermées indifferemment de l’un & de l’autre côté du visage, & qui sembloient n’avoir aucun autre dessein que celui de voir l’Opéra. Je trouvai au bout du compte que les Amazones placées à ma droite, étoient du parti des Whigs ; que celles, qu’il y avoit à ma gauche, appuïoient la cause des Torys ; & que les autres, qui occupoient les Loges du milieu, observoient la Neutralité, puisque leurs visages ne s’étoient pas déclarez. Cependant je m’aperçus dans la suite que le nombre de ces dernieres diminuoit, & qu’elles se joignoient à l’un ou â l’autre des deux Partis ; en sorte que leurs mouches, qui étoient d’abord également dispersées, ne sont aujourd’hui que sur le côté Whig ou Tory du visage. Les méchantes Langues disent, que les Hommes, dont les Belles prétendent gagner les coeurs, sont d’ordinaire la cause qu’un côté de leur visage est ainsi deshonoré, & souffre une espece de disgrace, pendant que l’autre est l’unique objet de tous leurs soins : Elles ajoûtent même que les mouches tournent à la droite ou à la gauche, suivant les principes de l’Homme qui est le plus en faveur. Mais quelques motifs que puissent avoir un petit nombre de Coquettes bizarres, qui ne s’ornent pas tant de mouches pour le Bien public que pour leur avantage particulier, il est certain qu’il y a plusieurs Femmes d’honneur qui en mettent dans la seule vûë de se déclarer pour les intérêts de leur Patrie. Ce n’est pas tout, quelques-unes, à ce que j’ai ouï dire, sont si attachées à leur Parti, & si éloignées de sacrifier leur zèle pour le Public à leur passion pour aucun Homme, qu’en dernier lieu, dans une Minute de Contract de Mariage, une Dame a stipulé de son Promis, « qu’elle seroit en pleine liberté de mettre ses mouches du côté qu’il lui plaira, sans qu’il s’en puisse formaliser, quelques idées qu’il ait à cet égard. »

Je ne dois pas oublier ici, que Ce mot tiré de l’Italien signifie une belle Rose.Rosalinda, célèbre Partisane des Whigs, est assez malheureuse pour avoir, sur le coté Tory de son front, un très-joli Signe, fort remarquable, qui a donné souvent occasion à de lourdes bévuës, & fourni matiere à ses Ennemis de la calomnier, comme si elle avoit trahi les intérêts des Whigs. Mais quoi que cette mouche naturelle puisse désigner, tout le monde est convaincu que ses principes sur le Gouvernement sont toûjours les mêmes. Cela n’empêche pas que ce malheureux Signe n’ait trompé bon nombre de sots, & qu’il n’en ait engagé quelques-uns, seduits, pour ainsi dire, par ce faux Pavillon, à raisonner avec elle sur ce qu’ils croïoient l’Esprit de son Parti, lorsque tout d’un coup elle est venue à lâcher une bordée de son Artillerie, & les a coulez à fond. Du reste, si Rosalina est infortunée à l’égard de son signe, Ce mot tiré du Latin signifie une Vieille noire.Nigranilla est aussi malheureuse à cause d’un bouton, qui l’oblige, malgré qu’elle en ait, de mettre une mouche sur le côté Whig.

J’ai ouï dire que plusieurs Matrones vertueuses, qui croïoient autrefois que cette maniere artificielle de se tacheter le visage étoit illégitime, l’approuvent aujourd’hui, & que, par un principe de zèle pour leur Cause, elles suivent une Mode, que le soin de leur Beauté n’avoit jamais pû leur imposer. Une si plaisante Déclaration de guerre, entre les Dames, me fait souvenir ce que Stace nous dit de la Tigresse, dans les paroles que j’ai mises à la tête de ce Discours.

Mais pour revenir à ce soir que j’étois à l’Opera, je voulus compter les mouches qu’il y avoit de part & d’autre, & je trouvai que les mouches des Visages Torys l’emportoient d’une vingtaine sur celles des Whigs. Il est vrai que le lendemain matin je ne vis presque aux Marionettes que des Visages mouchetez à la manière de ces derniers ; ce qui servoit d’ample compensation pour une si petite difference. D’ailleurs, je ne sai point si les Dames s’y etoient retirées pour rallier leurs forces ; mais dès le soir même elles se rendirent à l’Opéra en si grande foule, qu’elles remporterent de beaucoup sur leurs Ennemies.

Quoi qu’il en soit, j’apréhende que cette Relation des mouches qui servent à distinguer les Partis ne paroisse incroïable à ceux qui vivent loin du beau monde ; mais à cause de cela même qu’elle est fort singuliere, & qu’on n’en verra peut-être jamais un Exemple, j’aurois cru de manquer au devoir d’un fidèle Spectateur, si je ne l’avois donnée ici tout du long.

J’ai déja tâché de faire voir dans quelques-uns de mes Discours, le ridicule de cette rage de Parti qui obséde les Femmes, en ce qu’elle ne sert qu’à redoubler la haine & les animositez qui regnent entre les Hommes, & qu’à dépouiller, en grande partie, le beau Sexe de ces divins charmes que la Nature lui a prodiguez.

Lorsque les Romains & les Sabins étoient en guerre les uns avec les autres, & sur le point d’en venir à une Bataille, leurs Femmes se mirent entre les deux Armées, & les suplierent, avec tant de larmes, d’avoir compassion de leur état, qu’elles prévinrent le carnage qui menaçoit les deux Partis, & les réünirent ensemble par une bonne & solide Paix.

C’est un glorieux Exemple que je voudrois recommander à nos Brétonnes, dans un tems que leur Patrie est déchirée par de si cruelles Factions, qu’on s’estimera mal-heureux, si elles continuent, d’y avoir pris naissance. Les Grecs jugeoient si bien que les Femmes ne devoient se mêler d’aucune dispute, soit à l’égard du Public ou des Particuliers, que ce fut pour cette raison, entre autres, qu’ils leur défendirent, sous peine de la vie, d’assister aux Jeux Olympiques, quoique ce fussent les Divertissemens publics de toute la Gréce.

D’ailleurs, puisque nos Angloises surpassent les Femmes de toutes les autres Nations en Beauté, elles devroient aussi tâcher de les vaincre dans toutes les bonnes qualitez propres à leur Sexe ; & de se distinguer par la tendresse envers leurs Enfans & la fidelité envers leurs Maris, plutôt que par un zèle furieux de Parti. Les Vertus des Femmes sont pour le Domestique, où elles trouveront toujoûrs de quoi s’exercer sans franchir leurs bornes. Mais si elles ont envie de témoigner leur zèle pour le Public, que ce soit plutôt contre les Ennemis déclarez de leur Religion, de leur Liberté & de leur Patrie, que contre leurs Amis & leurs Alliez, ou du moins les Membres du même Corps & de la même Eglise. Dans un cas extraordinaire, où les Romains étoient pressez par un Ennemi étranger, les Dames fournirent volontairement toutes leurs Bagues & leurs Joïaux pour assister le public ; Action, qui parut si louable aux yeux du Senat, qu’il ordonna d’abord qu’on prononceroit à l’avenir des Oraisons funébres à l’honneur des Fem-mes ; ce qui avoit été jusques là un Privilège attaché aux Hommes. Si nos Dames Angloises, au lieu de se distinguer les unes des autres par la différente situation de leurs mouches, avoient à cœur l’intérêt du Public jusqu’à sacrifier leurs Coliers de perles pour abattre l’Ennemi commun, quels Actes ne devroit-on pas enregistrer en leur faveur ?

Puisque mon Sujet me rapelle quelques passages des Anciens à cet égard, je raporterai un Endroit mémorable qui se trouve dans l’Oraison funèbre que Periclés prononça, à l’honneur de ces braves Athéniens qui s’étoient signalez dans une Bataille contre les Spartiates. Après avoir harangué ses Auditeurs de tous les Ordres, & leur avoit dit de quelle maniere ils en devoient agir pour la Cause publique, il se tourna vers les Femmes, & leur donna cet avis : « Pour ce qui vous regarde ajoûta-t-il, voici quel est mon conseil en peu de mots : N’aspirez qu’à ces Vertus qui sont particulieres à votre Sexe ; suivez la Modestie qui vous est naturelle & croïez que le plus grand Eloge, que vous puissiez obtenir, est qu’on ne dise rien de vous, ni en bien ni en mal. »

C.

LXIV. Discours Qualis ubi audito venantum murmure TigrisHorruit in maculas. Stat. C’est-à-dire, Elles ressemblent à une Tigresse, qui, à l’ouïe du bruit que font les Chaffeurs, frémit de rage, & dont la peau se couvre de nouvelles taches. L’Hiver dernier j’allai voir un Opera qu’on jouoit sur le Théâtre du Marché au Foin, où je ne pûs éviter de prendre garde à deux Partis de très-belles Dames, placées dans les Loges des deux côtez, à l’opposite les unes des autres, & qui sembloient rangées en bataille pour en venir aux mains. Après les avoir un peu observées, je m’aperçus qu’elles differeroient dans la situation de leurs mouches ; puisque les unes les avoient au côté droit, & les autres au côté gauche du front. Je remarquai d’ailleurs qu’elles se lançoient des regards menaçans, & que leurs mouches étoient un Signal, qui servoit à distinguer les Partis, les Amies des Ennemies. Dans les Loges du milieu, entre ces deux Corps opposez, il y avoit plusieurs Dames, dont les mouches étoient fermées indifferemment de l’un & de l’autre côté du visage, & qui sembloient n’avoir aucun autre dessein que celui de voir l’Opéra. Je trouvai au bout du compte que les Amazones placées à ma droite, étoient du parti des Whigs ; que celles, qu’il y avoit à ma gauche, appuïoient la cause des Torys ; & que les autres, qui occupoient les Loges du milieu, observoient la Neutralité, puisque leurs visages ne s’étoient pas déclarez. Cependant je m’aperçus dans la suite que le nombre de ces dernieres diminuoit, & qu’elles se joignoient à l’un ou â l’autre des deux Partis ; en sorte que leurs mouches, qui étoient d’abord également dispersées, ne sont aujourd’hui que sur le côté Whig ou Tory du visage. Les méchantes Langues disent, que les Hommes, dont les Belles prétendent gagner les coeurs, sont d’ordinaire la cause qu’un côté de leur visage est ainsi deshonoré, & souffre une espece de disgrace, pendant que l’autre est l’unique objet de tous leurs soins : Elles ajoûtent même que les mouches tournent à la droite ou à la gauche, suivant les principes de l’Homme qui est le plus en faveur. Mais quelques motifs que puissent avoir un petit nombre de Coquettes bizarres, qui ne s’ornent pas tant de mouches pour le Bien public que pour leur avantage particulier, il est certain qu’il y a plusieurs Femmes d’honneur qui en mettent dans la seule vûë de se déclarer pour les intérêts de leur Patrie. Ce n’est pas tout, quelques-unes, à ce que j’ai ouï dire, sont si attachées à leur Parti, & si éloignées de sacrifier leur zèle pour le Public à leur passion pour aucun Homme, qu’en dernier lieu, dans une Minute de Contract de Mariage, une Dame a stipulé de son Promis, « qu’elle seroit en pleine liberté de mettre ses mouches du côté qu’il lui plaira, sans qu’il s’en puisse formaliser, quelques idées qu’il ait à cet égard. » Je ne dois pas oublier ici, que Ce mot tiré de l’Italien signifie une belle Rose.Rosalinda, célèbre Partisane des Whigs, est assez malheureuse pour avoir, sur le coté Tory de son front, un très-joli Signe, fort remarquable, qui a donné souvent occasion à de lourdes bévuës, & fourni matiere à ses Ennemis de la calomnier, comme si elle avoit trahi les intérêts des Whigs. Mais quoi que cette mouche naturelle puisse désigner, tout le monde est convaincu que ses principes sur le Gouvernement sont toûjours les mêmes. Cela n’empêche pas que ce malheureux Signe n’ait trompé bon nombre de sots, & qu’il n’en ait engagé quelques-uns, seduits, pour ainsi dire, par ce faux Pavillon, à raisonner avec elle sur ce qu’ils croïoient l’Esprit de son Parti, lorsque tout d’un coup elle est venue à lâcher une bordée de son Artillerie, & les a coulez à fond. Du reste, si Rosalina est infortunée à l’égard de son signe, Ce mot tiré du Latin signifie une Vieille noire.Nigranilla est aussi malheureuse à cause d’un bouton, qui l’oblige, malgré qu’elle en ait, de mettre une mouche sur le côté Whig. J’ai ouï dire que plusieurs Matrones vertueuses, qui croïoient autrefois que cette maniere artificielle de se tacheter le visage étoit illégitime, l’approuvent aujourd’hui, & que, par un principe de zèle pour leur Cause, elles suivent une Mode, que le soin de leur Beauté n’avoit jamais pû leur imposer. Une si plaisante Déclaration de guerre, entre les Dames, me fait souvenir ce que Stace nous dit de la Tigresse, dans les paroles que j’ai mises à la tête de ce Discours. Mais pour revenir à ce soir que j’étois à l’Opera, je voulus compter les mouches qu’il y avoit de part & d’autre, & je trouvai que les mouches des Visages Torys l’emportoient d’une vingtaine sur celles des Whigs. Il est vrai que le lendemain matin je ne vis presque aux Marionettes que des Visages mouchetez à la manière de ces derniers ; ce qui servoit d’ample compensation pour une si petite difference. D’ailleurs, je ne sai point si les Dames s’y etoient retirées pour rallier leurs forces ; mais dès le soir même elles se rendirent à l’Opéra en si grande foule, qu’elles remporterent de beaucoup sur leurs Ennemies. Quoi qu’il en soit, j’apréhende que cette Relation des mouches qui servent à distinguer les Partis ne paroisse incroïable à ceux qui vivent loin du beau monde ; mais à cause de cela même qu’elle est fort singuliere, & qu’on n’en verra peut-être jamais un Exemple, j’aurois cru de manquer au devoir d’un fidèle Spectateur, si je ne l’avois donnée ici tout du long. J’ai déja tâché de faire voir dans quelques-uns de mes Discours, le ridicule de cette rage de Parti qui obséde les Femmes, en ce qu’elle ne sert qu’à redoubler la haine & les animositez qui regnent entre les Hommes, & qu’à dépouiller, en grande partie, le beau Sexe de ces divins charmes que la Nature lui a prodiguez. Lorsque les Romains & les Sabins étoient en guerre les uns avec les autres, & sur le point d’en venir à une Bataille, leurs Femmes se mirent entre les deux Armées, & les suplierent, avec tant de larmes, d’avoir compassion de leur état, qu’elles prévinrent le carnage qui menaçoit les deux Partis, & les réünirent ensemble par une bonne & solide Paix. C’est un glorieux Exemple que je voudrois recommander à nos Brétonnes, dans un tems que leur Patrie est déchirée par de si cruelles Factions, qu’on s’estimera mal-heureux, si elles continuent, d’y avoir pris naissance. Les Grecs jugeoient si bien que les Femmes ne devoient se mêler d’aucune dispute, soit à l’égard du Public ou des Particuliers, que ce fut pour cette raison, entre autres, qu’ils leur défendirent, sous peine de la vie, d’assister aux Jeux Olympiques, quoique ce fussent les Divertissemens publics de toute la Gréce. D’ailleurs, puisque nos Angloises surpassent les Femmes de toutes les autres Nations en Beauté, elles devroient aussi tâcher de les vaincre dans toutes les bonnes qualitez propres à leur Sexe ; & de se distinguer par la tendresse envers leurs Enfans & la fidelité envers leurs Maris, plutôt que par un zèle furieux de Parti. Les Vertus des Femmes sont pour le Domestique, où elles trouveront toujoûrs de quoi s’exercer sans franchir leurs bornes. Mais si elles ont envie de témoigner leur zèle pour le Public, que ce soit plutôt contre les Ennemis déclarez de leur Religion, de leur Liberté & de leur Patrie, que contre leurs Amis & leurs Alliez, ou du moins les Membres du même Corps & de la même Eglise. Dans un cas extraordinaire, où les Romains étoient pressez par un Ennemi étranger, les Dames fournirent volontairement toutes leurs Bagues & leurs Joïaux pour assister le public ; Action, qui parut si louable aux yeux du Senat, qu’il ordonna d’abord qu’on prononceroit à l’avenir des Oraisons funébres à l’honneur des Fem-mes ; ce qui avoit été jusques là un Privilège attaché aux Hommes. Si nos Dames Angloises, au lieu de se distinguer les unes des autres par la différente situation de leurs mouches, avoient à cœur l’intérêt du Public jusqu’à sacrifier leurs Coliers de perles pour abattre l’Ennemi commun, quels Actes ne devroit-on pas enregistrer en leur faveur ? Puisque mon Sujet me rapelle quelques passages des Anciens à cet égard, je raporterai un Endroit mémorable qui se trouve dans l’Oraison funèbre que Periclés prononça, à l’honneur de ces braves Athéniens qui s’étoient signalez dans une Bataille contre les Spartiates. Après avoir harangué ses Auditeurs de tous les Ordres, & leur avoit dit de quelle maniere ils en devoient agir pour la Cause publique, il se tourna vers les Femmes, & leur donna cet avis : « Pour ce qui vous regarde ajoûta-t-il, voici quel est mon conseil en peu de mots : N’aspirez qu’à ces Vertus qui sont particulieres à votre Sexe ; suivez la Modestie qui vous est naturelle & croïez que le plus grand Eloge, que vous puissiez obtenir, est qu’on ne dise rien de vous, ni en bien ni en mal. » C.